Ivan
Garcia, voix
Ablaye
Cissoko, voix et kora
Teresa
Paz, voix
Tato
Ruiz, voix et cuatro
Carolina
Egüez, voix
La
Chimera
Eduardo
Egüez, direction
Naïve E
8931
La
Chimera est un ensemble de musique ancienne à géométrie variable
qui s’est fait une spécialité de fusionner (intelligemment et
très habilement) la musique médiévale et de la Renaissance avec
des traditions musicales non-européennes, en particulier celles des
Amériques. Leur dernière aventure en date est celle de cette
« odyssée nègre » qui les amène à côtoyer des
musiciens, des sonorités et des traditions de l’Amérique noire et
antillaise.
Disons
d’emblée que cette fusion est amplement réussit. La preuve que le
terme honni de « crossover », s’il est trop souvent
synonyme d’opportunisme commercial peu convaincant, peut également
se révéler être l’inspiration privilégiée d’un processus de
rencontres et d’échanges non seulement constructifs, mais surtout
créatifs et enrichissants!
La
Chimera, constituée ici de neuf musiciens de haut calibre
s’exprimant remarquablement bien aussi bien aux diverses violes
qu’au violon, à la harpe ou au théorbe, s’associe avec
d’excellents musiciens traditionnels de culture africaine et
caribéenne (l’Afrique est le creuset principal d’une large
partie de la culture musicale de cet espace lourdement marqué par
l’esclavage).
La
présence du joueur de kora (un instrument africain à cordes pincées
littéralement magique de beauté et de subtilités timbrales) Ablaye
Cissoko sera particulièrement mémorable à tous ceux qui ne
connaissent pas déjà cet instrument merveilleux et la remarquable
musique qui en est issue.
C’est
une Amérique centrale caribéenne mais aussi tributaire d’un
certain « imaginaire » local qui est proposée dans ce
parcours composé de 19 stations témoignant de la riche diversité
culturelle de cette partie du monde. Des negrillas
(chants polyphoniques issus des missions régionales) au son
et la habanera
cubaine, en passant par la jacara
baroque, le meringue
et le joropo
vénézuéliens, l’ensemble de cette messe profane hétéroclite
est très habilement ficelé dans un scénario cohérent qui s’appuie
non sans raison sur la musique, ou plutôt les
musiques proposées. Leur proximité, autant stylistique
qu’affective, est soulignée par des arrangements brillants et
jamais ampoulés. Toutes ces musiques conversent naturellement,
telles des amies qu’on avait depuis trop longtemps oublié de
réunir.
Vive la
mixité!
Frédéric
Cardin
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