Hille
Perl & The Sirius Viols
Bremer
Lautten Chor
Johann
Rosenmüller Ensemble
Bassus
continuus
Knabenchor
Hannover
Jörg
Breiding,
direction
Rondeau: ROP7027
Micheal
Praetorius (1571?-1621) était un compositeur issu de la tradition
luthérienne, mais suffisamment curieux pour être bien informé des
innovations musicales de son temps, en particulier celles venant
d’Italie, et de Venise pour être plus précis. Il fut impressionné
par les expériences spatio-musicales de Gabrieli qui plaçait
plusieurs chœurs répartis à divers emplacements dans l’église
afin de générer une expérience sonore carrément spectaculaire
pour l’époque. De ce fait, il peut être considéré comme l’un
des premiers compositeurs à insuffler une dose aussi importante
d’émotion dans la musique sacrée du « jeune »
protestantisme.
Sa
musique pour chœur et orchestre, méconnue en comparaison des
quelques pièces de Noël et autres arrangements des danses anciennes
qui nous sont parvenues, est une sorte d’heureux hybride entre la
linéarité de l’expression musicale luthérienne et l’ampleur
presque kaléidoscopique de l’avant-garde italienne.
La
structure du disque est organisée en fonction du déroulement
habituel d’un service des vêpres de l’époque. La séquence
présentée ici est en fait une savante reconstruction selon les
estimations les plus érudites qui nous permettent d’évaluer
approximativement ce que Praetorius, alors kapellmeister, aurait pu
interpréter lors de cette cérémonie importante dans l’ordre
liturgique.
Jörg
Breiding est le maître d’œuvre de cette reconstruction, et il
alterne intelligemment motets et concertos choraux dans une
architecture musicale et conceptuelle grandement efficace. Bien sûr,
la musique de Praetorius est absolument glorieuse. Le mariage de la
simplicité communicatrice des chorals luthériens avec la brillance
imposante et monumentale de la technique du cori spezzati vénitien
(la division des chœurs, et des voix en général) est
indéniablement réussi. On est convaincu de l’extrême valeur de
cette musique divine dès les premières notes.
Ce qui
ajoute à l’intérêt, bien entendu, c’est la qualité de
l’interprétation. Les chœurs ont une belle cohésion sonore, et
les jeunes solistes (plusieurs chœurs de garçons sont présents),
bien que légèrement imprécis tel que c’est souvent le cas avec
ce type de voix, s’acquitte sérieusement de leur tâche. On dirait
même que leur légère fragilité contribue à rendre cette
reconstitution touchante : on se croirait vraiment à la Cour de
saxe au tournant du 17e
siècle.
La prise
de son généreuse contribue elle aussi à ce sentiment de réalisme
historique alors que les lumières réfractées par les vitraux
semblent surgir des consoles de son.
Une
magnifique production.
Frédéric
Cardin
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