Francesco
Mancini (1672-1737):
12 concertos pour
flûte à bec (1725)
Corina Marti,
flûte à bec
Capella Tiberina
Interprétation
avec instruments d’époque
Brilliant Classics
94324
Durée : CD
I : 59 min. 04 CD II : 59 min. 36
Enregistré en
2011
Quelle ironie du
sort ! Le compositeur napolitain Francesco Mancini était de son
vivant un compositeur d’opéras proéminent; il a composé plus de
200 cantates et environ 40 œuvres pour la scène. Mais aujourd’hui,
c’est par cet enregistrement de ses concertos pour flûte à bec
que nous le découvrons. Et de belle façon car la prestation de
Corina Marti comme soliste fait briller de tous ses éclats une
musique ensoleillée qui plaît instantanément, sans doute parce
qu’elle nous rappelle celle de Vivaldi.
Pourtant, le
modèle vivaldien ne s’est pas imposé à Naples au moment où
Mancini a composé cette série de concertos. La preuve en est que
Mancini adopta la forme à quatre ou cinq mouvements plutôt qu’à
trois (vif – lent –vif). L’auteur du livret, Alessandro
Lattanzi, pense même qu’il auraient été écrits dix ans avant
leur publication datée de 1725. Une des caractéristiques du style
appartenant à l’ancienne manière et adopté par Mancini consiste
dans la présence d’un mouvement fugué.
En examinant le
contenu du disque, la numérotation est intrigante. Comment se
fait-il que, pour une série de douze concertos, il y en ait qui
portent les numéros 13, 14, 16, 17, 18, 19 et 20 ? Pourquoi les
numéros 2, 3, 4,7, 9, 11, 12 ne figurent pas ? L’explication en
est donnée dans le livret qui fait mention d’une anthologie ayant
rassemblé douze autres concertos d’auteurs variés. Les éditeurs
à cette époque avaient aucun scrupule à publier des collections
pêle-mêle.
Mais revenons à
ce qui est plus important. L’interprétation transmet toute la
verve rafraîchissante des mélodies, ce qui semble bien naturel pour
un compositeur expérimenté dans l’art vocal. La réponse de la
Capella Tiberina (cordes incluant contrebasse, théorbe, guitare
baroque et percussion) est dynamique, alerte, et prend place comme un
protagoniste qui donne la réplique avec assurance à la vedette
principale, particulièrement dans certaines mouvements finaux où le
clavecin se fait percutant avec accompagnement rythmique de guitare
(concertos nos. 5, 17, 19).
Corina Marti
maîtrise parfaitement les passages exigeant une motricité très
vive mais il ne s’agit pas globalement d’une musique de virtuose.
C’est plutôt une musique où domine l’expression d’une humeur
joyeuse à tel point que certaines fugues (en terme d’écriture non
pas d’interprétation) paraîtront d’un académisme convenu alors
qu’au contraire les mouvements très allant, voire dansant, apporte
un souffle solaire propre à chasser toute mélancolie. Certains
mouvements, sinon quelques concertos complets, sont à la portée
d’amateurs de flûte à bec comme bien d’autres œuvres du genre
de compositeurs italiens de la même époque. En moyenne, la durée
des mouvements oscille entre une minute et demie et deux minutes.
La prise de son
est tout à fait acceptable et pour le prix il n’y pas de raison de
se priver de toutes ces petites capsules de bonheur.
Guy Sauvé
Avril 2013
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