Pfitzner :
Von Deutscher Seele
Solveig
Kringelborn, soprano
Nathalie
Stutzmann, mezzo-soprano
Christopher
Ventris, tenor
Robert
Holl, basse
Rundfunkchor
Berlin
Deutsches
Symphonie-orchester Berlin
Ingo
Metzmacher, direction
Capriccio: C5092
La
musique de Hans Pfitzner demeure dans l’oubli de nos jours.
Probablement
à cause de ses opinions pro-nazies lors de la 2e guerre mondiale
(qui ne l’empêchèrent pas de sauver des amis juifs!), plus qu’en
raison de sa musique, somptueusement romantique et magnifiquement
écrite.
La
grande tradition romantique allemande imprègne totalement l’œuvre
de Pfitzner. L’immense talent d’orchestrateur du compositeur
vient compléter cet univers sonore opulent, magnifique, parfois
grandiose et parfois aussi pastoralement intimiste. Imaginez
Schumann, Humperdinck, Wagner et un tout petit peu de Mahler, tout ça
habilement marié et tenu par un sens de la mélodie souvent
mémorable.
Von
Deutscher Seele
(De
l’Âme allemande)
se divise en deux sections, L’Homme
et la Nature
puis Vivre
et Chanter.
La musique est ravissante, magnifiquement orchestrée et se permet
des références manifestes à Bach, Debussy et Delius. Certains
interludes instrumentaux sont oniriques, d’autres plus picturaux.
Mais on appréciera l’écriture pour les voix, axée sur la beauté
de la ligne et la puissance expressive des chœurs.
Plusieurs
enregistrements existent, mais la plupart datent des années 50. Un
autre, paru à la fin des années 90 sur Arte Nova, avait actualisé
la lecture de cette œuvre méconnue. Mais je crois bien que cette
version Capriccio fait désormais figure de référence.
Les
solistes sont de très haut niveau, particulièrement Nathalie
Stutzmann, impériale.
L’orchestre
et le chœur de Berlin offre tout le panorama grandiose voulu par le
compositeur, tout en exécutant avec grâce les épisodes fragiles et
délicats. Metzmacher dirige le tout avec passablement de conviction.
Pfitzner
demeure maintenu dans une obscurité injuste. Injuste en raison de la
qualité de sa musique. La répugnance de ses opinions politiques
devraient laisser place au plaisir sensoriel de ses partitions
luxuriantes. Écouter et apprécier cette musique, ce n’est pas un
acte de complicité idéologique. C’est une affirmation de la
capacité de l’homme, même le plus mal avisé, à tout de même
pouvoir créer de la beauté. C’est un espoir.
Frédéric
Cardin
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