«Chaque artiste crée ses précurseurs. Son travail modifie notre conception du passé autant que celle du futur». Jorge Luis Borges

vendredi 23 août 2013

La Passion Lemieux, nouveau disque de Marie-Nicole Lemieux chez Naïve.



Camille Saint-Saens; Samson et Dalila, Mon coeur s'ouvre à ta voix. Par Marie-Nicole Lemieux, Contralto 
Orchestre National de Montpellier Languedoc-Roussillon. Luciano Acocella, Direction
Musiques en fête, chorégies Orange 2013

Voici le nouveau CD qui rassemble les plus beaux airs d'opéra que la contralto québécoise Marie-Nicole Lemieux a enregistré pour Naïve. De Vivaldi à Saint-Saëns, passant par Berlioz et Massenet, cet album recueille des pistes de six enregistrements réalisés entre 2003 et 2012, et qui ont été le fruit d'une collaboration avec des orchestres d'exception comme: Il Complesso Barocco, l'Ensemble Matheus, Les Violons du Roy et l'Orchestre National de France. La meilleur devise pour définir le travail de Marie-Nicole Lemieux: passion.


La voix derrière les masques
par André Tubeuf

Qui êtes-vous, Marie-Nicole ? On vous a entendue 
ces quelques dernières années, vue aussi, sous 
bien des identités de théâtre, qui sont autant 
de masques. C’est comme si au théâtre vous 
nous amusiez à changer de robe, de sexe aussi, 
vous dérober (en quelque sorte), contrairement
à l’image trop évidente qu’impose votre 
présence de scène : une bonne et saine fille, 
qui est pleinement là, et s’engage dans ses 
larmes comme dans son rire, totalement. Cette 
surface éblouit, elle est faite pour ; elle est 
poudre aux yeux, le théâtre vit de cela ; mais 
vous ne pouviez empêcher qu’à part de cette 
surface, qui enchante, une profondeur ne se 
devine ; une autre épaisseur humaine. 
Vos récitals, les tout premiers déjà, d’emblée faisaient 
preuve : ils vous montraient plus nue si l’on 
peut dire, réduite à votre voix et aux gestes, 
aux effets que la voix permet ; y éclataient la 
sensibilité, la tendresse, une couleur d’âme. On 
se souvient d’une Frauenliebe de Schumann, 
mais aussi de la vision qui vous passait dans 
les yeux, chantant Chausson, chantant Lekeu. 
Pour nous qui vous suivons depuis le début, 
deux images de la Marie-Nicole que nous 
aimons le mieux à la fois se disputent, et se 
confondent. L’une est dans ses roulades et ses 
oripeaux de Rossini, elle y éclate de la joie et 
du culot de chanter, à gorge déployée (avec 
n’importe quelle couleur de tissu sur elle, et 
de décor derrière) ; et une autre dont la 
profondeur émotionnelle, immense, semble se 
censurer parfois, de peur peut-être qu’ensuite 
la joie, la jubilation vocale s’en ressentent. Au 
miroir du disque l’alternative disparaît. Plus 
de mise en scène, plus d’oripeau. La voix 
seulement, son timbre, et le monde d’affects 
qu’elle véhicule ; son rire, et sa douleur aussi, 
sublimée dans ce legato royal. Les masques 
disparaissent, restent les visages de la voix, 
ceux que le pouvoir du chant à la fois dépouille 
et révèle, et mieux encore si nous fermons les 
yeux. C’est à ce voyage qu’invite le disque, 
miroir magique de ce qui s’entend en plus, dès 
qu’on ne voit plus. Et voici Marie-Nicole là où 
elle est le mieux, et à plein : dans sa vérité.
Naïve, 2013.

Naïve V5340, à partir du 24 septembre au Canada.

Ecoutez une extrait ici: http://youtu.be/mxAmmJcKm8s




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