Barbara
Schlick,
soprano
Claudia
Schubert, alto
Wilfred
Jochens, ténor
Stephan
Schreckenberger,
basse
Rheinische
Kantorei
Das
Klein Konzert
Hermann
Max, direction
Capriccio: C5083
C’est
un généreux programme de quatre cantates réparties sur deux
disques qui nous est proposé ici par Capriccio. Il faut noter qu’il
s’agit d’une réédition. La production originale est parue au
début des années 90. Heureusement, l’enregistrement n’a pas
pris une seule ride!
Le fils
ainé du grand JSB ne manquait pas de talent. Seulement d’amabilité
dans ses rapports humains! On l’a souvent dépeint comme
insubordonné (ce qui peut attirer la sympathie quand on connaît le
caractère capricieux de certains princes de l’époque!), mais on
sait aussi qu’il faisait preuve d’intransigeance dans son refus
de prendre des élèves, ce qui l’amena à vivre des dernières
années plutôt difficiles.
Mais peu
importe les à-côtés finalement bien triviaux, la musique de WF
Bach témoigne d’un talent et d’un savoir impeccable qui devait
certainement faire la fierté du père. On sent chez ce Bach des
racines polyphoniques rigoureuses (évidemment!), mais aussi une
connaissance et un début d’assimilation du nouveau style galant
naissant.
Les deux
cantates du premier disque ont été composées pour l’Avent
(Lasset uns ablegen die
werke der Finsternis) et
pour la Saint-Jean-Baptiste (Es
ist eine Stimme eines Predigers in der Wüste).
La
première, qui se traduit grossièrement par « Rejetons
les œuvres des Ténèbres »,
comprend quelques passages particulièrement beaux, comme un chœur
d’ouverture marquant avec ses trompettes scintillantes ainsi que
deux arias sensibles et touchants. La structure générale de l’œuvre
(comme celle de toutes les autres sur cet enregistrement) est
résolument calquée sur le modèle du père.
La
deuxième, « La voix
de celui qui criait dans le désert »,
s’amorce elle aussi avec un chœur étincelant, supporté par une
trompette vigoureuse. L’aria de la soprano bénéficie d’un
accompagnement d’orgue qui dut paraître surprenant pour les
oreilles les plus conservatrices de l’époque : les lignes
d’arabesques de l’instrument sont plus osées que chez papa. Le
style galant est clairement en train de pointer son nez ici!
Le
deuxième disque comprend deux autres cantates, soit Dies
ist der Tag (C’est le jour!)
et Erzittert und fallet
(Tremblez et tombez), la
première donnée le dimanche de la Pentecôte et l’autre lors du
dimanche de Pâques.
Dies
ist der Tag débute sur une
sinfonia empreinte de légèreté. Les deux arias sont réservés
cette fois aux voix masculines, un au ténor et l’autre à la
basse. Malgré le caractère symbolique positif de la fête de la
Pentecôte, cette cantate de WF est réservée et ne fait pas montre
d’une virtuosité éclatante ni d’une orchestration
spectaculaire. Sa facture économe fait agréablement contraste avec
les autres.
Erzittert
und fallet reprend là où
le premier disque se terminait, soit avec une orchestration
brillante, des chœurs agiles et imposants, des arias
impressionnants, même dans leur douceur. Le premier, celui du ténor,
est un dialogue pastoral entre le soliste et deux flûtes légères
et un brin gaillardes. Le deuxième est un duo entre la soprano et le
baryton où le hautbois sert d’entremetteur habile. Les lignes
ondoyantes des trois voix (deux chantées et une instrumentale) sont
tout à fait superbes. Le dernier aria est une pièce plus fougueuse
pour la soprano, qui répète « Rugissez,
flots et éclairs tonitruants! »
avec beaucoup d’aplomb.
Les voix
sont très belles, et de niveau supérieur. Barbara Schlick se révèle
ici l’artiste accomplie qu’elle deviendra plus tard (n’oublions
pas que cet enregistrement date de 1991!), et la basse
Schreckenberger m’a particulièrement plu grâce à son agilité et
sa puissance affective.
Magnifique.
Frédéric
Cardin
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