mardi 30 avril 2013

Francesco Mancini, Concertos pour flûte à bec.


Francesco Mancini (1672-1737):
12 concertos pour flûte à bec (1725)

Corina Marti, flûte à bec
Capella Tiberina
Interprétation avec instruments d’époque

Brilliant Classics 94324
Durée : CD I : 59 min. 04 CD II : 59 min. 36
Enregistré en 2011

Quelle ironie du sort ! Le compositeur napolitain Francesco Mancini était de son vivant un compositeur d’opéras proéminent; il a composé plus de 200 cantates et environ 40 œuvres pour la scène. Mais aujourd’hui, c’est par cet enregistrement de ses concertos pour flûte à bec que nous le découvrons. Et de belle façon car la prestation de Corina Marti comme soliste fait briller de tous ses éclats une musique ensoleillée qui plaît instantanément, sans doute parce qu’elle nous rappelle celle de Vivaldi.

Pourtant, le modèle vivaldien ne s’est pas imposé à Naples au moment où Mancini a composé cette série de concertos. La preuve en est que Mancini adopta la forme à quatre ou cinq mouvements plutôt qu’à trois (vif – lent –vif). L’auteur du livret, Alessandro Lattanzi, pense même qu’il auraient été écrits dix ans avant leur publication datée de 1725. Une des caractéristiques du style appartenant à l’ancienne manière et adopté par Mancini consiste dans la présence d’un mouvement fugué.

En examinant le contenu du disque, la numérotation est intrigante. Comment se fait-il que, pour une série de douze concertos, il y en ait qui portent les numéros 13, 14, 16, 17, 18, 19 et 20 ? Pourquoi les numéros 2, 3, 4,7, 9, 11, 12 ne figurent pas ? L’explication en est donnée dans le livret qui fait mention d’une anthologie ayant rassemblé douze autres concertos d’auteurs variés. Les éditeurs à cette époque avaient aucun scrupule à publier des collections pêle-mêle.

Mais revenons à ce qui est plus important. L’interprétation transmet toute la verve rafraîchissante des mélodies, ce qui semble bien naturel pour un compositeur expérimenté dans l’art vocal. La réponse de la Capella Tiberina (cordes incluant contrebasse, théorbe, guitare baroque et percussion) est dynamique, alerte, et prend place comme un protagoniste qui donne la réplique avec assurance à la vedette principale, particulièrement dans certaines mouvements finaux où le clavecin se fait percutant avec accompagnement rythmique de guitare (concertos nos. 5, 17, 19).

Corina Marti maîtrise parfaitement les passages exigeant une motricité très vive mais il ne s’agit pas globalement d’une musique de virtuose. C’est plutôt une musique où domine l’expression d’une humeur joyeuse à tel point que certaines fugues (en terme d’écriture non pas d’interprétation) paraîtront d’un académisme convenu alors qu’au contraire les mouvements très allant, voire dansant, apporte un souffle solaire propre à chasser toute mélancolie. Certains mouvements, sinon quelques concertos complets, sont à la portée d’amateurs de flûte à bec comme bien d’autres œuvres du genre de compositeurs italiens de la même époque. En moyenne, la durée des mouvements oscille entre une minute et demie et deux minutes.

La prise de son est tout à fait acceptable et pour le prix il n’y pas de raison de se priver de toutes ces petites capsules de bonheur.

Guy Sauvé
Avril 2013









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