«Chaque artiste crée ses précurseurs. Son travail modifie notre conception du passé autant que celle du futur». Jorge Luis Borges

vendredi 6 mai 2011

Carl Goldmark (1830-1915) : Symphonie no.1 « Rustic Wedding »; Merlin-Prelude

Carl Goldmark, d’ascendance allemande comme son nom de famille l’indique, est né en Hongrie (et se prénommait Karoly) dans une famille très nombreuses (une vingtaine d’enfants!) et donc très pauvre. Ses talents musicaux furent évident dès la plus tendre enfance, mais les quelques leçons musicales prises auprès de musiciens locaux furent rapidement interrompues faute de moyens financiers pour les assumer.

Néanmoins, le jeune garçon fit preuve de persévérance et entra au Conservatoire en 1844. Le malheur s’acharna car le Conservatoire fut fermé en raison des troubles politiques qui frappèrent l’ensemble du royaume quelques temps plus tard. Goldmark entra alors au service d’orchestres d’opéras provinciaux en tant que violoniste. Il poursuivit son apprentissage de façon plutôt autodidacte et réussit, avec le temps, à se hisser à un niveau de professionnalisme largement reconnu par ses contemporains, dont Brahms et Mahler, rien de moins. Il ne fut pas extrêmement prolifique, mais il écrivit des partitions de fort belle qualité qui, sans être profondément novatrices, savent séduire les sens et l’esprit du mélomane curieux.

Sa Symphonie no.1 « Rustic Wedding » est de la trempe des partitions méconnues mais de haute valeur, et qui ont su demeurer actives dans les marges du répertoire symphonique. Elle est la seule œuvre du compositeur à avoir reçu la faveur de plusieurs grands chefs dont Beecham, Bernstein, Abravanel et Previn.

Les mesures initiales du premier mouvement, légèrement marcato et jouées aux cordes graves, font curieusement penser tout de suite au Scherzo de la Titan de Mahler, composée un an plus tard. Et je vous disais que Mahler avait manifesté son respect pour la musique Goldmark! Il s’agit d’une Marche nuptiale (Hochzeitsmarsch), constituée d’un thème doucement pédestre, mais sans aucune lourdeur « militaire ». Le thème est par la suit décliné en plusieurs variations.

Un Chant nuptial (Brautlied) aux traits bucoliques suit, et est à son tour suivi par une Sérénade empreinte de légèreté campagnarde. Le 4e mouvement, Dans un Jardin (In Garten) exprime une tendresse non dénuée de passion et toute romantique. Le mouvement final, Danse (Tanz), est allègre et entraînant, comme une fête nuptiale par un merveilleusement beau jour d’été à la campagne!

Cette symphonie mérite véritablement le détour pour tout amoureux de la musique Romantique (Mendelssohn, Schumann, Brahms) qui s’imagine avoir tout entendu. Une œuvre de moyenne envergure, certes, mais à tout point de vue séduisante.

Goldmark composa six opéras, dont Merlin en 1886. Le Prélude introduit une atmosphère sombre qui semble faire de cet opéra une sorte de (très) petit cousin de la Tétralogie de Wagner.

CD: Profil PH10048

Philarmonie Festiva, Gerd Schaller, direction.

Frédéric Cardin

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