mercredi 29 février 2012

Solo traverso album de Grégoire Jeay, chez Fidelio.

Ce premier enregistrement solo de Grégoire Jeay est un hommage au traverso et aux formes libres de la musique baroque dont les instruments solistes révèlent si bien le caractère fantasque.

Préludes, fantaisies, caprices, folias, bizzarias, inventions, toccatas, les formes libres abondent en musique baroque. Certaines ont le caractère d’une improvisation sans pulsation régulière, d’autres ont une structure qui échappe à la forme stricte de la suite ou de la sonate de l’époque baroque. Cette liberté a permis aux compositeurs d’ouvrir les barrières de leur imagination.
Nous retrouvons ici de bons exemples de ces architectures parfois étranges ainsi qu’une suite de Philidor transposée pour la flûte d’amour, avec le luthiste Sylvain Bergeron, qui offre une improvisation sur son instrument en guise de prélude.
La flûte baroque force celui qui la pratique à se couler dans une force calme, en toute humilité. Si l’on veut trop, l’instrument se dérobe, comme dans certaines relations amoureuses.
Toutes ces nuances sont révélées par le grand naturel et la qualité extraordinaire de l’enregistrement de Fidelio Musique, réalisé en mai et en août 2011, en l’Église Sainte-Madeleine d’Outremont.
L’album est disponible en magasin, en format CD et sur MasterFlash Fidelio en format haute-résolution.
Il est également proposé sur le site fideliomusique.com, sur HDTracks.com ainsi que sur diverses plateformes de téléchargement à travers le monde.

Fidelio: FACD035, disponible maintenant.

mardi 21 février 2012

Intégrale des oeuvres orchestrales de Claude Debussy chez Naxos.

Quelle meilleure occasion de fêter le 150è anniversaire de la naissance Claude Debussy, que ce coffret Naxos de 9 CD qui réunit la collection enregistrée par l'Orchestre National de Lyon, sous la direction du chef d'orchestre allemand Jun Märkl.

«Je suis désormais convaincu que Debussy est le compositeur français le plus important du XX siècle. En général, les gens sont plus attirés par Ravel, dont de nombreuses oeuvres sont très flatteuse pour l'orchestre. Dans l'ensemble, Debussy parait plus incommode, ses structures sont plus complexes. Et c'est lui qui a entièrement renouvelé le langage de la musique française.» Extrait de l'entretien que Jun Märkl a tenu avec Jeremy Siepmann, pour cette intégrale.


Les prédécesseurs de Claude Debussy (1862-1918) ne sont pas évidement ni Berlioz, ni César Franck, mais plutôt Machaut, Monteverdi et Liszt. En bouleversant l'harmonie, le rythme et les formes de son époque, il a bouleversé le temps musical. Inversement, en structurant un temps musical nouveau, il bouleversé l'écoute de la musique. « André Boucourechliev, Le langage musical ».


Naxos: 8509002, à partir du 28 février au Canada.




dimanche 19 février 2012

Aida de Verdi dans une production du Maggio Musicale Fiorentino en 2011, chez Arthaus.


Il ReRoberto Tagliavini
AmnerisLuicana D'Intino
AidaHui He
RadamesMarco Berti
RamfisGiacomo Prestia
AmonasroAmbrogio Maestri
MessageroSaverio Fiore
SacerdotessaCaterina Di Tonno

MaggioDanza
Fiorentino Maggio Musicale Chorus and Orchestra
(chorus master: Pietro Monti)
Zubin Mehta, conductor

Ferzan Ozpetek, stage director
Dante Ferretti, set designer
Alessandro Lai, costume designer
Maurizio Calvesi, lighting designer
Francesco Ventriglia, choreographer

Recorded live from the Maggio Musicale Fiorentino, Firenze, 2011


Il a fallu attendre la fondation du Maggio Musicale Fiorentino pour que la cité toscane de Florence réapparaisse sur le devant de la scène musicale. Dans le cadre de ce festival, des artistes d'élite se retrouvent donc tous les ans aux mois de mai et de juin sur les bords de l'Arno. Ce festival avait pour vocation de présenter essentiellement des opéras tombés dans l'oubli, une ambition par rapport à laquelle les organisateurs ont cependant pris quelques libertés...Richard Eckstein, pour Arthaus.

Arthaus Musik: Dvd: 101598 et Blu-ray: 108040, à partir du 28 février au Canada.

VERDI, G.: Aida (Maggio Musicale Fiorentino, 2011) (NTSC)

samedi 18 février 2012

Tafelmusik: "The Galileo Project"; Concerto de Vivaldi pour 2 Violons



Voici un avant-goût du dernier DVD + CD de l’ensemble Tafelmusik, «The Galileo Project: Music of the Spheres» qui explore la fusion des arts avec la science et la culture dans le 17è et 18è siècle. Ce Dvd est une commémoration de la première démonstration publique du télescope de Galilée.

Tafelmusik: TMK1001DVDCD, à partir du 27 mars au Canada.




vendredi 10 février 2012

Oeuvres de Howard Hanson chez Naxos.


Howard Hanson: Symphony no.4 « Requiem »; Symphony no.5 “Sinfonia Sacra”; Elegy in Memory Serge Koussevitsky; Dies Natalis

Seattle Symphony
Gerard Schwarz, direction
Naxos 8.559703

J’aime beaucoup la musique de Howard Hanson. Cet Américain né en 1896 contribua en grande partie au développement du Romantisme en terre d’Amérique, alors que le vieux continent européen l’abandonnait pour d’autres territoires musicaux, plus « modernes » et soi-disant créatifs (ils l’étaient, créatifs, mais cela n’enlevait rien au potentiel toujours riche du langage tonal et de la démarche discursive héritée du Romantisme, chose que Hanson, entre autres, a amplement prouvé avec ses compositions).

Ce disque Naxos brillamment interprété par l‘orchestre de Seattle et son directeur artistique Gerard Schwartz (certainement l’un des plus ardents et convaincants défenseurs de la musique américaine du 20e siècle) nous offre ici un programme conceptuel où la présence du sacré se fait sentir, à l’image du compositeur lui-même. Hanson était en effet très pieux. Dans sa jeunesse, il jongla avec l’idée de devenir pasteur luthérien. Heureusement pour nous, l’art l’emporta sur la foi « professionnelle ».

Toutes les œuvres sur le disque ont un lien avec le sacré, de manière suggestive ou même parfois plus explicite.

La symphonie no.4 « Requiem » est de ce dernier ordre. Ses quatre mouvements sont nommés selon les parties du célèbre rite de la messe des morts catholique, soit « Kyrie », « Requiescat », « Dies Irae », et « Lux eterna ».
Le premier mouvement est très somptueux, en mode mineur comme il se doit, mais riche et ample, invoquant et stimulant la piété et l’humilité. Le deuxième mouvement est un largo élégiaque très bellement orchestré. Les cordes chaleureuses appuient plusieurs passages lyriques pour les bois, en particulier le hautbois et le basson. Le troisième mouvement est un scherzo acharné et martelé alors que le mouvement final reprend l’esprit expansif et choral du début avec des lignes galbées aux cordes et aux cuivres. Vers le milieu du mouvement, la musique devient tendue et tempêtueuse, plutôt dramatique dirais-je, avant d’aboutir au retour serein, annoncé par un choral de cuivres, d’un certain pastoralisme coloré par les bois appuyés, lovés presque, dans un tapis de cordes.

La symphonie no.5 « Sinfonia Sacra » est écrite d’un seul trait d’une quinzaine de minutes. Elle est néanmoins divisée en trois sections qui sont peu contrastées car l’ensemble de l’œuvre est d’une propension plutôt sombre et tragique, bien que la coda finale semble vouloir apporter un échantillon de repos spirituel. Cette symphonie témoigne d’une introspection plutôt rare chez ce compositeur. Aucun fondement explicitement confessionnel n’y est associé, mais les évidentes connections harmoniques et stylistiques avec le chant grégorien ne laissent que peu de doute sur les bases intrinsèques de la symphonie.

Elegy in Memory Serge Koussevitsky, bien que faisant peu référence à un quelconque texte sacré, procède du même esprit pénétrant. Une sorte de mélancolie enveloppe l’auditeur à l’écoute de cette élégie qui alterne des épisodes intenses et puissamment émotifs avec d’autres plus dénudés. L’hommage que voulait offrir Hanson à son prédécesseur est fortement ressenti.

Le programme se termine avec Dies Natalis, un chorale luthérien dominant suivi de 7 variations et d’un finale qui revient au climat du début, mais de manière encore plus lumineuse, voire héroïque. Dies Natalis fut composé à l’occasion du centenaire de l’état du Nebraska. On peut imaginer sans peine l’émotion créée par cette partition somptueuse, qui sert également de conclusion tout à fait appropriée à ce très bel enregistrement.


Frédéric Cardin

Rameau: Platée


Rameau: Platée

Paul Agnew (Platée)
Mireille Delunsch (La Folie, Thalie)
Yann Beuron (Thespis, Mercure)
Vincent Le Texier (Jupiter)
Doris Lamprecht (Junon)
Laurent Naouri (Cithéron)
Valérie Gabail (L’Amour, Clarine)
Frank Leguerinel (Momus)
Laura Scozzi, chorégraphe
Laurent Pelly, mise en scène et costumes
Orchestre et Chœur des Musiciens du Louvre - Grenoble
Marc Minkowski, direction
Arthaus Musik 107335 (2-DVDs)

Cette production de l’Opéra national de Paris présentée au Palais Garnier au tout début du millénaire fut, selon la plupart des commentaires de l’époque, un véritable triomphe. Cette version maintenant disponible en DVD présente la reprise de 2002 où Paul Agnew remplaçait Jean-Paul Fouchécourt, acclamé la première fois. Agnew n’est pas le dernier venu et son Platée n’est pas moins truculent de ridicule, mais surtout superbement mis en voix par cet artiste sérieux et inspirant.

Platée est un opéra baroque parmi les plus exceptionnels qui existent. L’obscurité dans laquelle il baigne encore est d’autant plus injuste.

Rameau, avec cette œuvre fantasque et éclatée, concocta un chef-d’œuvre absolu qui ne pourra que finir par conquérir la planète opéra une fois l’esthétique baroque mieux perçue et mieux acceptée au-delà des maisons spécialisées, ou celles plus audacieuses que les autres.

Platée est une nymphe de la mythologie antique, sorte de grenouille absurde régnant sur des marais « somptueux » (enfin, selon elle bien entendu). Les dieux, voulant calmer la colère de Junon, jalouse de son mari le grand Jupiter, tissent une histoire ridicule d’aventure amoureuse entre celui-ci et la risible Platée. Junon éclate de rire en voyant la nouvelle flamme de Jupiter, qui lui avoue la manigance. La blague a l’effet de rassurer Junon sur l’amour de son mari (hem…….) et de renvoyer la pauvre Platée dans ses marais, humiliée et blessée.

À travers Platée et ses dieux magouilleurs et cruels, c’est à une charge en règle contre l’aristocratie que se livrait Rameau, faisant ainsi de cet opéra un ouvrage laissant libre cours à toutes les exploitations modernes et symboliques.

La vision de Laurent Pelly est savoureuse, additionnant numéros d’esbrouffe et quiproquos plus truculents les uns que les autres. Les costumes sont à la fois suggestifs de l’époque et de notre monde contemporain, transportant ainsi toute la pièce dans un univers insolite, quelque part entre l’authenticité, le fantasque et le symbolique.

Décors, chorégraphies, éclairages, tout est teinté de ce même esprit irrévérencieux mis au service d’un spectacle qui veut à la fois redonner vie à un chef-d’œuvre du passé, relever les implications socio-politiques du texte et, surtout, ne pas bouder son plaisir!

Minkowski, qui avait déjà enregistré la partition une dizaine d’années auparavant, maîtrise parfaitement toutes les subtilités de la plume ramiste, en se permettant d’y aller encore plus avant avec des extravagances bien appropriées dans le contexte d’une œuvre aussi pétillante.

On adore.


Frédéric Cardin

lundi 6 février 2012

Dowland in Dublin chez Atma Classique.

Dowland est souvent considéré comme le premier grand compositeur «anglais». Mais se pourrait-il que Dowland soit en fait Irlandais, comme le laissent supposer certains indices? Principalement connu aujourd'hui pour la valeur expressive de ses Ayres, notamment par le caractère sombre et mélancolique de sa musique, Dowland se révèle aussi autrement dans ses ouevres et leurs titres. D'un côté il y a la mélancolie bien sûr, mais de l'autre se trouvent l'humour et la satyre. Dowland in Dublin fait la part belle à ces deux aspects moins connus de la vie du compositeur: les influences irlandaises et la légèreté. Avec la complicité du ténor américain Michael Slattery, La Nef s’est amusée à dépouiller certains Ayres de Dowland de leurs accompagnements et contrepoints complexes en cherchant à leur redonner une simplicité, une saveur «celtique». Un programme à mi-chemin entre l'«Art» et le «Folk Song».

La revue anglaise Gramophone écrivait à propos de Michael Slattery et de son interprétation du répertoire traditionnel: « Michael Slattery a une brillante carrière devant lui. C’est une réelle joie d’entendre cette musique traditionnelle... si bien interprétée, de manière si idiomatique par un artiste sérieux et si talentueux. ». Suivant l'invitation de La Nef, Dowland in Dublin est son premier enregistrement chez ATMA.

ACD22650 disponible maintenant.

J.S. Bach: La Passion selon saint Jean chez Atma Classique.


L’ensemble vocal Les Voix Baroques et l’orchestre Arion ont uni leurs forces pour ce nouvel enregistrement de la Passion selon saint Jean de Bach, sous la direction du chef et organiste Alexander Weimann. L’enregistrement a été réalisé à la chapelle du Grand Séminaire de Montréal, à la suite des prestations qui ont eu lieu au Festival Bach 2010 à Montréal. Cette Passion obéit au genre de l’oratorio, en se présentant essentiellement comme un récit commenté, avec personnification des protagonistes dont la trame fait référence aux chapitres XVIII et XIX de l’évangile de l’apôtre Jean. Dans cette oeuvre, Bach atteint l'incomparable profondeur expressive qui est la sienne par la beauté mélodique, les sentiments liés aux diverses tonalités et la richesse des harmonies.

Atma Classique ACD22611