«Chaque artiste crée ses précurseurs. Son travail modifie notre conception du passé autant que celle du futur». Jorge Luis Borges

vendredi 30 mars 2012

Thomas Bloch: Missa Cantate; Cold Song; Sancta Maria; Christ Hall Blues


Jörg Waschinski, contreténor
Thomas Bloch, harmonica de verre, claviers, cloches de cristal, telephone d’eau (?), cloches, ondes Martenot
Jacques Dupriez, alto
David Coulter, scie musicale
Orchestre philharmonique Paderewski
Fernand Quattrocchi, direction
Naxos: 8572489.

Thomas Bloch (né en 1962) est avant tout un multi-instrumentiste qui se spécialise dans la manipulation d’instruments inusités, dans certains cas de simples objets transformés et utilisés pour leur seule qualité timbrale.

La Missa Cantate date de 1999 et se base sur le texte de la messe latine, auquel le compositeur ajouta quelques suppléments de son choix. L’orchestration est léchée, assez opulente par endroits et trahit les références cinématiques de l’orchestrateur, un certain Hubert Bougis. On se demande incidemment pourquoi Bloch n’a pas signé lui-même l’orchestration de l’œuvre, alors qu’il le fait pour les autres (bien que celles-ci soient de facture beaucoup plus économe).

La sonorité d’ensemble de cette messe moderne rappelle la 3e symphonie de Gorecki. Bloch offre beaucoup d’espace au contreténor Jörg Waschinski. Celui-ci possède un instrument surprenant, très cristallin. Le résultat est franchement plutôt beau, même touchant par endroit.

Les autres œuvres au programme font appel à des instruments rares et inusités, nommés plus haut, et créent des sonorités rafraîchissantes. Le contraste avec la Missa est plutôt frappant car cette dernière possède une qualité panoramique, de par l’ampleur de ses textures, les cordes très riches surtout, alors que les courtes pièces suivantes sont plus dépouillées. Les connotations inévitablement exotiques de ces « bébelles » donnent une sonorité d’ensemble agréablement dépaysante aux pièces. Mais on aurait peut-être aimé sentir une utilisation plus savante et conceptuelle de ces couleurs uniques.

Les musiciens sont assez bons. Waschinski, en particulier. Bloch est lui-même instrumentiste sur plusieurs pieces. Mais comment juger de sa qualité d’interprète sur le « waterphone »?! Je m’en remettrai à mon intuition et vous dirai que puisqu’il est probablement le seul au monde à en jouer, il doit être le meilleur!

J’apprécie ce genre d’exploration et d’audace en musique contemporaine. Mais je suis souvent déçu soit par l’académisme du traitement ou par la facilité des résultats. Ni l’un ni l’autre ici. Pas de révélations sensationnelles, mais au prix Naxos, des écoutes intrigantes à faire!

Frédéric Cardin

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