«Chaque artiste crée ses précurseurs. Son travail modifie notre conception du passé autant que celle du futur». Jorge Luis Borges

mardi 9 août 2011

Biber: Vesperae longiores ac breviores

Melissa Hugues, soprano; Ian L. Howell, contre-ténor; Derek Chester, ténor; Douglas Williams, baryton-basse;

Robert Mealy, violon

Stephen Fraser, orgue

Yale Schola Cantorum

Yale Collegium Players

Simon Carrington, direction

Carus 83.348

Vous ai-je déjà dit à quel point j’aime le travail de la maison Carus? Cette maison allemande ressuscite des trésors de musique sacrée pratiquement à chaque mois! Leur catalogue ne se limite pas à ce répertoire bien entendu, mais celui-ci constitue à n’en pas douter l’un des piliers de l’excellente réputation de la maison.

Cette fois, c’est un recueil de vêpres d’Heinrich Ignaz Franz Biber (1644-1704), mieux connu pour sa monumentale Missa Salisburgensis, qui reçoit l’attention des passionnés de chez Carus.

L’édition de l’œuvre ne comportait qu’un ensemble de psaumes et de litanies, ce qui ne correspond pas exactement au cycle naturel des vêpres. L’ensemble a donc été complété avec les portions manquantes (tel que le Domine adjuvandum ou encore un Ave maris stella) écrites par d’autres compositeurs, un Magnificat de Biber lui-même écrit pour une autre occasion et un extrait des superbes Sonates du Mystère pour violon et orgue, celui sur l’Annonciation de Marie.

Le résultat surprend par sa cohérence. Les Psaumes mis en musique par Biber démontre toute l’ampleur de son savoir. Les parties fuguées sont riches et intenses, mais ne se transforment pas en exercice de style aride. L’émotion et la dévotion transpirent de ces partitions mélodiquement magnifiques.

La principale surprise vient de l’Ave maris stella de l’empereur Leopold 1er (!!), un air élégiaque et poignant qui atteste de la valeur intellectuelle et morale de ce souverain bâtisseur et pacifique.

La construction de ce cycle est économe et intimiste puisqu’en dehors des solistes et du choeur, elle fait appel à des effectifs instrumentaux réduits. Le résultat est une musique à dimension humaine qui devait toucher les auditeurs de manière très personnelle au XVIIe siècle, tout comme elle réussit à le faire encore aujourd’hui.

Je ne saurais être trop enthousiaste et vous enjoindre de tout cœur à jeter une oreille accueillante sur ce très beau disque.

Frédéric Cardin



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