«Chaque artiste crée ses précurseurs. Son travail modifie notre conception du passé autant que celle du futur». Jorge Luis Borges

lundi 13 juin 2011

Les concertos pour piano de Chostakovitch avec Martin Helmchen et la LPO.

Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
Concertos pour piano & orchestre
N° 1, op. 35
N° 2, op. 102
Quintette avec piano en sol mineur, op. 57
Martin Helmchen, piano
London Philharmonic Orchestra
Direction Vladimir Jurowski
Enregistré en 2008 (n°1), 2009 (n°2) et 2010 le quintette.

On pourrait situer le concerto n°1 (1933) dans l'esthétique des années 1920, avec ses accents d'humour grotesque, c'est un clair exemple du retour au style plutôt classique de cette décennie. On peut apercevoir l’intérêt de Chostakovitch de relier l'esprit classique du passé, en utilisant des citations d'un rondo de Beethoven ou d'une sonate de Haydn. «La citation de Beethoven ne fut ajoutée que tout à la fin. Il ne s'agit pas d'un concerto comme ceux de Tchaikovsky ou Rachmaninov, avec des passages qui parcourent toute l'étendue de l’instrument pour que tout le monde voie que tu es capables de jouer des gammes. Il s'agit de tout autre chose». Dimitri Chostakovitch.

La création de l'oeuvre a été faite par le compositeur à Leningrad, avec un excellent accueil du public. La combinaison instrumentale est fort originale pour l'époque: piano, orchestre à cordes et une trompette qui remplit une fonction de commentaire dans certains passages.

Le concerto n°2 est dédié au second fils de Chostakovitch, Maxime, qui en assura sa création en 1957. Ce n'était pas la première fois que Chostakovitch lui avait écrit une oeuvre, en effet en 1953 il avait composé le Concertino pour deux pianos, pour Maxime et une condisciple Alla Maloletkova. On pourrait dire aussi qu'il ne s'agit que d'une oeuvre secondaire, mais qui reste agréable à son écoute, surtout pour son mouvement lent, et la virtuosité du final.

Le disque est complété avec le fameux Quintette op.57 en sol mineur de 1940. Oeuvre charnière, anticipant de peu sa 8e symphonie, elle constitue un chef-d'oeuvre de ce que l'on va appeler plus tard son époque "de guerre".

Martin Helmchen est impérial. Il nous offre un son percutant, rond et très lumineux, détail très important puisque cette musique à souvent besoin des petits "extra"pour ne pas tomber dans des sonorités rudes et vulgaires. La Philharmonique de Londres, sous la direction de Vladimir Jurowski, est le partenaire idéal, pas vraiment exigé, c'est vrai, mais en accompagnateur mesuré du soliste. Excellent aussi le niveau des solistes dans cette version du quintette.

LPO-055

Philippe Adelfang

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