Paul
Agnew (Platée)
Mireille
Delunsch (La Folie, Thalie)
Yann
Beuron (Thespis, Mercure)
Vincent
Le Texier (Jupiter)
Doris
Lamprecht (Junon)
Laurent
Naouri (Cithéron)
Valérie
Gabail (L’Amour, Clarine)
Frank
Leguerinel (Momus)
Laura
Scozzi, chorégraphe
Laurent
Pelly, mise en scène et costumes
Orchestre
et Chœur des Musiciens du Louvre - Grenoble
Marc
Minkowski,
direction
Arthaus
Musik 107335 (2-DVDs)
Cette
production de l’Opéra national de Paris présentée au Palais
Garnier au tout début du millénaire fut, selon la plupart des
commentaires de l’époque, un véritable triomphe. Cette version
maintenant disponible en DVD présente la reprise de 2002 où Paul
Agnew remplaçait Jean-Paul Fouchécourt, acclamé la première fois.
Agnew n’est pas le dernier venu et son Platée n’est pas moins
truculent de ridicule, mais surtout superbement mis en voix par cet
artiste sérieux et inspirant.
Platée
est un opéra baroque parmi les plus exceptionnels qui existent.
L’obscurité dans laquelle il baigne encore est d’autant plus
injuste.
Rameau,
avec cette œuvre fantasque et éclatée, concocta un chef-d’œuvre
absolu qui ne pourra que finir par conquérir la planète opéra une
fois l’esthétique baroque mieux perçue et mieux acceptée au-delà
des maisons spécialisées, ou celles plus audacieuses que les
autres.
Platée
est une nymphe de la mythologie antique, sorte de grenouille absurde
régnant sur des marais « somptueux » (enfin, selon elle
bien entendu). Les dieux, voulant calmer la colère de Junon, jalouse
de son mari le grand Jupiter, tissent une histoire ridicule
d’aventure amoureuse entre celui-ci et la risible Platée. Junon
éclate de rire en voyant la nouvelle flamme de Jupiter, qui lui
avoue la manigance. La blague a l’effet de rassurer Junon sur
l’amour de son mari (hem…….) et de renvoyer la pauvre Platée
dans ses marais, humiliée et blessée.
À
travers Platée et ses dieux magouilleurs et cruels, c’est à une
charge en règle contre l’aristocratie que se livrait Rameau,
faisant ainsi de cet opéra un ouvrage laissant libre cours à toutes
les exploitations modernes et symboliques.
La
vision de Laurent Pelly est savoureuse, additionnant numéros
d’esbrouffe et quiproquos plus truculents les uns que les autres.
Les costumes sont à la fois suggestifs de l’époque et de notre
monde contemporain, transportant ainsi toute la pièce dans un
univers insolite, quelque part entre l’authenticité, le fantasque
et le symbolique.
Décors,
chorégraphies, éclairages, tout est teinté de ce même esprit
irrévérencieux mis au service d’un spectacle qui veut à la fois
redonner vie à un chef-d’œuvre du passé, relever les
implications socio-politiques du texte et, surtout, ne pas bouder son
plaisir!
Minkowski,
qui avait déjà enregistré la partition une dizaine d’années
auparavant, maîtrise parfaitement toutes les subtilités de la plume
ramiste, en se permettant d’y aller encore plus avant avec des
extravagances bien appropriées dans le contexte d’une œuvre aussi
pétillante.
On
adore.
Frédéric
Cardin
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