vendredi 17 août 2012

Saariaho: oeuvres orchestrales chez Ondine.


Saariaho: Works for Orchestra
Artistes variés (Christoph Eschebach, Jukka-Pekka Saraste, Esa-Pekka Salonen, Tapiola Chamber Choir, Avanti! Chamber Orchestra, etc.)
Ondine ODE 1113-2Q (4CD)

Comment décrire la musique de la finnoise Kaija Saariaho (née en 1952)? J’oserais dire une rencontre du spectralisme avec un certain lyrisme moderne des pays du giron de l’ex-URSS. Les compositions de Saariaho vibre d’une énergie interne incessante, mais habilement calibrée, refusant le débordement, ce qui confinerait au vulgaire. C’est une musique doucement et intelligemment fébrile, toute en luminosité kaléidoscopique. C’est atonal, rempli de dissonances bien sûr, au cas où vous voudriez qu’on vous le dise de cette manière, mais c’est aussi remarquablement scintillant, comme des éclats de verre subtilement teintés de diverses déclinaisons de bleu-blanc-argenté et sur lesquels l’on projetterait une lumière forte et directe, mais non dénuée de chaleur.

Les titres donnés par Saariaho à ses œuvres témoignent de cette vision : Lichtbogen, Grammaire des rêves, Du cristal…à la fumée, Solar, Nymphéa Reflexion, Orion, Mirage, etc.

La plupart des pièces sont pour orchestre, mais quelques-unes sont pour soliste vocal et orchestre. Saariaho maîtrise très bien l’écriture pour la voix, offrant aux chanteurs des canevas qui leur permettent de s’exprimer de façon élégante, malgré la difficulté de la partition orchestrale. L’expérience de la compositrice à l’opéra lui permet d’accomplir ce que certains compositeurs contemporains ne peuvent faire.

Je vous laisserai sur cette citation de Petar Sellars à propos de Saariaho, que je traduit librement (je la trouve tout simplement parfaite pour comprendre cette musique) :

« La force vitale dans la musique de Kaija Saariaho est son mariage d’éveil sensitif et de troublante nudité émotionnelle. Une honnêteté crue et sans ambages transpire à travers le voile de mystère de ces oeuvres. Cette musique est un système climatique magique, obsessif et immersif qui crée un sentiment d’extase, de purification et de renouveau. »

Frédéric Cardin

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