Weinberg: Cello Concerto op.43; Symphony No.20 op.150
Claes Gunnarsson, violoncelle
Gothenburg Symphony Orchestra
Thord Svedlund, dir.
Chandos SACD: CHSA 5107
J’ai déjà mentionné ici à quel point j’aime la musique de Mieczyslaw Weinberg (1919-1996), compositeur soviétique d’origine polonaise dont l’esthétique est une proche cousine de celle de Chostakovitch, sans en être un clone superficiel.
Le Concerto pour violoncelle, écrit en 1948, est tout bonnement superbe. Sa mélodie initiale, d’un ample lyrisme, donne le ton au reste de l’œuvre. On se retrouve ici en pleine atmosphère de mélancolie, elle-même empreinte de couleurs hébraïques qui rappellent évidemment les mêmes traits de plume de Chostakovitch (auquel Weinberg vouait une grande admiration). Un moderato au caractère indéniablement juif précède un allegro se voulant plus pastoral, mais où les coloris folkloriques se font plus discrets. Le mouvement final apporte une conclusion vigoureuse, teintée d’un certain sarcasme typique, mais pas aussi virulent que celui de Chostakovitch. Voici un concerto qui mériterait franchement d’être entendu bien plus souvent dans nos salles de concert!
La Symphonie no.20 a été écrite en 1988. Elle fait partie des symphonies plus « modernes » de Weinberg écrites après la mort de son mentor spirituel. En effet, après 1975, la production symphonique de Weinberg se divise principalement en 2 catégories : des symphonies « aimables », résolument dédiées au service du réalisme socialiste officiel, et visant à célébrer la patrie, le peuple et la grandeur des idéaux socialistes, puis une autre catégorie, celle des symphonies « personnelles », où le compositeur se permettait d’explorer de nouveaux territoires sonores.
L’op.150 fait partie de ce groupe. L’expression franchement austère de cette symphonie n’enlève en rien la remarquable qualité de son écriture texturée et pointilliste. Austérité, oui, abstraction formaliste, non. Weinberg conserve toute sa prose discursive, cette fois encadrée dans une conception stoïcienne et dépouillée de l’expression symphonique. Il sait jouer avec les bois comme le meilleur Chostakovitch, mais il se permet une exploration harmonique que le maître n’a jamais osé tenter. Deux longs mouvements lents encadrent trois courts mouvements plus rapides. Le 4e, un scherzo assez massif comparé aux autres mouvements, est particulièrement spectaculaire. Le 5e et dernier mouvement, se termine, ironiquement sur un accord majeur affirmatif, comme une sorte de clin d’œil ou de sourire en coin. L’homme avait manifestement le sens de l’humour.
Performance nec plus ultra de Claes Gunnarsson au violoncelle et de l’orchestre de Gothenburg sous la baguette convaincante de Thord Svedlund.
Frédéric Cardin
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