«Chaque artiste crée ses précurseurs. Son travail modifie notre conception du passé autant que celle du futur». Jorge Luis Borges

mercredi 29 janvier 2014

Schubert Winterreise avec Jan Kobow




Dans ce nouvel enregistrement du Winterreise (Voyage d’hiver) de Schubert, le ténor allemand Jan Kobow propose de découvrir ces mélodies dans les tonalités que Schubert avait retenues à l’origine. Jan Kobow bénéficie également d’un accompagnement exécuté sur un piano à queue de facture viennoise qui remonterait aux années 1810. Le précieux instrument fut restauré avec soin quelque 200 ans plus tard par Ulrich Weymar à Hambourg. Jan Kobow considère « que cet instrument possède une tonalité claire et brillante, ce qui est parfois contraire aux coloris plus sombres auxquels nous sommes habitués lorsque l’on entend le cycleWinterreise. Mais cela est compensé par un diapason plus bas où le la se situe à 420 Hertz. » Jan Kobow et son accompagnateur, Christoph Hammer, ont voulu que l’instrument soit accordé selon un tempérament inégal flottant pour mieux faire ressortir les qualités de l’instrument historique provenant de l’atelier de Brodmann, au lieu d’utiliser un tempérament « égal » comme c’est habituellement le cas aujourd’hui.

Jan Kobow a un penchant particulier pour le lied, tout spécialement pour la chanson savante allemande de la période romantique. Il compte cinq enregistrements consacrés à des lieder. Il travaille avec des spécialistes du piano-forte tels que Kristian Bezuidenhout et Christoph Hammer.


Atma Classique: 2 2536

SCENES FROM THE GOSPELS - MOTETS FROM JOSQUIN TO PALESTRINA



L’ensemble VivaVoce est de retour avec un nouvel enregistrement de motets sur des textes évangéliques de compositeurs de la Renaissance. Ces motets ont été écrits entre les années 1500 et 1564, période couvrant les compositeurs dits de la « génération perdue » que sont Willaert, Jachet, Manchicourt et Gombert. Les pièces de ce disque évoquent divers événements de la vie de Jésus, depuis sa naissance jusqu’à sa crucifixion.

VivaVoce a été fondé à Montréal en 1998 par Peter Schubert. Gagnant de plusieurs prix, cet ensemble se spécialise dans l’interprétation de la musique classique de toutes les époques tout en développant le répertoire de la musique chorale canadienne, et ce, en commandant au moins une nouvelle oeuvre à chaque année.
Atma Classique: ACD2 2695


Beethoven Piano Sonatas vol.5 avec Christian Leotta





«Un discours clair et bien articulé, enrichi de nuances dynamiques et d'un rubato expressif : la carte d'identité de Ludwig van ne pourrait être plus identifiable dans ce 4e volume de l'intégrale du pianiste italien Christian Leotta. »
— Magazine PIZZICATTO, à propos du Volume 4

Le pianiste italien Christian Leotta nous revient avec le dernier volume de son intégrale consacrée aux sonates pour piano de Beethoven. Les quatre premiers volumes de la série comprenaient 25 sonates, parus entre 2008 et 2012, et lui ont valu l’éloge de la critique internationale ; il a été consacré comme « l’un des plus extraordinaires beethovéniens de notre temps » (Muzika21, Pologne), et on a souligné que ce cycle complet, une fois l’entreprise achevée, constituera « une contribution majeure parmi les enregistrements existants » (Fanfare, États-Unis).


Atma Classique: ACD2 2490

lundi 20 janvier 2014

Isaac Stern joue Tchaikovsky et Bartok chez Audite

P.I.Tchaikovsky, concerto pour violon en ré majeur op.35
B.Bartok, concerto pour violons n°2 Sz.112
Isaac Stern, violon
Orchestre du Festival Suisse de Lucerne
Direction, Ernest Ansermet
Enregistrements: Lucerne 1956 (Bartok) et 1958 (Tchaikovsky)
Label: Audite  95424
Quelle est l’utilité de toute cette pléiade d’enregistrements historiques que le marché discographique nous offre ces dernières années?
A mon avis c’est la possibilité de pouvoir, grâce à eux, rentrer dans un espèce de musée de la mémoire du son.
Regardons le disque qui occupe notre chronique d’aujourd’hui: Isaac Stern au violon, accompagné de l’orchestre du Festival de Lucerne sous la direction du mythique Ernest Ansermet.
Son grand intérêt réside dans la façon dont ces grands musiciens approchaient les œuvres classiques comme le concerto de Tchaikovsky.
Ce type d’enregistrement serait une sorte de mémoire d’une école d’interprétation, qui n’est pas celle de nos jours, mais qui nous permet, en les écoutant, de temps à autre, de garder  une certaine perspective sur nos artistes contemporains.
Bien que la qualité de l’enregistrement live de 1958 et 1956 n’est pas parfaite, la prise de son est assez généreuse pour traduire le violon magique de Stern. On peut écouter toute la dimension musicale et interprétative de ce grand artiste.
L’accompagnement de M. Ansermet est tout à fait à son honneur, précis, très musical, absolument juste, bref une très belle expérience, une mémoire du son.
Audite 95424
Philippe Adelfang

Claudio Abbado (1933-2014)

Claudio Abbado est mort.
Claudio Abbado représente pour moi la simplicité de la perfection. Puisqu’il était encore en activité, jusqu’à il y a très peu de temps, son décès marquera la fin d’un chapitre dans l’histoire de la musique, ce qu’on appelle: la fin d’une époque.
Ses derniers enregistrements étaient comme des adieux en séquences, toujours à travers la musique.
Quelle version garderai-je en mémoire ? Sans doute la 4è symphonie de Mahler qu’il dirigeât avec l’Orchestre du Festival de Lucerne, et Magdalena Kozena comme soliste en 2009. Pourquoi? Simplement parce qu’il a réussi à sublimer l’art dans toute sa profondeur. Il était non seulement un philosophe des sons, mais aussi un artisan des sentiments. Alors je garderai cette 4è de Mahler dans mon cœur, comme une des plus belles et intenses versions que je n’aie jamais écouté de ce chef d’oeuvre.
Merci maestro pour la musique.
Référence de l’enregistrement de cette chronique:
Euroarts: 2057984-Blu-ray, 2057988 DVD

Philippe Adelfang

lundi 13 janvier 2014

Le triomphe de la foi, Oratorio de Ferdinand Ries, chez CPO

Ferdinand Ries (1784-1838) Der Sieg Des Glaubens, oratorio op.137 (1829)
Christiane Libor, soprano
Wiebke Lehmkuhl, contralto
Markus Schäfer, ténor
Markus Flaig, basse
Rheinische Kantorei

Das Kleine Konzert, Herman Max dir.
Enrigestrement septembre 2009

CPO: 777738-2

Ries a été plutôt connu comme disciple et premier biographe de Beethoven, mais ces dernières années, sa musique connait une redécouverte tout à fait époustouflante. Les labels Naxos et CPO ont fait leur part, en enregistrant ses sonates, concertos et symphonies. Évidemment ce musicien allemand, natif de la ville de Bonn, avait un grand talent, non seulement comme pianiste et organisateur de concerts, mais aussi comme compositeur accompli. Bref un artiste moderne.
Der Sieg des Glaubens (Le triomphe de la foi) est un oratorio que Ries a composé en 1829 et dont le texte a été écrit par un poète, également de la ville de Bonn, nommé Johan Baptist Rousseau, éponyme de l’illustre homme de lettre français.  Le livret n’a pas une source biblique, il s’agit plutôt de réflexions contemplatives sur des aspects de la foi chrétienne.
Le succès de cette oeuvre au moment de sa création permit à Ries d’être considéré, dans ses dernières années, comme l’héritier naturel du maître de Bonn.
La musique est très riche en couleurs, et certains passages nous font penser aux futures œuvres deMendelssohn et Schumann. Les solistes sont de premier ordre, le chœur est aussi d’une très grande qualité, et l’orchestre Das Kleine Konzert, jouant avec des instruments d’époque, est d’une perfection magistrale. Le tout est sous la direction d’un expert et savant de la musique et du patrimoine musical allemand, Hermann Max, un excellent chef d’orchestre.
Ries, un compositeur à découvrir, si vous ne le connaissez pas déjà.
Philippe Adelfang

dimanche 5 janvier 2014

Trios de Dvorák et Smetana chez Supraphone

Antonin Dvorak (1841-1904)
Trio pour piano « Dumky »
Danse slave n°2 pour violon et piano
Danse slave n°8 pour violoncelle et piano
Danse slave n°3 pour violoncelle et piano
Bedrich Smetana (1824-1884)
Trio pour piano en sol mineur op.15
 Trio Dvorak:
Jan Fiser, violon
Tomas Jamnik, violoncelle
Ivo Kahanek, piano
Enregistrement juillet 2012
SU4144

Si jamais vous êtes à la recherche d’œuvres moins connues, des deux plus grands compositeurs tchèques, je vous recommande cette nouveauté du label Supraphon.

Le trio op.90 de Dvorák pour piano, violon et violoncelle, qui porte le nom de Dumky, est en réalité une série de pièces plutôt nostalgiques à caractère plus léger. Dvorak les composa en 1891 à l’intention de les jouer avec deux autres professeurs du conservatoire de Prague dans une espèce de tournée d’adieu au pays, avant son départ pour l’Amérique. La musique est sans  prétention, très raffinée et avec une saveur folklorique slave tout à fait charmante.
Les trois arrangements des danses slaves n°2, n°8 et n°3 nous servent pour voir que cette musique, qui a fait la popularité du compositeur, s’adapte à merveille comme musique de chambre.
Peut-être la pièce plus ambitieuse de ce disque est le très beau trio en sol mineur op.15 de Smetana, écrit en réaction à la disparition de sa fille aînée. Smetana tiendra la partie du piano dans sa création en décembre 1855. Il sera remanié l’année suivante après une discussion avec Fanz Liszt, qui resta profondément ému et touché par la profondeur et qualité de la musique. Mais voilà que le compositeur n’arrive pas trouver d’éditeur et l’oeuvre tombe dans l’oubli. Il ne sera édité qu’en 1880 quatre ans seulement avant le décès du compositeur.
La musique de Smetana est très passionnée. Si bien le trio à un caractère rhapsodique dans sa forme, il est compensé par une force et une originalité dans ses mélodies qui le place comme un des chefs d’oeuvre du compositeur, ainsi qu’une référence obligée dans ce répertoire.
Petit paragraphe pour parler du Dvořák Trio qui est excellent dans cet enregistrement. Au violon mélodieux et satiné de Fisher s’ajoute le violoncelle précis et nerveux de Jamnik, le tout accompagné et guidé avec brio par le piano de Kahanek.
Une nouveauté très recommandable de Supraphon.
Supraphon: SU4144

Philippe Adelfang