Vivaldi
: Teuzzone
Paolo
Lopez (Teuzzone); Raffaella Milanesi (Zidiana); Delphinae Galou
(Zelinda); Roberta Mameli (Cino); Furio Zanasi (Sivenio); Antonio
Giovannini (Egaro)
Naïve
OP 30513 (3CD)
Teuzzone
est un opera que Vivaldi composa en 1718 sur un livret d’Apostolo
Zeno, souvent réadapté par plusieurs autres compositeurs de
l’époque.
L’intrigue
nous transporte en Chine, après la mort héroïque de l’Empereur.
Une guerre de succession sert de canevas à une série d’alliances
et de trahisons à quoi, bien entendu, plusieurs trames amoureuses
impliquent tous les personnages dans des chassés-croisés complexes
et parfois alambiqués.
La veuve
de l’Empereur, Zidiana, s’allie à Sivenio et Cino, tous deux
amoureux d’elle, afin de s’emparer du pouvoir en trafiquant le
testament du monarque décédé, qui légauait tout son pouvoir à
son fils. Zidiana est secrètement amoureuse de Teuzzone, le prince,
qui lui est amoureux d’une princesse païenne, Zelinda. Il ne se
préoccupe guère de politique, mais par la force des choses, finit
par lutter pour obtenir son dû. La trame de fond de la Cité
Interdite n’est rien de plus que cela, finalement : un décor.
Tout comme les personnages d’ailleurs, dont les noms et la posture
n’ont rien de chinois! L’exotisme orientalisant n’est guère
présent, non plus, dans la partition de Vivaldi.
Qu’à
cela ne tienne, Vivaldi réalise encore ici des petits miracles de
mélodies, de drame et de passion. Teuzzone
est une redécouverte musicale majeure. Le Prêtre Roux s’y dépasse
en caractère et en puissance émotive.
Les
solistes sont en majorité très bons, à commencer par Paolo Lopez
dans le rôle de Teuzzone. Son timbre de sopraniste est clair et
limpide, sa technique fluide, ses phrasés libre et naturels. J’ai
beaucoup aimé Mme Milanesi dans le rôle de la comploteuse Zidiana.
Son mezzo démontre assez de puissance, mais aucune lourdeur.
Zelinda, campée par la contralto Delphine Galou, fait montre d’une
personnalité affirmée.
La
direction de Jordi Savall est un peu retenue, mais ose se laisser
aller là où ça compte, en particulier dans certains épisodes
marqués furioso.
Naïve
continue de nous révéler d’autres fabuleux trésors de l’immense
leg artistique d’Antonio Vivaldi. Ah, si cela pouvait ne jamais
s’arrêter!
Frédéric
Cardin
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