«Chaque artiste crée ses précurseurs. Son travail modifie notre conception du passé autant que celle du futur». Jorge Luis Borges

mercredi 16 mai 2012

Zebeljian: Orchestral Works chez CPO.


Zebeljian: Orchestral Works

Aile Asszonyi, soprano
Zebeljian Ensemble
Janacek Philharmonic Orchestra
David Porcelijn, direction
CPO 777 670-2


Isidora Zebeljian est une compositrice serbe née en 1967. Elle a contribué aux arrangements de certaines partitions de films de Kusturica, et ne cache pas son intérêt pour le riche folklore de sa patrie. Elle ne compose pas une musique académique, qui ne jure que par le refus d’une tonalité trop évidente et d’un quelconque caractère attrayant pour le public (que ce soit par le rythme ou l’harmonie). Elle aime utiliser la mélodie tonale et les rythmes saccadés pour créer un rapprochement émotif plus fort avec son public. En ce sens, elle me rappelle un peu une autre compositrice d’origine serbe, mieux connue de ce côté-ci de l’Atlantique, Ana Sokolovic.

Mme Zebeljian maîtrise avec panache l’art de l’orchestration symphonique. Ses œuvres sont extrêmement diversifiées et stimulantes pour les oreilles. Sur ce disque, on entend The Horses of Saint Mark, une fresque impressionnante qui ressemble à du Respighi, version 21e siècle. Rukoveti est un ensemble de cinq lieds fortement basés sur le folklore. Si les mélodies sont manifestement de source « rustique », l’accompagnement orchestral lui, est plus complexe et construit dans des lignes polytonales. La soprano, Mme Asszonyi, possède un timbre coffré qui ne jure pas avec les mélodies.

The Minstrel’s Dance est une autre pièce solidement ancrée dans le folklore, mais avec des accents modernistes qui ne peuvent que témoigner de l’actualité de cette démarche. Seliste (Deserted Village) est un poème symphonique résolument tonal qui illustre bien la désolation du paysage suggéré par le contraste entre deux lignes parallèles, une aux cordes aigues, l’autre au graves, avec des thèmes secondaires au centre.

Escenas picaras est en fait une symphonie qui marie habilement non-tonalité avec techniques rythmiques minimalistes. Le résultat est une œuvre plutôt rafraîchissante qui mérite d’être réécoutée.

Frédéric Cardin.

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