mardi 30 novembre 2010
Marc Hervieux à L'Archambault Laval
dimanche 14 novembre 2010
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lundi 23 août 2010
Hector Berlioz Symphonie Fantastique
Hector Berlioz (1803-1869)
Symphonie fantastique, op 14
Le Roi Lear (Ouverture), op. 4
Orchestre symphonique de Pittsburgh
Marek Janowski. Pentatone PTC 5186 338
SACD hybride. Durée : 66 min. 22. Enregistré en novembre 2009.
Distribué au Canada par Naxos
1830, année révolutionnaire pour la France dont le paysage culturel fut projeté irrévocablement dans le Romantisme. Dans une même année éclata le scandale du drame Ernani de Victor Hugo, Lamartine fut élu à l’Académie française quoique non sans difficulté, le public découvrit la célèbre toile La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix et assista à la première de la Symphonie fantastique (ou Épisode de la vie d’un artiste) de Berlioz. Dans son Histoire du romantisme, Théophile Gautier écrivait à propos de cette génération dite de 1830 : « Une sève de vie nouvelle circulait impétueusement, tout germait, tout bourgeonnait, tout éclatait à la fois … L’art se renouvelait sur toutes ses faces; la poésie, le théâtre, le roman, la peinture, la musique formaient un bouquet de chefs-d’œuvre. »
Inutile d’insister sur l’importance historique de cette symphonie délibérément à programme autobiographique (dont le texte de l’argument devait être remis aux auditeurs car « indispensable à l’intelligence complète du plan dramatique » selon les propos du compositeur). Le très grand nombre de versions endisquées en fait foi. Sa structure en cinq parties, parcourue de part en part d’une « idée fixe », image de la bien-aimée présentée en diverses variations, bousculait les normes auxquelles étaient familiers les habitués des concerts symphoniques (Rêveries-Passions; Un bal; Scène aux champs; Marche au supplice; Songe d’une nuit du Sabbat, cette dernière indiquant des sous-scènes concluant l’œuvre : Dies irae, Ronde du sabbat, Des irae et ronde du sabbat ensemble).
L’instrumentation et effets orchestraux fourmillaient de sonorités inédites pour les auditeurs qui étaient encore subjugués par les symphonies de Beethoven et les opéras italiens. Il fallait que Berlioz trouve des solutions originales pour sortir les compositeurs de cette génération de l’immense torpeur créée par les sommets vertigineux du maître vénéré de Bonn; on n’a qu’à se rappeler les longues hésitations de Brahms avant d’accoucher de sa première symphonie.
Berlioz réussit, grâce à cette œuvre toujours d’une fraîcheur vivifiante et écrite en seulement trois mois (!), à s’imposer comme brillant illustrateur musical et personnalité créatrice audacieuse. Je pense notamment à la dissonance des quatre timbales pour évoquer le fracas lointain du tonnerre, aux huit divisi des violons et altos ouvrant le mouvement du Songe d’une nuit du Sabbat, au glissando de la clarinette en mi bémol et aux cordes frottées par l’archet pour représenter les personnages typiques du romantisme noir, mais aussi à la sublime sobriété de la coda marquée Religiosamente, apaisement final d’un épisode passionnel soumis aux « mouvements de fureur, de jalousie », à l’atmosphère voluptueuse d’une scène de bal animée d’une valse se terminant dans une frénésie enivrante, au contrechant d’un hautbois hors-scène dialoguant dans le lointain d’un soir en campagne. Tant d’images parmi d’autres si délicieuses pour les mélomanes de notre siècle mais qui ont dû vivement surprendre ceux de 1830 !
Bien qu’il existe déjà plusieurs enregistrements qui font autorité, celui-ci détient une place respectable au statut de référence tant l’interprétation est à la hauteur des ambitions du compositeur et la sonorité merveilleusement dévoilée par la qualité de l’enregistrement. Les contrastes parfois très subtils reçoivent le relief approprié pour les nuances expressives que ce soit pendant les effets d’ensemble ou pour éclairer le contour d’instruments qui doivent se distinguer de la masse (écoutez attentivement les solos marqués pppp de la flûte et de la clarinette à partir de la mesure 118 de la Scène aux champs). Tout est rendu avec une souplesse magistrale qui nous laisse avec le souvenir d’une narration musicale impérissable, sinon avec le désir de la ré-entendre aussitôt.
Contrairement à ce que pourrait laisse croire son numéro d’opus, l’ouverture du Roi Lear a été composée en 1831 et, tel que le note Ronald Vermeulen dans le livret du disque, « suit à la lettre le déroulement de la pièce de théâtre de Shakespeare ». Elle complète fort bien le programme car l’inspiration mélodique et dramatique ne s’était point épuisée après l’énergie requise pour réaliser quelques mois auparavant le chef-d’œuvre de la Symphonie fantastique qui avait mobilisé autour de 130 musiciens lors de sa création et qui avait certainement contribué à l’euphorie dont témoignait Théophile Gautier.
Guy Sauvé
Août 2010
lundi 21 juin 2010
Ne mortem timueritis
L'étiquète Ars Musici nous présente deux albums dédiés au compositeur flamand Jacobus Vaet, interprétés par l'ensemble Dufay
samedi 19 juin 2010
Gaïtani le trio Tzane ou la rencontre de trois femmes
vendredi 4 juin 2010
Deux pianistes, le même concours.
lundi 17 mai 2010
Louis Spohr
Concertante pour 2 violons et orchestre no. 1, op. 48
Concertante pour 2 violons et orchestre, no.2, op. 88
Duo pour 2 violons, op. 3, no. 3
Henning Kraggerud, violon
Oyvond Bjora, violon
Oslo Camerata et Orchestre de chambre Barratt-Due
Stephan Baratt-Due, chef
Naxos 8570840
Dans sa biographie consacrée à Spohr (Eds. Papillon, coll. Mélophiles, Genève 2006), la musicologue Hélène Cao écrit : « La musique de Spohr reflète ce passage du classicisme au romantisme, tout en résistant aux classifications expéditives : si l’influence de Haydn et de Mozart restera longtemps perceptible, son langage s’émancipe rapidement de celui de ces deux modèles; en même temps, il ne correspond pas à l’idée « progressiste » qu’on se fait du romantisme. De là vient en partie l’oubli dans lequel Spohr est tombé car la postérité aime à ranger les artistes dans des cases soigneusement étiquetées et ne garde la mémoire de quelques figures emblématiques. »
Depuis l’année où ce livre a été publié, on peut dire que l’édition discographique a largement contribué à réhabiliter un des musiciens les plus actifs de la première moitié du dix-neuvième siècle. À ce jour, des quelque 300 œuvres que l’on a répertoriées, on a maintenant enregistré ses 18 concertos pour violon et orchestre, ses 10 symphonies, ses 4 concertos pour clarinette, ses 5 trios avec piano, ses 7 quintettes à cordes, ses 4 double quatuors à cordes, de la musique de chambre pour grand ensemble (septuor, octuor et nonette) et presque toutes ses ouvertures.
Bien qu’il reste encore bon nombre d’opus à enregistrer, notamment ceux qui comportent des combinaisons instrumentales plutôt originales pour l’époque, on peut supposer que plusieurs autres albums viendront sous peu ajouter leurs pierres à l’édifice d’une œuvre monumentale. Il était grand temps que l’ombre du grand Beethoven sur ses contemporains se dissipe peu à peu.
Devant un choix déjà assez vaste, les deux concertantes (ou concertos) pour deux violons offertes ici s’avèrent un bon choix pour le mélomane qui souhaite s’initier à ce compositeur qui exprimait sans gêne, notamment dans son autobiographie, sa déception envers la superficialité des amateurs et la complaisance de certains compositeurs. Bien sûr, pour l’apprécier à sa juste valeur, il faut accorder notre écoute dans la perspective du répertoire de la première moitié du XIXème siècle et non pas avec les Brahms, Liszt, Wagner et leur suite mais plutôt dans la lignée des Weber, Mendelssohn, Rossini, Paganini par exemple.
Des deux Concertantes, je préfère la deuxième. Dans les deux cas, Spohr fait preuve d’une verve mélodique indéniable, d’une originalité technique (« qui devait rapidement lui valoir une réputation d’égal de Beethoven », selon Hartmut Becker) et d’une virtuosité éblouissante. Mais il concède l’écriture brillante de la première mouture au profit d’une maturité d’expression et d’un équilibre formel plus satisfaisant dans la seconde. Je pense notamment au troisième mouvement où l’atmosphère chaleureuse de l’accompagnement orchestral se conjugue fort bien avec le caractère décidé du thème.
J’ai eu l’occasion de comparer cette interprétation avec celle enregistrée sept ans plus tôt, en 2001 chez CPO (999798-2 avec les solistes Ulf et Gunhild Hoelscher). Alors que ces derniers jouent tellement de prudence que le tempo s’en ressent au point d’en être appesanti dans les deux œuvres, ils n’évitent pas pour autant les fréquents problèmes d’intonation; l’intention est honnête mais ne parvient pas à convaincre. Avec les solistes choisis chez Naxos, on admirera la fraîcheur, voire même le goût du risque, qui laissent le mélomane admiratif devant tant d’audace. À part le premier mouvement de la Concertante no. 1 qui, dans les deux versions, met en évidence les écueils périlleux (bien avant que soient publiés les caprices et concertos de Pagnini), les solistes norvégiens se tirent nettement mieux d’affaire et nous parviennent dans tous les autres mouvements à une réussite qui mérite d’être soulignée.
Le Duo, composé en 1803 et d’une durée de près de dix minutes, comporte sept sections brèves qui démontrent la variété d’idées motiviques dont était capable le compositeur –pédagogue. Les étudiants auront intérêt à pratiquer cette étude, un beau complément de programme qui ne sombre pas, loin de là, à la sécheresse académique.
Guy Sauvé
Mai 2010
dimanche 7 mars 2010
Felix Weingartner, compositeur et chef d'orchestre.
Concerto pour violon, op. 52
Schubert : Symphonie (no 7), D 729, arrangée
Laurent Albrecht Breuninger, violon
SWR Rundfunkorchester Kaiserlautern
Alun Francis, chef
CPO 999 424-2
La carrière de Felix Weingartner, né en Autriche, comporte essentiellement deux volets : chef d’orchestre et compositeur, les deux ayant démarré la même année, 1884, avec la création de son premier opéra Sakuntala, et l’obtention du poste de direction de l’orchestre de l’opéra de Königsberg. En examinant le nombre d’œuvres d’envergure qu’il a écrites (9 opéras, 7 symphonies, 5 quatuors à cordes, poèmes et ouvertures symphoniques, un octuor, un sextuor, etc), on a raison de se demander laquelle de ces occupations a pris le plus de place dans sa vie.
Heureusement pour le mélomane curieux d’apprécier les perles rares du post-romantisme, la firme CPO a déjà produit près d’une dizaine de disques de musique symphonique et de chambre, de sorte qu’on peut maintenant se faire une bonne idée de son talent de compositeur. Le présent disque sort des sentiers en proposant pour la première fois à son catalogue un concerto et un arrangement.
Le concerto en trois mouvements pour violon et orchestre op. 52, créé en 1912 par un Fritz Kreisler à l’aube de sa célébrité, démontre une maîtrise de l’écriture pour l’instrument rivalisant de virtuosité et de cadences redoutables avec les autres concertos fermement établis au répertoire. On retrouve par moments l’opulence brahmsienne dans le premier mouvement, des passages tantôt suaves tantôt pétillants dans le deuxième, un thème enjoué dans le troisième tout en bravoure, intitulé « Caprice savoyard ».
L’interprétation de Laurent Albrecht Breuninger, gagnant de plusieurs prix dont un lors d’une compétition internationale de violon tenue à Montréal en 1995, est à la hauteur de la commande fort exigeante. Lors de bref épisodes de quelques secondes, la masse orchestrale écrase la partie soliste, mais cela compte peu en regard des pages héroïques brillamment défendues par le soliste.
Allons à Schubert. Les mélomanes désirant acquérir une « intégrale » des symphonies de Schubert doivent regarder attentivement le contenu des boîtiers car, dans la grande majorité des cas, il y a un trou béant entre la sixième et la huitième. Où est donc passée la septième ? Elle existe pourtant même si Schubert ne lui a pas attribué de numéro. Il avait, contrairement à d’autres esquises ou autres oeuvres du genre demeurées inachevées, apposé la mention Fine, dignement calligraphiée, au terme de quatre mouvements, des quelque 1350 mesures, toutes bel et bien « barrées ».
Le hic : seules les cent dix premières mesures comportent l’orchestration complète. Tout le reste est noté jusqu’à la fin par des lignes mélodiques accompagnées de basses, soit aux premiers violons, soit aux instruments à vent (seul ou en groupe) prenant le relai. Selon Sir George Grove qui reçut le manuscrit entier en 1861, « chaque mesure est inscrite, les tempi et les noms des instruments sont écrits au début de chaque mouvement, toutes les nuances sont indiquées .»
Trois musiciens ont donc cédé à cette tentation. Il y eût d’abord John Francis Barnett en 1883 mais il ne subsiste maintenant que la réduction pour piano. Ensuite, il y eût Weingartner. Finalement, le musicologue Brian Newbould qui bénéficie de la plus grande diffusion, notamment avec la version de Sir Neville Marriner dans un coffret de six cds parus chez Philips (Dix symphonies et les deux esquisses D 615 et D 708a), la belle version de Charles Mackerras sur Hyperion (un cd, avec la 10ème et les deux esquisses) et son orchestration de la septième, enregistrée isolément chez Koch Schwann-Musica Mundi avec Gabriel Chmura.
Mars 2010