«Chaque artiste crée ses précurseurs. Son travail modifie notre conception du passé autant que celle du futur». Jorge Luis Borges

dimanche 30 août 2009

Deux chef d'oeuvres de la première époque de Schoenberg

Voici une nouvelle parution de l'étiquette Dorian/Sono luminus: La nuit transfigurée et la symphonie de chambre numéro 1, joués par les chambristes du Smithsonian .

Il s'agit d'un cd et un dvd, où vous pourrez voir et entendre ces magnifiques artistes en action, mais aussi vous aurez droit à un très bon documentaire sur la genèse des deux pièces composées par Arnold Schoenberg , ainsi que des aspects moins connus de sa vie et surtout les influences que ce musicien révolutionnaire à reçu dans ses premières années de production musicale.


Le cas de Schoenberg est particulier dans l'évolution du post-romantisme, puisque il a eu le courage de franchir les barrières que d'autres compositeurs n'ont pas oser faire. Les deux oeuvres en question, marquent très bien cette évolution, la première, la nuit transfigurée (1899) est un sextuor à cordes (deux violons, deux altos et deux violoncelles) qui reflète cette première période où son discours était encore tonal, et son approche artistique dérivait de deux compositeurs que Schoenberg estimait beaucoup: Gustav Mahler et Johannes Brahms.

La grande originalité de l'oeuvre, qui appartient au domaine de la musique de chambre, tout comme les sextuors de Brahms, c'est qu'elle s'inspire d'un texte, conception jusqu'alors plus répandu dans le domaine symphonique, voir les poèmes symphoniques de Richard Strauss et même le Pelleas et Melissande de Schoenberg.

Dans la deuxième pièce du cd, la symphonie de chambre n°1 op9 de 1906, oeuvre charnière de Schoenberg, il essaye de pousser le système tonal jusqu'aux limites.

N'oublions pas que les influences wagnériennes à travers Mahler et Strauss, sont encore très présentes dans ses oeuvres.

La formation pour laquelle cette oeuvre est composée, est aussi révolutionnaire que son langage, en fait la symphonie fut écrite pour une orchestre de chambre où tous les membres sont des solistes.
Il faut vraiment souligner, l'excellente version de cette symphonie que les Smithsonian Chamber Players ont enregistré, d'ailleurs le disque au complet est d'une très grande beauté, et pourrait être tranquillement inclus parmis les indispensables du compositeur.


Bravo encore une fois pour Dorian et Sono Luminus.


DSL-90909

Philippe Adelfang.

Septembre2009

mardi 25 août 2009

Bruch suites de danses russes et suédoises

Le label CPO (Classic Produktion Osnabrück) compte parmi mes préférés parce que son comité éditorial se distingue par une audace qui devrait faire rougir bon nombre de ses compétiteurs, rendus trop frileux par leur obsession de profitabilité financière.
Quiconque veut sérieusement approfondir sa connaissance des répertoires baroque, classique et romantiques doit s’engager à explorer le catalogue de cette maison allemande créée il y a maintenant vingt ans.
L’album des mélodies de danses russes et suédoises orchestrées par Max Bruch (777285-2) est non seulement mon dernier coup de cœur mais aussi un très bon exemple des trésors que CPO réserve aux mélomanes.
On y retrouve 27 pièces splendidement interprétées et qui nous convainquent du talent d’orchestrateur de Bruch (1838-1920), talent tout à fait comparable au Brahms des danses hongroises et au Dvorak des danses slaves. Ces belles mélodies sont regroupées en trois suites pour orchestre et une autre pour orchestre à cordes. Alors que certains musicographes reprochent à Bruch d’être inégalement inspiré dans des œuvres de grande envergure, par exemple ses symphonies, ces quatre suites démontrent sa pleine maîtrise du medium. A mon avis, s’il y avait un disque par lequel un mélomane souhaite commencer à se familiariser avec l’œuvre de Bruch, c’est celui-ci que je leur recommanderais.
Répertoire inédit, interprétation très respectable, livret explicatif généreux, qualité d’enregistrement satisfaisante, voilà autant de raisons qui justifient mon intérêt soutenu pour les productions de ce label supérieur à d’autres qui encombrent les bacs et dont la médiocrité font déserter les amateurs de musique classique potentiels.
CPO777285-2
Guy Sauvé
Août 2009

dimanche 2 août 2009

"The difference between a violin and viola is that the viola is a violin with a college education" William Primrose.

Voici une nouveauté du label Ondine, il s'agit d'un disque du jeune altiste new yorkais David Aaron Carpenter avec l'orchestre Philharmonia dirigée par Christoph Eschenbach qui nous présente deux concertos pour alto et orchestre.

Le premier c'est le concerto pour violoncelle d'Elgar, transcrit pour la tessiture de l'alto par un autre grand altiste de la même époque: Lionel Tertis.

Le deuxième c'est le monumental concerto de Schnittke, écrit à l'intention cette fois ci du grand altiste Yuri Bashmet.

Bien que les deux oeuvres sont tout à fait différentes, composées dans des époques différentes, elles gardent quand même un lien subtil entre elles. Il s'agit d'oeuvres d'adieu, de fermeture, de salutation. D'une époque peut-être, d'un sentiment, d'un être humain, mais surtout d'un langage, d'une façon de dire les choses et d'une façon de voir le monde qui s'achève.

Le concerto d'Elgar a été écrit en 1919 à la mémoire d'une ère victorienne et édouardienne qui prenait fin, mais aussi au langage et l'expressivité du post-romantisme, qu'on sentait qu'il aller être démodé par les nouveaux courants musicaux. Il faudrait se rappeler simplement qu'à la même époque, Schoenberg écrivait les premières pièces dodécaphoniques et Stravinsky inaugurait avec Pulcinella sont style dit: néo-classique.

Le concerto de Schnittke fut terminé en 1985 en peut avant que le compositeur subisse un infarctus qui le laissa avec des graves séquelles physiques.

Évidement ce concerto marque aussi la fin d'une époque pour Shnittke, mais ce qui est très intéressant d'écouter c'est la façon dont le compositeur fait usage du matériel tonal pour séparer, structurer et modeler tout le langage du concerto.

Schnittke ce trouvait à ce moment là dans l'aboutissement de ses moyens de compositeur reflété par une grande maturité expressive. Pour comprendre cela, il faut simplement observer que le compositeur utilise une cadence, pierre angulaire de la musique tonale, comme matériel séparateur et contrastant qui va servir à créer des pôles où la tension de son langage atonal et expressif pourra être évacuer.

L'interprétation de Carpenter, sert à ressortir tous ces éléments et trouve dans Eschenbach un partenaire idéal dans un voyage un peu turbulent mais toujours humain et passionné.

Ondine ODE 1153-2

Biographies:

http://www.naxos.com/artistinfo/Edward_Elgar_26026/26026.htm

http://www.naxos.com/composerinfo/Alfred_Schnittke_21168/21168.htm

Si vous aimez la musique pour alto:

http://www.naxos.com/catalogue/item.asp?item_code=8.557391