Krenek:
Complete Symphonies
NDR
Radiophilharmonie Hannover
Takao
Ukigaya & Alun Francis, dir.
CPO
777 695-2 (4CD)
Enfin
réunies dans un seul coffret, les symphonies d’Ernst Krenek
(1900-1991) telles que lues et superbement jouées par l’orchestre
de Hanovre, sont maintenant disponible. Bien sûr, il s’agit d’une
parution de la maison CPO, l’une des seules à oser ce genre
d’aventure, probablement peu payante mais ô combien essentielle au
plan artistique et historique. Merci et bravo.
Krenek
est un compositeur très peu fréquenté. Sa musique n’est pas à
proprement parler « facile », mais elle est dense,
brillamment construite et peut être communicative même dans sa plus
robuste modernité.
La
première symphonie (1922) est passablement néo-romantique, bien que
l’on devine l’attrait de la modernité schoenbergienne dans ces
harmonies tendues, presque sur le point de se briser.
C’est
d’ailleurs ce qu’elles feront dans la deuxième symphonie,
complétée peu longtemps après en 1923. Cette œuvre en est une de
transition, où l’atonalisme alors en train de révolutionner la
musique savante prend sa place aux côtés de réminiscences lyriques
héritées des années de formation du compositeur.
Les
troisième, quatrième et cinquième symphonies empruntent plus
résolument la voie de la Seconde École de Vienne, et
particulièrement les nos 4 & 5, composées après un hiatus
« symphonique » de plus d’une décennie, soit entre
1947 et 1949. Ce qu’il y a d’intéressant chez Krenek, cependant,
c’est sa faculté d’organiser cette modernité quelque peu acerbe
en discours résolument communicatif. La musique des dernières
symphonies de Krenek est sérieuse, certes, mais elle raconte quelque
chose, elle évite le piège du « tout cérébral ».
Krenek
composa une symphonie intitulée Pallas
Athene en 1954, mais
également une Symphonie
pour vents et percussions
et une Kleine Symphonie,
mais elles ne se retrouvent pas dans cette intégrale n’ayant
apparemment pas encore été endisquées. Ce que nous avons ici est
en fait une intégrale des symphonies « numérotées ».
Il reste donc encore du travail à faire pour nos amis de chez CPO!
L’orchestre
de Hanovre est exemplaire sous la direction de Takao Ukigaya dans les
trois premiers des quatre disques que comprend le coffret. C’est
Alun Francis qui se charge du 4e
volume, celui qui comprend la Symphonie no.4 et le Concerto Grosso.
Francis est un habitué des découvertes proposées par CPO.
Direction soignée et convaincue.
Un
coffret que je vous souhaite d’avoir dans votre discothèque si
vous aimez la musique du 20e
siècle.
Frédéric
Cardin
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