«Chaque artiste crée ses précurseurs. Son travail modifie notre conception du passé autant que celle du futur». Jorge Luis Borges

vendredi 5 octobre 2012

Symphonie n°1 de Ben-Haim chez CPO.


Ben-Haim: Symphonie no.1; Fanfare to Israel; Symphonic Metamorphoses on Bach Chorale

NDR Radiophilharmonie Hannover
Israel Yinon, dir.
CPO 777 417-2

J’ai toujours été très très curieux de découvrir plus avant la musique de Paul Ben-Haim (1897-1984), né Paul Frankenburger à Munich, émigré en Israel (alors la Palestine) à l’arrivée des Nazis au pouvoir en 1933. Je connaissais déjà le 2e mouvement de la Symphonie no.1, et c’est celui-ci qui avait éveillé ma conscience à la musique magnifiquement construite de ce compositeur encore presque totalement anonyme.

Le 1er mouvement de la Symphonie est constitué d’un thème robuste et de thèmes secondaires contrastés. L’ensemble rappelle une sorte de mariage entre Mahler et Hindemith. L’utilisation de rythmes vigoureux propulsés par les cordes graves est l’un des aspects résolument mahlérien. Les jeux chromatiques et pointés des bois font office de caractère hindemithien. Le 2e mouvement est une merveille de romantisme tardif. Un lent crescendo amorcé aux cordes et au hautbois (remarquable solo!) mène à un summum expressif renforcé par les cuivres, avant de s’éteindre tout doucement dans un crépuscule de teintes pastorales délicieusement mélancoliques. Le 3e mouvement, marqué presto con fuoco, revient à des sentiments plus expansifs et musculaires. Mahler et Hindemith, encore une fois, mais avec un « polissage » des angles harmoniques qui rend l’expérience « Ben-Haim » plus cinématique que purement intellectuelle ou même émotive. Voilà une addition majeure au corpus symphonique de tout passionné de musique du 20e siècle!

Fanfare to Israel est une oeuvre de circonstance, d’abord écrite pour des fonctions protocolaires, puis arrangée pour orchestre symphonique. On ne fait pas de découverte majeure ici, mais notons au passage le thème élégiaque central qui rappelle quelque peu la célèbre et inoubliable mélodie de l’hymne national israélien.

Les Symphonic Metamorphoses on Bach Chorale (« Wer nun den lieben Gott last walten”) s’amorcent sur une transposition du thème au hautbois (pour lequel Ben-Haim réservait certaines de ses plus belles lignes instrumentales!). Les métamorphoses qui suivent sont très contrastées entre sommets de puissance et économie orchestrale, tout cela dans un langage plus moderne que dans les autres pièces sur le disque. Le tout ne manque certainement pas d’effets et de savoir-faire.

Je ne saurais trop vous enjoindre à jeter une oreille attentive sur la musique de ce compositeur habile et sensible, en particulier sa Symphonie, une œuvre qui mérite sa place dans n’importe quelle bonne discothèque.


Frédéric Cardin

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