vendredi 13 janvier 2012

Philippe Gaubert : Au pays basque; Concerto pour violon; Poème romanesque pour violoncelle et orchestre; Le Cortège d’Amphitrite


Philippe Gaubert: Works for Orchestra Volume 3

Philippe Graffin, violon
Henri Demarquette, violoncelle
Orchestre Philharmonique du Luxembourg
Marc Soustrot, direction
Timpani 1C11896



Ce disque est le troisième et dernier volet d’une intégrale des œuvres symphoniques et concertantes de Philippe Gaubert (1879-1941) parue chez l’essentielle maison Timpani.

Gaubert fut un compositeur orchestralement habile, capable de créer des atmosphères évocatrices enluminées, parsemées d’échos romantiques, de nuances debussystes et d’un certain académisme non contraignant, ce qui lui permit d’éviter un autre piège : celui d’imiter le modernisme de l’époque au point d’en perdre sa propre personnalité.

Sa musique est éminemment agréable, intelligente, pleine d’un savoir élargi, lui-même héritier d’une culture classique accomplie.

Au pays basque est un poème symphonique évocateur qui nous ramène aux séjours fréquents du compositeur dans cette région pittoresque et engageante.
Le Concerto pour violon de 1929 ne trahit pas du tout son année de création. Il est poétique et magnifiquement allusif. Philippe Graffin est l’un des très bons violonistes français de sa génération. Il est dommage qu’on ne l’entende pas plus souvent. Profitez-donc de son timbre riche et velouté dans cette belle découverte!

Le Poème romanesque exprime le côté plus romantique de Gaubert et sa capacité à dessiner des paysages amples et expressifs. Henri Demarquette est un violoncelliste que je ne connaissais pas avant cette écoute, et je fus impressionné par la puissance de sa portée sonore.

Le Cortège d’Amphitrite illumine le poème symboliste du même titre d’Albert Samain avec toute la sensualité fiévreuse et envoûtante que le texte réclame. Constatez par vous-même :


Le cortège léger glisse aux plaines liquides ;
Une rose lueur teinte le flot changeant ;
C’est la jeune Amphitrite, en sa conque d’argent,
Qui passe sur la mer avec ses Néréides.
L’archipel a surgi vers les lointains limpides…
Les Tritons font sonner leurs trompes en nageant ;
Et de leurs bras la nymphe en vain se dégageant,
Sent ses beaux seins piqués par leurs barbes squalides.
Les vagues doucement ondulent… L’air est pur.
Amphitrite sourit, toute nue, à l’azur…
Son voile de safran palpite comme une aile,
Et la brise ramène en avant ses cheveux,
Pendant que les dauphins de leurs mufles hideux,
Font jaillir l’eau marine en gerbes devant elle.
Albert Samain

Marc Soustrot et l’Orchestre du Luxembourg sont des habitués des escapades proposées par les passionnés de chez Timpani. Ils jouent avec ardeur et conviction une musique qui ne mérite pas l’oubli dans lequel elle est tenue depuis près d’un siècle.

Chapeau bas messieurs.



Frédéric Cardin

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