Jörg
Waschinski, contreténor
Thomas
Bloch, harmonica de verre, claviers, cloches de cristal, telephone
d’eau (?), cloches, ondes Martenot
Jacques
Dupriez, alto
David
Coulter, scie musicale
Orchestre
philharmonique Paderewski
Fernand
Quattrocchi, direction
Naxos: 8572489.
Thomas
Bloch (né en 1962) est avant tout un multi-instrumentiste qui se
spécialise dans la manipulation d’instruments inusités, dans
certains cas de simples objets transformés et utilisés pour leur
seule qualité timbrale.
La Missa
Cantate date de 1999 et se base sur le texte de la messe latine,
auquel le compositeur ajouta quelques suppléments de son choix.
L’orchestration est léchée, assez opulente par endroits et trahit
les références cinématiques de l’orchestrateur, un certain
Hubert Bougis. On se demande incidemment pourquoi Bloch n’a pas
signé lui-même l’orchestration de l’œuvre, alors qu’il le
fait pour les autres (bien que celles-ci soient de facture beaucoup
plus économe).
La
sonorité d’ensemble de cette messe moderne rappelle la 3e
symphonie de Gorecki. Bloch offre beaucoup d’espace au contreténor
Jörg Waschinski. Celui-ci possède un instrument surprenant, très
cristallin. Le résultat est franchement plutôt beau, même touchant
par endroit.
Les
autres œuvres au programme font appel à des instruments rares et
inusités, nommés plus haut, et créent des sonorités
rafraîchissantes. Le contraste avec la Missa
est plutôt frappant car cette dernière possède une qualité
panoramique, de par l’ampleur de ses textures, les cordes très
riches surtout, alors que les courtes pièces suivantes sont plus
dépouillées. Les connotations inévitablement exotiques de ces
« bébelles » donnent une sonorité d’ensemble
agréablement dépaysante aux pièces. Mais on aurait peut-être aimé
sentir une utilisation plus savante et conceptuelle de ces couleurs
uniques.
Les
musiciens sont assez bons. Waschinski, en particulier. Bloch est
lui-même instrumentiste sur plusieurs pieces. Mais comment juger de
sa qualité d’interprète sur le « waterphone »?! Je
m’en remettrai à mon intuition et vous dirai que puisqu’il est
probablement le seul au monde à en jouer, il doit être le meilleur!
J’apprécie
ce genre d’exploration et d’audace en musique contemporaine. Mais
je suis souvent déçu soit par l’académisme du traitement ou par
la facilité des résultats. Ni l’un ni l’autre ici. Pas de
révélations sensationnelles, mais au prix Naxos, des écoutes
intrigantes à faire!
Frédéric
Cardin
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