«Chaque artiste crée ses précurseurs. Son travail modifie notre conception du passé autant que celle du futur». Jorge Luis Borges

dimanche 12 novembre 2017

Prokofiev, symphonies n°2 et 3. Jurowski la clef des chants!

Prokofiev, symphonies n°2 et 3
Orchestre Symphonique Académique de l'État de Russie, Vladimir Jurowski direction.
Pentatone: PTC5186624
Enregistrements: septembre et octobre 2016

Certains compositeurs ont eu une approche, disons, plus problématique avec le langage symphonique. On a toujours une tendance à comparer les symphonies de Prokofiev avec celles de son collègue (cadet) Chostakovitch. Mais il faut se rappeler d’un élément clef. Prokofiev a toujours aimé  faire des œuvres dans un contexte dramatique ou la structure de l’œuvre suit une idée préétablie. Après son retour des États Unis, Prokofiev passa dix années de sa vie à Paris. Il produisit des œuvres d’une force et originalité magnifique. Profitant d’un environnement libre et sans aucune restriction esthétique, il pourra développer un langage moderne et unique dans sa production globale. La structure symphonique était disons plus abordable dans sa vision classique de la musique.  Sa deuxième symphonie écrite en 1924-25 est plus proche d’un univers futuriste que du classicisme de sa première symphonie. Tandis que pour sa troisième, écrite en 1928, le compositeur tira une partie des idées thématiques de son opéra The Fiery Angel, ce qui prouve le besoin d’avoir à main une source dramatique externe comme moteur d’inspiration. C’est une des différences, a mon avis, plus importante entre les productions symphoniques des deux compositeurs les plus importants de l’Union Soviétique dans le XX siècle.
Les versions de ce remarquable enregistrement de Pentatone très bien joués par l’Orchestre Symphonique de l’État de Russie, maintenant appelé Evgeny Svetlanov, sont une excellente référence si l’on veut avoir des enregistrements modernes superbement interprétés. Jurowski  rentre dans le sommet de son art. On a hâte de suivre cette intégrale.

Philippe Adelfang, novembre 2017

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