«Chaque artiste crée ses précurseurs. Son travail modifie notre conception du passé autant que celle du futur». Jorge Luis Borges

vendredi 5 octobre 2012

Oeuvres de Montsalvatge chez Chandos.


Montsalvatge: Partita 1958; Cinco Canciones Negras; Calidoscopi Simfonic op.61; Simfonia da Requiem

Ruby Hughes, soprano
Clara Mouriz, mezzo-soprano
BBC Philharmonic
Juanjo Mena, direction
Chandos CHAN10735

2012 étant le centenaire de la naissance de Xavier Montsalvatge, un compositeur catalan, il était temps qu’une maison de qualité nous propose quelques titres du répertoire symphonique de ce catalan mort à 90 ans en 2002.

Montsalvatge a donc traversé le 20e siècle. Il semble en avoir musicalement retenu les éléments les plus communicatifs. Montsalvatge n’est pas un compositeur d’avant-garde. Chez lui, on retrouve une attention aux rythmes bien affirmés (il aimait beaucoup la musique des Antilles et de l’Amérique latine), une préférence pour des structures et des harmonies bien définies, un brin néo-classiques, et un amour pour les orchestrations parfois opulentes, bien trempées dans une sorte de post-impressionnisme assez séduisant. Tous ces éléments se retrouvent dans un langage résolument accessible sans être trop pastiché. On pense parfois à Britten, d’autres fois à Milhaud ou Stravinsky.

La Partita 1958 est en quatre mouvements séparés (Fanfare, sarabande, Intermezzo, Final) plutôt attractifs qui intègrent habilement des éléments latins, un peu comme ce que Darius Milhaud pouvait faire en ce sens. Les Cinq Chants Noirs (Cinco canciones negras) sont franchement à découvrir. L’atmosphère douce et aimable de ces pièces est un hommage à la moiteur des nuits antillaises. Seul le dernier chant est enlevant, à l’image de la musique antillaise populaire que l’on connaît. Celui-ci est également l’un des points forts du disque. Montsalvatge aimait particulièrement cette région et sa musique. Clara Mouriz est absolument merveilleuse. Sa voix est souple et son aisance à traduire la beauté de ces textes poétiques antillais, remarquable. On est littéralement transporté sous un arbre au crépuscule, devant une mer bleue-verte. Une révélation.

Calidoscopi Simfonic est un condensé d’une partition écrite pour un ballet. Montsalvatge était un homme de théâtre, et sa musique pour cette œuvre (que je ne connais pas) me semble très adéquatement expressive. L’orchestration foisonne et remplit l’espace, tout en permettant régulièrement aux différents solistes de l’orchestre de briller dans de superbes lignes mélodiques, parfois un rien grinçantes, mais de façon très peu aggressive.

Dans la Simfonia de Rèquiem, Montsalvatge tenta de traduire l’essence profonde de la messe catholique, sans avoir recours à la voix (sauf dans le tout dernier mouvement, Libera me, où l’intervention de Ruby Hughes est belle comme un miracle du Vendredi Saint). Curieusement, c’est cette partition qui voit Montsalvatge être le moins « accessible » de tout le disque. Les harmonies sont rugueuses, et la tension palpable. Ça demeure une œuvre de très belle facture, mais ne vous faites pas une idée trop affirmée sur le son de ce disque en écoutant le requiem en premier!

Que peut-on dire sur le BBC Philharmonic? Rien de plus qu’habituellement. L’orchestre est parfait et sonne à la fois grandiose et intime, lorsque nécessaire. Rien d’extraordinaire à dire non plus sur Juanjo Mena. Sa direction est tout à fait adéquate.

Frédéric Cardin






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire