«Chaque artiste crée ses précurseurs. Son travail modifie notre conception du passé autant que celle du futur». Jorge Luis Borges

vendredi 14 octobre 2011

Johann Hermann Schein: Fontana d’Israel

Cette “Fontaine d’Israel” est un recueil de 26 pièces polyphoniques madrigales composées sur des textes épars tirés de l’ancien et du nouveau Testament. En ce sens, Schein (1586-1630) démontre une grande maîtrise du style qui n’a pas à pâlir devant ses concurrents italiens en ce qui a trait au lyrisme et à la beauté des lignes vocales

Schein, comme Bach un siècle plus tard, fut cantor à St-Thomas de Leipzig. Comme Bach également, il sut insuffler à la rigueur teutonne un brin de luminosité et de sensualité toute italienne et ce sans y avoir mis les pieds. C’est ce qui rend sa musique si touchante. On est loin ici de l’aridité d’une certaine polyphonie nordique héritée des siècles précédents. Bien que relativement peu connu aujourd’hui, ce compositeur, qui dut se débrouiller pour continuer à créer pendant les troubles de la guerre de Trente Ans (ce recueil en est une illustration, et fut une sorte de défi lancé à l’adversité de la guerre qui fauchait tant de vies et détruisait si horriblement la fabrique sociale de l’époque), fait partie de ceux qu’il faut écouter si l’on se dit amoureux de musique sacrée.

Ce disque est une réédition d’une production de la maison Capriccio elle-même parue au début des années 90. La prise de son ne trahit que très peu l’époque, Capriccio étant déjà à ce moment une maison attentive à la qualité auditive de ses parutions.

Hermann Max (il faut voir la photo d’époque du directeur avec cette immense crinière frisée digne des coiffures « afro » des Noirs américains des années 70!! Sa chevelure est toujours plutôt flamboyante, mais cette photo en particulier vaut vraiment le détour!) dirige ce qui était alors le jeune ensemble Rheinische Kantorei avec énormément de maîtrise, sachant illuminer adéquatement chaque voix.

Remarquez en particulier ces sublimes contrastes entre les basses et les sopranos dans le Da Jakob vollendet hatte, ainsi que l’articulation impeccable des hommes. Dès leurs débuts, Max et son Kantorei étaient promis à un très bel avenir.

Rheinische Kantorei

Hermann Max, direction

Capriccio C5069 (2CD)

Frédéric Cardin

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire