«Chaque artiste crée ses précurseurs. Son travail modifie notre conception du passé autant que celle du futur». Jorge Luis Borges

dimanche 1 avril 2012

Pasquini : Passion Cantatas, chez Brilliant.


Sharon Rostorf-Zamir, soprano
Furio Zanasi, baryton
Capella Tiberina
Giovanni Caruso, direction
Brilliant Classics: BRI94225

C’est la première fois que j’entre en contact avec la musique de Bernardo Pasquini (1637-1710). Ce compositeur installé à Rome fut associé toute sa vie à la cour de Giovanni Battista Borghese.

Les deux cantates présentées sur ce disque ont probablement dû être données lors des célébrations pascales à la chapelle Borghese.

La première, Hor ch’il Ciel fra densi horrori, est un commentaire critique sur l’indifférence de l’homme face aux souffrances du Christ, alors que la Terre, la Mer, l’Air, la Lune et le Soleil partagent ses douleurs. La deuxième, Padre, Signore e Dio, apporte une lumière plus positive sur le drame de Pâques en présentant un Christ triomphant sur la mort.

La musique de Pasquini est teintée de références modales, signe d’un certain conservatisme du compositeur, mais sans négliger les couleurs nouvelles en plein épanouissement ailleurs dans le monde musical de l’époque.

L’alternance air-récitatif est assez systématique. Certains airs ont par contre une durée très courte. Ils sont moins longs que le récitatif accompagnateur! La plume mélodique de Pasquini n’est pas sans intérêt. Quelques moments se détachent, tel ce Miei pallori dans la première des deux cantates, ou ce duo presque sensuel Se in dono la fede dans la deuxième cantate au programme.

Comme il se doit, Hor ch’il Ciel fra densi horrori, est une œuvre relativement retenue dans son déploiement de prouesses vocales, alors que Padre, Signore e Dio est plus festif et « italien » de caractère.

Malgré la joliesse de la musique, force est de constater que nous ne sommes pas en face d’une redécouverte majeure pour l’histoire de la musique.

Les voix sont tout à fait adéquates. J’ai bien aimé la rondeur agréable des graves du baryton, Furio (!) Zanasi.

On ne crie pas au génie ici, mais on est tout de même heureux de voir la maison Brilliant investir dans des productions autonomes qui vont à l’encontre des sentiers battus habituels. La prise de son est assez rapprochée, mais pas aride ni aigre.

Frédéric Cardin

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