«Chaque artiste crée ses précurseurs. Son travail modifie notre conception du passé autant que celle du futur». Jorge Luis Borges

jeudi 29 décembre 2016

Rachmaninov Trios Élégiaques superbes versions!

Rachmaninov (1873-1943)
Trios élégiaques n°1 et n2
Lise de la Salle, piano
Bartlomiej Niziol, violon
Claudius Herrmann, violoncelle
Philharmonia Zürich:PHR0107
Enregistrement, janvier 2016

La collaboration entre Lise de la Salle et l'Orchestre Philharmonique de Zürich nous a donné un coffret de trois CD PHR0104 en 2015 avec les concertos pour piano de Rachmaninov et la la Rapsodie sur un thème de Paganini qu'on a beaucoup apprécié à l'époque. Voici que la pianiste française a enregistré avec le violoniste solo, Bartlomiej Niziol ainsi que le violoncelle solo Claudius Herrmann de ce même orchestre les trios Élégiaques du même compositeur. Le résultat est tout-à fait magnifique! La communion entre les artistes est profonde et incroyable. Non seulement dans le très connu trio n°1 en sol mineur, mais j'encourage l'écoute aussi du trio n°2 en ré mineur, plus développé, avec des proportions tout à fait symphoniques, simplement vous dire que la durée est de presque 50 minutes à lui seul. Version de référence pour ce chroniqueur.

Philippe Adelfang, décembre 2016

Richard Strauss Ein Heldenleben et Macbeth, la maîtrise du son!

Richard Strauss (1864-1949)
Ein Heldenleben op.40 (1897-98)
Macbeth op.23 (1897-98)
Orchestre Symphonique de la Radio de Francfort (hr-Sinfonieorchester)
Andrés Orozco-Estrada, direction
Pentatone PTC5186582 : enregistrements août 2014 et décembre 2015.

L'Orchestre de la Radio de Francfort, c'est fait un chemin depuis 1929 comme un ensemble spécialisé dans le répertoire mahlérien et brucknérien. Ceci dit, les poèmes symphoniques de Strauss sont évidemment une autre partie fondamentale du répertoire normal de cet magnifique orchestre. Si l'on ajoute, la direction très sensible du chef d'orchestre colombien Orozco-Estrada, je dirais qu'on est en présence de superbes versions. Sa connaissance de ce répertoire exigeant, c'est fait grâce à ses études à l'Académie Musicale de Vienne auprès d'un disciple de Hans Swarowsky, Uros Lajovic.
Les poèmes symphoniques de Strauss, représentent le vrai tournant expressif du compositeur. Après des années d'écriture, disons plus scolaire, où il essaya de trouver sa voix, ce n'est qu'avec le poème symphonique qu'il va réussir à donner un sens original à son écriture, en permettant un épanouissement artistique jusqu'alors pas atteint. C'est ce que ses contemporains vont retenir et appeler la technique «Strauss ». L'incorporation du système de composition wagnérien et lisztien dans un contexte de fin de siècle, qui donnera les plus belles pages du répertoire symphonique post-romantique.
Si vous êtes à la recherche de nouvelles versions, modernes et superbement enregistrées, il ne faudra pas que vous passiez à côté de cet enregistrement.

Philippe Adelfang, décembre 2016

jeudi 22 décembre 2016

Josef Holbrooke poèmes symphoniques vol.2 la force de la précision!

Josef Holbrooke (1878-1958)
Poèmes symphoniques vol.2
Concerto pour violon et orchestre op.59
Orchestre de l'État de Brandebourg de Francfort
Direction Howard Griffiths
CPO:777636-2 enregistrements, janvier 2013 et février 2014

L'association de Griffiths avec l'orchestre brandebourgeois de Francfort, serait comme une voiture de technologie allemande avec un moteur Rolls-Royce. Souvent il y a des jumelages qui fonctionnent. C'est tout à fait le cas du travail du chef d'orchestre britannique avec l'orchestre allemande. En tout cas les enregistrements de la musique orchestrale de Josef Holbrooke sont les bienvenus pour l'auteur de cette chronique. Si vous êtes un mélomane à la recherche de musique superbement orchestrée, selon l'école allemande, Holbrooke remplira surement vos attentes. Pianiste et compositeur surtout de la première moitié du XX siècle, ses œuvres, comme dans bien d'autres cas, tombèrent dans un injuste oubli après sa mort. Maintenant que le XX siècle s'est déjà écoulé et que notre culture occidentale rentre dans une dialectique propre au XXI siècle, on pourrait dire sans regret que notre “système” culturel a fait tomber dans l'oubli une grande pléiade de compositeurs, un peu partout dans le monde, seulement parce que leur langage ne voulait pas rompre avec le système tonal et ne suivait pas non plus les techniques de composition d'après guerre.
C'est alors que les enregistrements jouent un rôle de récupération culturelle, indispensable si l'on veut sauvegarder notre culture musicale.
Ce deuxième volume, comme le premier, est superbement interprété par un orchestre qui, bien que le compositeur soit britannique, connaît absolument le type de langage que Holbrooke utilise. Dirigés magistralement par Howard Griffiths, ce volume constitue une nouvelle réussite.

Philippe Adelfang, décembre 2016.

vendredi 16 décembre 2016

Sibelius symphonies 3,6 et 7 Orchestre de Minnesota, Osmo Vänskä l'équilibre de la résonance.

Jean Sibelius (1865-1957)
Symphonies 3, 6 et 7
Orchestre du Minnesota ; Osmo Vänskä, direction
BIS-2006 SACD : enregistrements mai et juin 2015

Voici le dernier enregistrement de la Minnesota Orchestra sous la direction de son chef d'orchestre régulier Osmo Vänskä,  pour compléter l'intégrale des symphonies de Sibelius, les autres seraient le BIS-1986 (en nomination pour le GRAMMY award en 2012) et le BIS-1996 (GRAMMY award 2014) déjà parus. Et dans ce volume les troisième, sixième et septième symphonies du génial compositeur finnois. Superbe production, magistralement enregistrée par l'équipe technique de BIS, nous permet de saisir, à nouveau, toute la dimension de cette formidable orchestre. Si vous êtes à la recherche d'une intégrale moderne avec une prise de son remarquable, je vous conseille sans aucun doute celle-ci. L'équilibre des plans sonores se fait sans détriment et de perte dans aucune des régions sensibles du point de vue des fréquences. Et si, en plus, on ajoute une qualité artistique incroyable des musiciens de la Minnesota, le résultat est parmi les plus satisfaisants des dernières années. Le tandem Vänskä-Minnesota est une machine, disons bien huilée, et on l'aperçoit à l'écoute des détails de cette musique, toujours complexe, exigeant le maximum d’effort à tout orchestre qui veut la jouer.
Un plaisir pour ce chroniqueur, et j'en suis sur pour le mélomane averti.

Philippe Adelfang, décembre 2016

lundi 12 décembre 2016

Symphonies 4,5 et 6 de Tchaikovsky l'équilibre de l'énergie.

Pyotr Ilyich Tchaikovsky (1840-1893)
Symphonies 4, 5 et 6
Artic Philharmonic, Christian Lindberg, direction
BIS-2178 (2SACD) enregistrements février 2012, avril 2015 et février 2016

Les trois dernières symphonies de Tchaïkovsky représentent, peut-être, ce que le compositeur nous a donné de mieux dans le plan symphonique et artistique. Par la profondeur de son message, Tchaikovsky sort, si l'on peu dire ainsi, de la voie tracé par Beethoven et continué par Schumann, pour rentrer dans un monde plus personnel, disons plus névrosé. D'une certaine façon et évidemment sans le savoir, ses dernières symphonies sont une préparation à celles de Mahler qui prendront la relève, mais déjà dans un monde post-romantique. Si ses trois premières symphonies sont un peu plus exploratoires, les trois dernières sont un espèce d'aveu testamentaire, intérieur et alors plus métaphysique. Tchaikovsky comble l'idéal de tout artiste romantique, vaincre le destin par la création. Soumettre la raison par le langage où l'idée est plus importante que la forme. Et le résultat est incroyablement parfait. Si on compare ses dernières symphonies avec celles de ces contemporains, russes ou étrangers, on doit dire que Tchaikovsky les a surpassé en intensité et surtout en qualité mélodique.
Le très jeune orchestre norvégien Artic Philharmonique, nous donne une version magnifique et époustouflante de ces trois monuments sonores. La vision de son chef Christian Lindberg, pourrait paraître à première vue désengagée et plutôt cérébrale. Mais après avoir aperçu le souci que le chef d'orchestre a eu pour les détails, on n'a qu'a féliciter les artistes pour nous donner des versions énergiques et très bien interprétées de ces chefs-d'œuvres absolus.

Philippe Adelfang, décembre 2016.

jeudi 8 décembre 2016

La musique originale de Laurel & Hardy écrite par Leroy Shield

La musique originale de Laurel & Hardy écrite par Leroy Shield
Alessandro Simonetto, piano
Aevea: AE16024, enregistrements avril, mai et août 2016

Leroy Shield (1893- a été le compositeur de toute la musique incidentale de Laurel & Hardy. Comme cette musique n'avait en général aucun titre, et qu'elle n'a jamais été commercialisée, ni enregistrée, ni même publiée dans aucune partition, la trace de ce génial artiste comme compositeur de cette série mythique de films d'humour, resta dans un oubli injuste.
C'est là que rentre la vision et l'originalité d'esprit d'un artiste contemporain, comme le pianiste italien Alessandro Simonetto, imaginons un peu la tache de compilation, déchiffrage et catalogue qu'il a du faire. Titanesque. Il a du même créer ses propres arrangements des manuscrits trouvés.
Le résultat est magnifique. La musique a toujours été le support et complément de l'image. On n'a qu'a écouter cet enregistrement, pour rentrer dans l'univers de ces deux magnifiques acteurs, et pourquoi pas, de verser une petite larme au temps passé, révolu, candide, simple mais beaucoup plus honnête que maintenant.


Philippe Adelfang, décembre 2016.

samedi 3 décembre 2016

Prokofiev Roméo et Juliette-Petrenko magnétisme et efficacité

Sergei Prokofiev, Roméo et Juliette op.64
Orchestre Philharmonique d'Oslo
Vasily Petrenko, direction
LAWO : LWC1105, enregistrement novembre 2015.
Pour traduire le magnétisme et l'efficacité du travail du chef d'orchestre Vasily Petrenko, on pourrait simplement dire que l'Orchestre Philharmonique d'Oslo l'a invité en 2013 a être sont quinzième directeur principal après le voir au travail une semaine seulement, comme chef invité  en 2009 !
Et on le sent dans cet enregistrement. C'est une symbiose totale entre le chef et son orchestre. La recherche d'un son agréable et mélodieux fait qu'on a eu une attention extrême dans les moindres détails d'une partition plus complexe que l'on croit, où  on pourrait tomber facilement dans un pastiche. Mais pour l'auteur de cette chronique la version de cet enregistrement restera parmi les références par son élégance, un son pur et cristallin, ainsi qu'une dynamique équilibrée. On dirait que les musiciens ont donné le meilleur de soi-même guidés par une main de maître, qui non seulement connait la partition dans ses moindres détails, mais le plus important c'est un chef qui a une vision du chef d'œuvre. Il ne faut pas oublier que Petrenko a aussi étudié, entre autres maîtres, avec Mariss Jansons qui fut le chef d'orchestre qui a donné à cet orchestre une réputation mondiale.

Comme un inconditionnel adhérent de la musique de Prokofiev, et en considérant que Roméo et Juliette est un de ses chefs-d'œuvres les plus accomplis, j'encourage les mélomanes de se procurer cette version qui saura combler les exigences dans tous les niveaux, tant dans la technique, comme dans le résultat artistique qui est majeur.

Philippe Adelfang, décembre 2016.