«Chaque artiste crée ses précurseurs. Son travail modifie notre conception du passé autant que celle du futur». Jorge Luis Borges

samedi 26 mai 2012

Le sextuor à cordes de Schulhoff et Les Métamorphoses de Richard Strauss par l'ensemble Hypérion chez Paladino.


Quand la musique est une réflexion, et pas seulement un décors sonore, le discours acquiert une résonance particulière. C'est le cas des deux oeuvres qui nous occupent dans ce CD de la maison de disques allemande Paladino.


Erwin Schulhoff et Richard Strauss ont passé tout les deux à travers les hécatombes européennes et mondiales que furent la première et deuxième guerre mondiales. Pour Schulhoff, le retour d'Italie où il était avec l'armé allemande en 1920, après la première guerre mondiale, fut le prétexte pour commencer ce septuor à cordes qu'il finira en 1924, où il essayera de traduire en musique les expériences sûrement traumatiques de cette guerre. D’ailleurs il faut noter que Schulhoff, ne survivra pas à la deuxième guerre mondiale, puisqu'après être traqué par les Nazis en Union Soviétique, il fut tué dans le camp de concentration de Würzburg en 1942. On peut dire que Schulhoff a été la cible parfaite du régime hitlérien, étant donné qu'il était juif, homosexuel, communiste et formait partie de l'avant garde musicale des années vingt et trente.

Le sextuor de Schulhoff est en quatre mouvements, et l'empreinte du conflit est présent dans ce compte rendu sonore à travers un langage plus âpre, teinté d'effets particuliers comme "sul ponticello" qui donnent au discours un aspect plus apocalyptique.

Les Métamorphoses de Richard Strauss écrites en 1945, ont été originalement écrites comme un septuor à cordes et représentent une réaction du compositeur au trauma vécu pendant la deuxième guerre mondiale. L'oeuvre a connu plus de succès grâce à l'adaptation pour 23 cordes solistes faite par le compositeur  pour honorer la commande que Paul Sacher lui avait passé à l`époque.
La vision de Strauss est non seulement une méditation musicale sur les effets dévastateurs que le conflit eut sur le pays, mais aussi  une fresque sonore des effets que le conflit a eu sur les âmes des personnes innocentes ou non, mais toujours victimes d'une façon ou d'une autre.

L'enregistrement de l'ensemble Hypérion est de 1997. On peut apprécier toute la capacité musicale et interprétative de ces musiciens accomplis.

Bravo encore une fois à Paladino.

Hyperion ensemble:

Amelie Gahl & Gunde Jäch-Micko, violons
Firmian Lermer & Jörg Steinkraub, altos
Detlef Mielke & Astrid Sulz, violoncelles
Martin Heinze, contrabasse, (Strauss).

PMR0010.

Philippe Adelfang, mai 2012.

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