«Chaque artiste crée ses précurseurs. Son travail modifie notre conception du passé autant que celle du futur». Jorge Luis Borges

vendredi 18 mai 2012

L'amour de Danae de Richard Strauss chez Arthaus.



Strauss: Die liebe der Danae

Manuela Uhr (Danae); Mark Delavan (Jupiter); Mathias Klink (Midas); Thomas Blondelle (Merkur); Burkhard Ulrich (Pollux); Hulkar Sabirova (Xanthe); Paul Kaufmann, Clemens Bieber, Nathan De,Shon Myers, Hyung-Wook Lee (4 Rois); Hila Fahima (Semele); Martina Welschenbach (Alkmene) ; Katarina Bradic (Leda)
Kirsten Harms, mise en scène
Dorothea Katzer, costumes
Orchestre et Chœur du Deutsche Oper Berlin
Andrew Litton, direction
Arthaus Musik Blu-Ray 108 032

L’amour de Danae est un opera remarquable de Strauss, que celui-ci composa entre Daphne et Capriccio. Il s’agit donc de l’avant-dernier des opéras du compositeur. Malheureusement pour lui, la véritable création scénique n’eut lieu que 3 années après sa mort.

Danae est demeuré dans l’ombre, et c’est fort malheureux puisqu’il s’agit aisément d’une grande œuvre lyrique. Il y a probablement plusieurs raisons à cela. N’oublions pas qu’après la guerre, toute l’iconographie tant appréciée des Nazis, même celle qui n’avait aucun rapport avec son idéologie, fut rejetée par le public. Or, Danae est une fresque centrée sur les personnages de la mythologie grecque. Peu importe si l’approche de Strauss était beaucoup plus subtile et complexe qu’une vulgaire démonstration de monumentalité auto-porteuse, le mal était fait.

Danae raconte l’histoire de la fille de Pollux, Danae, aimée par le volage Jupiter. Celui-ci demande à Midas d’être son messager en échange de la fameuse faculté de transformer tout ce qu’il touche en or. Midas tombe amoureux de Danae, Jupiter les punit, mais finit par s’attendrir devant leur amour pur et sincère.

À travers cette fable au ton léger, il y a une réflexion de Strauss sur la futilité des biens matériels et la force des valeurs édifiantes, telles l’amour. Le personnage de Jupiter possède une profondeur étonnante. Les autres sont un peu moins bien développés, mais sans tomber dans la superficialité.

La production est agréablement élégante. Les décors et surtout les costumes de cette transposition mi-fantaisiste mi-moderne sont très attrayants. Lorsque Pollux, qui est criblé de dettes, se fait saisir ses biens, un piano à queue se fait lever à l’envers au-dessus de la scène. Un brin m’as-tu-vu, mais mémorable il faut bien l’admettre.

Les voix ne sont pas toutes égales. Delavan est très convaincant dans le rôle de Jupiter, mais Manuela Uhl déçoit dans celui de Danae. Son instrument manque parfois de focus et son jeu scénique semble détaché, ce qui enlève dela sympathie pour son personnage.

La musique de Strauss est luxuriante. La maturité du compositeur est évidente et cette partition redoutable devrait être plus souvent abordée par les orchestres (et les troupes) audacieux.

Andrew Litton fait un travail assez solide, bien qu’inégalement soutenu. L’orchestre et le chœur sont superbes.

C’est la première fois que cet opéra est disponible sur un quelconque format vidéo. Alors, malgré les bémols de cette production, n’hésitez pas à vous procurer cette très rare exploration d’une œuvre méconnue, mais de haut niveau, du grand Richard.

Frédéric Cardin.







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