«Chaque artiste crée ses précurseurs. Son travail modifie notre conception du passé autant que celle du futur». Jorge Luis Borges

dimanche 22 mars 2015

Pourquoi devrait-on faire un disque?


Cette question serait la première  que tout artiste devrait se poser avant de s'embarquer dans une aventure discographique.
Et la toute première réponse serait. parce que je veux dire quelque chose de différent, et  qui ne s'est jamais dit.
C'est le cas dans cet enregistrement du pianiste David Fray. Il nous apporte une vision nouvelle d’œuvres déjà très connues et également très jouées dans le répertoire pianistique.
Malheureusement cette idée n'est pas la norme, et les raisons pour faire toutes sortes d'enregistrements sont variées et nuisent parfois au succès de l'entreprise.
L'idée dans ce disque, est de réunir des œuvres à deux et à quatre mains de Schubert, qui ont un caractère de fantaisie dans leur forme. Ceci n'est pas absolument nouveau dans l'histoire de la musique, mais Schubert donnera quelques lettres de noblesse, a certaines compositions, qui auraient pu être plus banales, mais qui, sous sa plume, atteignent le rang de chefs-d’œuvre.
L'interprétation de Fray, est tout à fait en concordance, avec ce qui a été écrit et dit. Son son est différent, disons nouveau. Il prend son temps, pour jouer, pour parler, bref pour dire quelque chose. Et pour l'auteur de cette chronique, c'est du nouveau dans le monde discographique actuel.
Il trouve en Jacques Rouvier le partenaire et complice idéal, en nous donnant une version rafraichissante de la très célèbre fantaisie en fa mineur. Et j'attire votre attention, sur la pièce Lebensstrürme qui clos ce disque, où toute la magie du génial compositeur permet de nous offrir une musique plus instable du point du vue harmonique, mais qui est une réussite mélodique et thématique hors pair.
Il ne nous reste qu'attendre son prochain disque, avec impatience, en souhaitant qu'il vienne jouer à Montréal le plus vite possible. 

David Fray, piano
Jacques Rouvrier, piano
Enregistrement, novembre 2014

Philippe Adelfang, mars 2015.

dimanche 15 mars 2015

Bach et ses contemporains, parlons de Bach un peu.


Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Violin Concertos
Fredik From, Peter Spissky, Bjarte Eike et Manfredo Kraemer violons solistes
Antoine Torunczyk, hautbois
Concerto Copenhagen
Lars Ulrik Mortensen, direction.
Enregistrement, 2011
CPO : 777904-2



Le disque de cette chronique regroupe les concertos que Bach écrivit pour violon et orchestre.
Qu'est ce qui fait que la musique de Bach soit universelle? Évidement sa qualité et sa profondeur. Mais il y aussi autre chose. La musique de Bach est devenu un repère, un patron pour les musiciens. Mettons qu'un élève se présente pour une audition n’importe où, il est sûr et certain qu'on va lui demander de jouer du Bach à un moment donné. Pourquoi? Simplement parce que c'est la façon la plus évidente de voir où ce musicien en est, dans son parcours artistique. Bach est devenu un test, qui permet de constater le degré de développement artistique. Quand j’étais au conservatoire, je suis allé écouter un concert du grand violoncelliste Rostropovich, dans un théâtre Colon qui était bondé. Moi évidement comme tout étudiant, j'étais début au dernier étage. Au concert il avait joué les variations Rococo de Tchaikovsky, mais après des minutes interminables d’applaudissements, il se décida à nous jouer son seul bis de la soirée, une passacaille de Bach. Il résuma, cette soirée là, dans cette unique et courte pièce, tout son art et son savoir faire musical. Et cela est possible parce que Bach est l'essence même de la musique. C'est pour cette raison que ces chroniques s'appellent « Bach et ses contemporains ». Sa musique est sans aucun doute l’âme de notre musique occidentale. Ce n'est pas le début, mais c'est la raison d'être que tout art doit, et devrait avoir, toujours et tout le temps.
Les versions du Concerto Copenhagen, sont d'une poésie merveilleuse. Leur musicalité et leur façon d'interpréter cette musique est absolument géniale. On sent que leurs jeux ont un soin et une minutie qui méritent notre éloge.

Philippe Adelfang, mars 2015.