Saariaho:
Works for Orchestra
Artistes
variés (Christoph Eschebach, Jukka-Pekka Saraste, Esa-Pekka Salonen,
Tapiola Chamber Choir, Avanti! Chamber Orchestra, etc.)
Ondine
ODE 1113-2Q (4CD)
Comment
décrire la musique de la finnoise Kaija Saariaho (née en 1952)?
J’oserais dire une rencontre du spectralisme avec un certain
lyrisme moderne des pays du giron de l’ex-URSS. Les compositions de
Saariaho vibre d’une énergie interne incessante, mais habilement
calibrée, refusant le débordement, ce qui confinerait au vulgaire.
C’est une musique doucement et intelligemment fébrile, toute en
luminosité kaléidoscopique. C’est atonal, rempli de dissonances
bien sûr, au cas où vous voudriez qu’on vous le dise de cette
manière, mais c’est aussi remarquablement scintillant, comme des
éclats de verre subtilement teintés de diverses déclinaisons de
bleu-blanc-argenté et sur lesquels l’on projetterait une lumière
forte et directe, mais non dénuée de chaleur.
Les
titres donnés par Saariaho à ses œuvres témoignent de cette
vision : Lichtbogen,
Grammaire des rêves, Du cristal…à la fumée, Solar, Nymphéa
Reflexion, Orion, Mirage,
etc.
La
plupart des pièces sont pour orchestre, mais quelques-unes sont pour
soliste vocal et orchestre. Saariaho maîtrise très bien l’écriture
pour la voix, offrant aux chanteurs des canevas qui leur permettent
de s’exprimer de façon élégante, malgré la difficulté de la
partition orchestrale. L’expérience de la compositrice à l’opéra
lui permet d’accomplir ce que certains compositeurs contemporains
ne peuvent faire.
Je vous
laisserai sur cette citation de Petar Sellars à propos de Saariaho,
que je traduit librement (je la trouve tout simplement parfaite pour
comprendre cette musique) :
« La
force vitale dans la musique de Kaija Saariaho est son mariage
d’éveil sensitif et de troublante nudité émotionnelle. Une
honnêteté crue et sans ambages transpire à travers le voile de
mystère de ces oeuvres. Cette musique est un système climatique
magique, obsessif et immersif qui crée un sentiment d’extase, de
purification et de renouveau. »
Frédéric
Cardin
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