Howard
Hanson: Symphony no.4 « Requiem »;
Symphony no.5 “Sinfonia Sacra”; Elegy in Memory Serge
Koussevitsky; Dies Natalis
Seattle
Symphony
Gerard
Schwarz,
direction
Naxos
8.559703
J’aime
beaucoup la musique de Howard Hanson. Cet Américain né en 1896
contribua en grande partie au développement du Romantisme en terre
d’Amérique, alors que le vieux continent européen l’abandonnait
pour d’autres territoires musicaux, plus « modernes »
et soi-disant créatifs (ils l’étaient, créatifs, mais cela
n’enlevait rien au potentiel toujours riche du langage tonal et de
la démarche discursive héritée du Romantisme, chose que Hanson,
entre autres, a amplement prouvé avec ses compositions).
Ce
disque Naxos brillamment interprété par l‘orchestre de Seattle et
son directeur artistique Gerard Schwartz (certainement l’un des
plus ardents et convaincants défenseurs de la musique américaine du
20e
siècle) nous offre ici un programme conceptuel où la présence du
sacré se fait sentir, à l’image du compositeur lui-même. Hanson
était en effet très pieux. Dans sa jeunesse, il jongla avec l’idée
de devenir pasteur luthérien. Heureusement pour nous, l’art
l’emporta sur la foi « professionnelle ».
Toutes
les œuvres sur le disque ont un lien avec le sacré, de manière
suggestive ou même parfois plus explicite.
La
symphonie no.4 « Requiem »
est de ce dernier ordre. Ses quatre mouvements sont nommés selon les
parties du célèbre rite de la messe des morts catholique, soit
« Kyrie »,
« Requiescat », « Dies Irae », et
« Lux eterna ».
Le
premier mouvement est très somptueux, en mode mineur comme il se
doit, mais riche et ample, invoquant et stimulant la piété et
l’humilité. Le deuxième mouvement est un largo élégiaque très
bellement orchestré. Les cordes chaleureuses appuient plusieurs
passages lyriques pour les bois, en particulier le hautbois et le
basson. Le troisième mouvement est un scherzo acharné et martelé
alors que le mouvement final reprend l’esprit expansif et choral du
début avec des lignes galbées aux cordes et aux cuivres. Vers le
milieu du mouvement, la musique devient tendue et tempêtueuse,
plutôt dramatique dirais-je, avant d’aboutir au retour serein,
annoncé par un choral de cuivres, d’un certain pastoralisme coloré
par les bois appuyés, lovés presque, dans un tapis de cordes.
La
symphonie no.5 « Sinfonia
Sacra » est écrite
d’un seul trait d’une quinzaine de minutes. Elle est néanmoins
divisée en trois sections qui sont peu contrastées car l’ensemble
de l’œuvre est d’une propension plutôt sombre et tragique, bien
que la coda finale semble vouloir apporter un échantillon de repos
spirituel. Cette symphonie témoigne d’une introspection plutôt
rare chez ce compositeur. Aucun fondement explicitement confessionnel
n’y est associé, mais les évidentes connections harmoniques et
stylistiques avec le chant grégorien ne laissent que peu de doute
sur les bases intrinsèques de la symphonie.
Elegy
in Memory Serge Koussevitsky,
bien que faisant peu référence à un quelconque texte sacré,
procède du même esprit pénétrant. Une sorte de mélancolie
enveloppe l’auditeur à l’écoute de cette élégie qui alterne
des épisodes intenses et puissamment émotifs avec d’autres plus
dénudés. L’hommage que voulait offrir Hanson à son prédécesseur
est fortement ressenti.
Le
programme se termine avec Dies
Natalis, un chorale
luthérien dominant suivi de 7 variations et d’un finale qui
revient au climat du début, mais de manière encore plus lumineuse,
voire héroïque. Dies
Natalis fut composé à
l’occasion du centenaire de l’état du Nebraska. On peut imaginer
sans peine l’émotion créée par cette partition somptueuse, qui
sert également de conclusion tout à fait appropriée à ce très
bel enregistrement.
Frédéric
Cardin
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