«Chaque artiste crée ses précurseurs. Son travail modifie notre conception du passé autant que celle du futur». Jorge Luis Borges

mercredi 31 décembre 2014

DÉCOUVRIR LES CONTEMPORAINS DE BACH



Johann Kuhnau (1660-1722)
Œuvres sacrées volume 1
Opella Musica
Camerata Lipsiensis
Gregor Meyer
Enregistrement Juillet 2013
CPO : 777868-2
À paraître le 13 janvier 2015.



Dans cette série d'articles je vais essayer d'écrire sur des compositeurs qui ont vécu à la même période que Jean-Sébastien Bach (1685-1750) mais qui, pour toutes sortes de raisons, nous sont méconnus maintenant.

Quand Johann Kuhnau décéda en 1722, il avait passé 21 années à la tête du chœur de l'église Saint-Thomas de Leipzig, et ses compositions furent très appréciées de son vivant. Malheureusement, seulement une portion de sa musique nous est parvenue, mais elle nous donne une idée de sa qualité, qui fut reconnue par Bach lui-même.
Ce disque, le premier volume de ses œuvres sacrées, nous fait découvrir une série de cantates pour chœur, voix solistes, cordes et divers instruments en plus du continuo obligé. Il est intéressant de signaler que la plupart de ces pièces y font une première apparition sur CD.

La grande variété de son langage musical, associé à une certaine théâtralité dramatique dans ses oeuvres, donne raison à ceux qui défendaient sa musique envers ces détracteurs.
Très bel enregistrement à écouter, si vous voulez connaître d'autres compositeurs qui rayonnaient à la même époque de Bach, mais qui ont été oubliés dans les siècles postérieurs. C'est grâce à des artistes munis d'un esprit de recherche musicologique que nous pouvons découvrir de nouvelles partitions qui méritent d'être écoutées et surtout d'être sauvegardées. Je vais essayer de vous les faire partager dans certaines de mes chroniques.
Philippe Adelfang.

dimanche 21 décembre 2014

SYMPHONIE NO 13 DE SHOSTAKOVICH: LA VISION DE PETRENKO



Shostakovich 
Symphonie n°13 "Babi Yar"
Alexander Vinogradov, basse.
Huddersfield Choral Society.
Royal Liverpool Philharmonic Choir and Orchestra.
Vasily Petrenko, direction
Naxos 8573218
enregistrement septembre 2013


Si jamais vous n'avez pas encore écouté cette symphonie de Shostakovich, voici une très belle, sinon, la version à tenir en compte.
L'effectif orchestral est impressionnant, basse soliste, chœur de basses, et un grand orchestre avec une percussion abondante. Le texte parle des massacres des Juifs soviétiques par les nazis pendant la deuxième guerre mondiale, ainsi que d'autres scènes de la vie quotidienne du peuple russe. Le ton est donné,
Shostakovich réalise son «requiem» personnel en utilisant toute la batterie de thèmes et de rythmes qu'il a développés pendant toute sa carrière. On y retrouve non seulement les moments nerveux de ses symphonies dites de guerre, mais aussi des passages d'une méditation existentielle propre à un artiste qui vit sa dernière grande période créatrice. En ayant un regard introspectif sur son propre peuple, Shostakovich arrive à se placer au dessus de l'histoire, pour lui donner une de ses plus intenses partitions. En effet ce requiem est pour les hommes, leurs actes et leurs responsabilités. Les seuls tributaires de cette partition sont, comme toujours dans toute tragédie, les innocents.
La vision de Petrenko, est tout à fait époustouflante, il arrive à sublimer le discours, en développant une tension très dynamique, qui nous mène à "sentir" l’angoisse de ces moments si terribles

Philippe Adelfang.
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dimanche 7 décembre 2014

Bach, joué au piano ou au clavecin? Piotr Anderszewski, English Suites

J.S. Bach
English suites 1,3 & 5
Piotr Anderszewski, piano
Warner Classics 2014

Bach, joué au piano ou au clavecin?

Je dois avouer, que cette question m'a tracassé toute ma vie. Il faut comprendre que, quand on écoute des œuvres de clavier de Bach jouées au piano, on subit une sorte de voyage dans le temps. Il est clair que les œuvres du cantor de Leipzig furent créées pour être jouées au clavecin, instrument qu'il dominait absolument. Mais qu'est-ce qu'il arrive quand on les joue dans un piano moderne? On assiste à une certaine transposition temporelle. Un timbre d'aujourd'hui se marie avec un discours d'une autre époque. Et c'est cela la beauté de la chose! Cela ne fait que mettre en évidence et souligner la profondeur et la modernité du langage de Bach.

Quel plaisir d'écouter un nouvel enregistrement de ce génial pianiste. Une sensibilité hors pair, un raffinement éclairé, une retenue émotionnelle qui mérite d'être souligné.
L'artiste est au service de la musique. La musique est au service de l'âme et l'âme c'est tout.

Philippe Adelfang.

lundi 1 septembre 2014

Sonates de Schenck par Lixsania Fernández.


Voici ma recommandation de la semaine, si vous ne connaissez pas le compositeur Johannes Schenck (1660-après 1710), voici un très beau CD pour rentrer dans son univers. Il s'agit de ses sonates pour viole de gambe, Tyd en Konst-Oeffeningen op.2, superbement interprétées par la gambiste Lixsania Fernández, accompagné par son ensemble instrumental Recondita Armonia. Finesse, musicalité et originalité toujours au service de la musique. Merci, merci.

Brilliant BRI94635, disponible maintenant.


Recondita Armonia c'est:
Lixsania Fernández, viole de gambe
Eduardo Egüez, théorbe
Esteban Mazer, clavecin
Maria Alejandra Saturno, violoncelle.




Philippe Adelfang

Sonates de Schumann et de Liszt par Lazar Berman



Les deux sonates pour piano de Schumann et la sonate en si mineur de Liszt dans une version de référence. Grace au label russe Melodiya, maintenant distribué par Naxos of Canada, on peut avoir accès à une pléiade d'enregistrement de très grands artistes, dont celui-ci du pianiste Lazar Berman (1930-2005). Son jeu, austère, équilibré, lumineux, au son majestueux, nous fait penser que des fois il faut regarder en arrière pour comprendre l'aujourd’hui. Je retiens l'attention dans son utilisation retenu des tempi, au service d'une dynamique émotionnelle active. Chez lui le son est au service de la forme. Un génie.
Melodiya MELCD1002145
Enregistrement:1976 Schumann et 1975 Liszt.

Philippe Adelfang.

Musique de film d'Alfred Hitchcock


Pour les amants des films d' Alfred Hitchcock, voici un complément à ne pas rater.Il s'agit de la musique d'une sélection de ses films (filmographie oblige), interprété par l'Orchestre Symphonique Danoise sous la direction de John Mauceri. Psycho, Vertigo, L'homme qui savait trop et d'autres partitions déjà célèbres dans l'univers de la musique de film, sous une lecture époustouflante et sensible des musiciens de l'orchestre danoise. Les grands compositeurs de Hollywood sont là: Herrmann, Waxman Tiomkin, Benjamin et même une partition de Danny Elfman tiré du film Hitchcock de 2012.

Si vous êtes à la recherche d'une atmosphère des années 50, ce CD saura vous charmer.
Toccata Classics: TOCC0241

Philippe Adelfang

J.S.Bach, l'Art de la fugue par Zhu Xiao-Mei

Voici le dernier disque de la pianiste chinoise Zhu Xiao-Mei, cette fois-ci pour le label Accentus, en interprétant l'Art de la fugue de Jean-Sébastien Bach.
Sommet de la musique polyphonique, voici une version qui sera sans doute une des références. Le piano, la sensibilité et l'art de Xiao-Mei, se met au service d'une musique qui, même si à priori elle semble plus hybride, elle garde des moments d'une très grande beauté.
Ce disque n'est pas seulement une nouveauté mais un événement.
Accentus: ACC30308, enregistrement février 2014.

Philippe Adelfang

mardi 29 juillet 2014

Trios à cordes de Röntgen par le trio Lendvai

Voici deux nouveautés très recommandables du label Champs Hill. Ce sont les deux premiers disques, d’une intégrale en cours, des trios pour cordes du compositeur desPays-Bas Julius Röntgen (1855-1932).
Si vous ne l’avez pas encore écouté, je vous encourage à découvrir ce compositeur qui a fait une ample carrière en Hollande, non seulement avec des partitions de grande qualité, mais également à travers une vie très active de pianiste et chef d’orchestre.
Les disques qui nous occupent actuellement sont consacrés à ses trio pour cordes: violon, alto et violoncelle. Il en a écrit 16 sur une duré qui va des années 1915 à 1930. C’est donc au cours de sa dernière période de maturité que ces pièces ont vu le jour. Pour ceux qui ne connaissent pas sa musique, le style de Röngten est, tout simplement, brahmsien. Étant un grand ami et défenseur de la musique du génial compositeur allemand dans les Pays Bas, c’est tout à fait normal, que ses propres créations en soient influencées. Le souci d’une clarté formelle, un contrepoint effectif et un romantisme contenu, fait de Röngten, un héritier naturel du post-romantisme germanique.
Les deux disques nous font découvrir ses trios à cordes 1-8. On pourrait dire que les premiers quatre, sont de facture un peu plus légère, tandis que les quatre derniers, sont plus denses et introspectifs.
Petit paragraphe pour souligner la qualité musicale du trio Lendvai, formé par trois musiciennes de premier ordre: Nadia Wijzenbeek au violon (Pays-bas), Ylvali Zilliacus à l’alto (Suède) et Marie Macleod au violoncelle (U.K.).
Leurs prestations sont magnifiques, et revalorisent cette noble musique, qui mérite, à mon avis, d’être plus connue du grand public.
Bravo pour le trio Lendvai et merci à Champs Hill de son courage artistique.
Champs Hill: CHRCD068 et CHRCD087
Enregistrements: 2013
Philippe Adelfang juillet 2014.

lundi 16 juin 2014

Felix Mendelssohn – John Adams, concertos pour violon et orchestre




Felix Mendelssohn (1809-1847)
Concerto pour violon n°2 en mi mineur op.64 (1838-44)
John Adams (1947- )
Concerto pour violon (1993)
Chad Hoopes, violon
Orchestre Symphonique du MDR de Leipzig, Kristjan Järvi, direction.
Enregistrement novembre 2013
Naïve: V5368

Ce premier CD de l’étoile montante américaine, le violoniste Chad Hoopes, est une très grande réussite. Si bien le couplage des œuvres parait, à priori, insolite, ce n’est qu’après quelques écoutes qu’on comprend une certaine liaison affective de l’instrumentiste avec ces deux concertos qui ont été composés dans des époques très différentes.
Dans le magnifique concerto de Mendelssohn, on est étonné par la fougue interprétative du soliste, qui combiné à sa technique époustouflante, nous donne une version d’anthologie.
Le registre change complètement dans le concerto d’Adams. Ici on est en présence d’une oeuvre au caractère plutôt post-romantique, presque expressionniste dans ses mélodies et orchestration. La version de Hoopes est magnifique. Il nous traduit la musique nerveuse et intense d’Adams avec une tranquillité et une maturité tout à fait remarquable.
Si le concerto de Mendelssohn se trouve être un des chefs-d’œuvres européens du genre, celui de John Adams est sans aucun doute, une référence américaine. Ils gardent en tout cas un lien subtile. Celui du transfert évolutif d’une tradition européenne vers le nouveau monde. On pourrait dire à l’écoute de la musique d’Adams, que l’école romantique germanique à fleuri, d’une certaine façon, en Amérique.
Un CD très recommandable, bravo aux musiciens.
Philippe Adelfang

dimanche 8 juin 2014

Distant Light, le nouveau disque de Renaud Capuçon




J.S.Bach (1685-1750)
Concerto pour violon BWV 1042
Concerto pour violons BWV 1041
Pëteris Vasks (1946- )
Tala gaisma- Distant Light Concerto pour violon et orchestre (2003)
Renaud Capuçon, violon et direction
Orchestre de Chambre d’Europe
enregistrement: novembre 2013
 
Voici une autre nouveauté discographique très intéressante, chez Warner Classics: le dernier disque du violoniste français Renaud Capuçon. L’association des deux concertos de Bach avec celui du compositeur letton Vasks, est tout à fait originale . C’est pour moi, un autre exemple du passage du savoir faire et de la créativité artistique à travers le temps. Plutôt que dérouter, l’initiative me parait confirmer l’idée que l’homme est toujours un univers dans sa solitude. D’une certaine façon, il garde dans sa mémoire émotive, une tradition spirituelle qui lui est commune.
Que dire de nouveau des concertos de BachCapuçon les interprète avec noblesse et sentiment. Sans jamais tomber dans la sensiblerie, ils restent très bien joués, avec la transparence et l’éloquence d’un grand artiste.
Mais l’oeuvre surprenante est celle de Peteris Vasks, compositeur letton qui a vécu toute sa vie à l’ombre d’une occupation soviétique qui c’est fait sentir de façon brutale et étouffante, surtout dans les pays baltes. Sa musique pourrait être le reflet intérieur d’une âme qui résonne face aux injustices humaines. Mais qui représente aussi l’espoir que tout artiste garde en soi. Comme si son objectif créateur serait une certaine rédemption à travers les sons, où le bilan des émotions est toujours positif.
La révélation d’un grand compositeur à suivre.
Merci Capuçon pour ce disque.

Philippe Adelfang

Truls Mork et Petrenko, un «dream-team» pour enregistrer Shostakovich




Dmitri Shostakovich (1906-1975)
Concertos pour violoncelle et orchestre n°1 op.107 et n°2 op.126
Truls Mork, violoncelle
Orchestre Philharmonique d'Oslo
Vasily Petrenko, direction
Enregistrement: janvier et février 2013
Une nouveauté chez Ondine: une nouvelle version des deux concertos pour violoncelle deDmitri Shostakovich qui deviendra sûrement une référence parmi les enregistrements déjà produits.
Petrenko figure parmi les grands interprètes du génial Shostakovich. Il était tout désigné pour accompagner le magistral violoncelliste Truls Mork dans cette nouvelle version des deux concertos de Shostakovich  pour le compte de la maison de disques Ondine. Petrenko et Mork. Pouvons-nous vraiment demander mieux pour ces oeuvres?Vasily Petrenko a été introduit comme chef d’orchestre de l‘Orchestre Philharmonique d’Oslo dans la saison régulière 2013-2014. Il est en train d’enregistrer, pour Naxos, une époustouflante intégrale des symphonies deShostakovick avec l’Orchestre Philarmonique Royal de Liverpool.
Cette version des concertos pour violoncelle relève définitivement du grand art. Truls Mork nous les présente sous un angle plus expressionniste que romantique mais toujours en gardant ce lyrisme qui a su faire traverser le temps à ces œuvres et les transporter jusqu’au répertoire d’aujourd’hui. Les deux seuls concertos pour violoncelles composés par Shostakovich figurent parmi les œuvres les plus importantes du genre au XX siècle. Créés en 1959 et 1966 respectivement pour Matislav Rostropovich, ils témoignent de la créativité originale et de l’amour du compositeur pour cet instrument.
Version impressionnante, une référence absolue.

mercredi 30 avril 2014

Herbert Von Karajan chez Warner


 Je vous présente aujourd’hui les trois premiers volets de la série complète de 13 coffrets, fruit de la collaboration avec Walter Legge, qui constitue le legs discographique de Karajan chez EMI.
Ces trois premiers coffrets ont été enregistrés entre 1946 et 1958. Ils sont divisés plus ou moins thématiquement de cette façon:
 1)Beethoven, avec l’intégrale mono des symphonies  des années 50 (1951-1955) + une première édition de la neuvième en stéréo, réalisée apparemment pour la première fois en disque. Karajan dirige l’Orchestre Philharmonia.
 2)Karajan et ses solistes, où l’on peut écouter entre  autres énormes interprètes de l’époque le magnifique Walter Gieseking . La version des concertos numéro 23 et 24 de Mozart, restera une des plus belles, on y apprécie la «magie» produite entre ces deux formidables artistes.
3)Coffret avec des œuvres de MozartBeethovenSchubertBrahmsStrauss (le Viennois) et Richard Strauss.  Je recommande l’écoute des Métamorphoses de Strauss enregistrées en 1947, en se rappelant que cette pièce fut composée par Strauss tel un requiem émotif de la deuxième guerre mondiale. Dans ce coffret, c’est l’Orchestre Philharmonique de Vienne qu’on peut écouter.

Pour les amateurs des versions historiques, ces coffrets seront indispensables; en fait, elle le seront à toute collection!
Je cite  Karajan«Le style c’est l’absence de vulgarité».
Musicalement parlant ces versions sont encore d’une actualité époustouflante.


« Music For A While », improvisations sur des airs de Henry Purcell




« Music For A While ».
Improvisations sur Henry Purcell
Philippe Jaroussky, contre ténor
Raquel Andueza, soprano
Vincenzo Capezzuto, alto
Dominique Visse, contre ténor
Gianluigi Trovesi, clarinette
Wolfgang Muthspiel, guitare et guitare électrique.
L’ArpeggiataChristina Pluhar, direction.



Voici ma recommandation de la semaine! Le dernier travail discographique de l’ensemble L’Arpeggiata dirigé par la talentueuse Christina Pluhar.
Voici aussi un bon exemple de musique « revisitée »,  » The Purcell Project ». Il s’agit d’une série d’improvisations et de lectures sur l’extraordinaire musique de Henry Purcell, où Pluhar a comme artistes invités, encore une fois, des gros calibres comme JarousskyCapezzutoVisseGianluigi Trovesi et Wolfgang Muthspiel entre autres. L’idée est de produire des transformations subtiles au discours et à l’harmonisation des pièces, tout en gardant la base et la ligne mélodique originale de Purcell.
Le résultat est fantastique et d’une très grande qualité. Les collaborations de Trovesi à la clarinette et de Muthspiel à la guitare sont essentielles pour donner un air plus décontracté à l’album.
Music for a while, une musique à garder et à écouter pour toujours.

Oratorio de Pâques, Actus tragicus de Bach




Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Actus Tragicus Bwv 106
Oratorio de Pâques Bwv 249
Hannah Morrison, soprano
Meg Bragle, alto
Nicholas Mulroy, ténor
Peter Harvey, basse
The Monteverdi Choir
The English Baroque Soloists
John Eliot Gardiner, direction.

Voici une très bonne recommandation de disque pour ces Pâques.
Il s’agit du dernier travail discographique de John Gardiner et son phénoménal chœur The Monteverdi Choir, le tout accompagné par les exceptionnels The English Baroque Soloists.
Gardiner nous présente dans ce disque tout d’abord la cantate funéraire Actus tragicus, écrite vers 1707, quand Bach n’avait que vingt-deux ans! Cette cantate est une oeuvre d’une profondeur éloquente, sûrement composée pour le service d’un proche de sa famille.  Elle  nous donne une vision globale du génie du compositeur.
On est dans un tout autre registre avec l’Oratorio de Pâques, composé vers 1738, à l’origine une cantate de Pâques, mais que Bach retravailla, en en élargissant certains morceaux jusqu’à ce qu’elle devienne, en 1746, l’Oratorio qui nous occupe sur ce disque.
Sûrement que Gardiner a voulu jumeler deux œuvres qui, même si elles ont été écrites à des époques différentes, ce réfèrent à l’émotion  ressentie face à la mort et la foi.  À nouveau, pour Bach, l’importance de la religion réside avant tout dans son aspect humain, qui, parfois, dépasse le côté spirituel.
Disque de réconfort, solistes et musiciens de premier ordre, le résultat est magique. La magie de l’art au service de l’âme.

mercredi 19 mars 2014

L'orchestre de chambre Orpheus au Carnegie Hall.

L'orchestre de chambre Orpheus au Carnegie Hall.

Voici que l'Orchestre de Chambre Orpheus  lance son propre label. Longtemps avec Deutsche Grammophon, cet ensemble instrumental a entamé, depuis 1971 date de sa création, un long et riche parcours discographique. Mais les œuvres de Beethoven manquaient au rendez-vous. Sauf pour un enregistrement des Créatures de Prométhée en 1987, l'orchestre n'avait jamais encore enregistré les symphonies du maître de Bonn. Dans ce disque on nous présente la 5 ème et 7 ème symphonies, tirées de prestations "live" au Carnegie Hall datant de 2010 (7è) et 2012 (5è).
Les versions sont tout à fait magnifiques. J'aime cette tendance plus "moderne" de prendre des "tempi" un peu plus vite, de façon à ce que l’énergie soit comme on appelle en musique "conductive". Cela veut dire, créer toujours la sensation qu'on est en train d'avancer plutôt que de contempler.
Très bonne réussite, on a hâte d'écouter les autres symphonies à venir. Une intégrale s'impose.

Philippe Adelfang.

lundi 3 mars 2014

Bertrand Chamayou joue du Schubert

01. Auf Dem Wasser Zu Singen, D. 774 
02. Fantasia In C Major, D. 760 'Wanderer Fantasy': I. Allegro Con Fuoco Ma Non Troppo 
03. Fantasia In C Major, D. 760 'Wanderer Fantasy': Ii. Adagio 
04. Fantasia In C Major, D. 760 'Wanderer Fantasy': Iii. Presto 
05. Fantasia In C Major, D. 760 'Wanderer Fantasy': Iv. Allegro 
06. Litanei, D. 343 
07. Die Schone Mullerin, D 795: Xix Der Muller Und Der Bach 
08. 12 Landler, D 790 
09. Allegretto In C Minor, D. 915 
10. 17 Landler No 12 In E-Flat Minor, D 366 
11. 3 Klavierstucke Op Posth , D 946: No 1 In E-Flat Minor 
12. 3 Klavierstucke Op Posth , D 946: No 2 In E-Flat Major 
13. 3 Klavierstucke Op Posth , D 946: No 3 In C Major 
14. Waltz In G-Flat Major 'Kupelwieser Walzer', D. Anh 1/14


Voici un autre tour de force du pianiste français Bertrand Chamayou!
Si vous ne voyez pas de qui je parle, il sera en concert à Québec le 12 et 13 mars et à la Maison Symphonique le 16 avec l’OSQ sous la direction de Fabien Gabel, pour jouer Les nuits dans les jardins d’Espagne de Falla.
Chamayou nous propose dans ce disque, de pénétrer dans l’univers le plus intime de Schubert. Celui d’une schubertiade  imaginaire, sorte de concert romantique, très populaire à Vienne, à l’époque du compositeur.
Ce n’est pas par hasard si Chamayou programme pour cet album la magnifique fantaisie« Wanderer » inspirée de son lied «Der Wanderer» (Le Voyageur), accompagnée de pièces brèves et d’arrangements de lieder réalisés par Franz Liszt.  L’idée est de recréer l’atmosphère musicale de ces soirées, où le côté intime avait une très grande importance.
La fantaisie Wanderer est un antécédent direct des œuvres à venir, non seulement de Schumann mais aussi des nombreuses musiques pour piano de Liszt.  C’est avec cette oeuvre que Schubert prend un des flambeaux les plus révolutionnaires de Beethoven, pour en faire un des chef-d’œuvres de la littérature pianistique du XIX siècle.  Le génie de Schubert est de créer un personnage musical qui tienne le discours, et qui évolue au fur et à mesure que la musique progresse dans le temps. Ce concept n’avait jamais était mis en place avant Beethoven, en ce qui concerne la musique pour piano. Avec cette fantaisie, Schubert laisse la porte grande ouverte à la prochaine génération de compositeurs « pianistes » comme SchumannLiszt et Chopin.
Le disque est magnifique, tant dans sa conception que dans sa production et sa réalisation. Sans faille! Chamayou est à son meilleur.
Philippe Adelfang.