Louis Spohr (1784-1859)
Concertante pour 2 violons et orchestre no. 1, op. 48
Concertante pour 2 violons et orchestre, no.2, op. 88
Duo pour 2 violons, op. 3, no. 3
Henning Kraggerud, violon
Oyvond Bjora, violon
Oslo Camerata et Orchestre de chambre Barratt-Due
Stephan Baratt-Due, chef
Naxos 8570840
Dans sa biographie consacrée à Spohr (Eds. Papillon, coll. Mélophiles, Genève 2006), la musicologue Hélène Cao écrit : « La musique de Spohr reflète ce passage du classicisme au romantisme, tout en résistant aux classifications expéditives : si l’influence de Haydn et de Mozart restera longtemps perceptible, son langage s’émancipe rapidement de celui de ces deux modèles; en même temps, il ne correspond pas à l’idée « progressiste » qu’on se fait du romantisme. De là vient en partie l’oubli dans lequel Spohr est tombé car la postérité aime à ranger les artistes dans des cases soigneusement étiquetées et ne garde la mémoire de quelques figures emblématiques. »
Depuis l’année où ce livre a été publié, on peut dire que l’édition discographique a largement contribué à réhabiliter un des musiciens les plus actifs de la première moitié du dix-neuvième siècle. À ce jour, des quelque 300 œuvres que l’on a répertoriées, on a maintenant enregistré ses 18 concertos pour violon et orchestre, ses 10 symphonies, ses 4 concertos pour clarinette, ses 5 trios avec piano, ses 7 quintettes à cordes, ses 4 double quatuors à cordes, de la musique de chambre pour grand ensemble (septuor, octuor et nonette) et presque toutes ses ouvertures.
Bien qu’il reste encore bon nombre d’opus à enregistrer, notamment ceux qui comportent des combinaisons instrumentales plutôt originales pour l’époque, on peut supposer que plusieurs autres albums viendront sous peu ajouter leurs pierres à l’édifice d’une œuvre monumentale. Il était grand temps que l’ombre du grand Beethoven sur ses contemporains se dissipe peu à peu.
Devant un choix déjà assez vaste, les deux concertantes (ou concertos) pour deux violons offertes ici s’avèrent un bon choix pour le mélomane qui souhaite s’initier à ce compositeur qui exprimait sans gêne, notamment dans son autobiographie, sa déception envers la superficialité des amateurs et la complaisance de certains compositeurs. Bien sûr, pour l’apprécier à sa juste valeur, il faut accorder notre écoute dans la perspective du répertoire de la première moitié du XIXème siècle et non pas avec les Brahms, Liszt, Wagner et leur suite mais plutôt dans la lignée des Weber, Mendelssohn, Rossini, Paganini par exemple.
Des deux Concertantes, je préfère la deuxième. Dans les deux cas, Spohr fait preuve d’une verve mélodique indéniable, d’une originalité technique (« qui devait rapidement lui valoir une réputation d’égal de Beethoven », selon Hartmut Becker) et d’une virtuosité éblouissante. Mais il concède l’écriture brillante de la première mouture au profit d’une maturité d’expression et d’un équilibre formel plus satisfaisant dans la seconde. Je pense notamment au troisième mouvement où l’atmosphère chaleureuse de l’accompagnement orchestral se conjugue fort bien avec le caractère décidé du thème.
J’ai eu l’occasion de comparer cette interprétation avec celle enregistrée sept ans plus tôt, en 2001 chez CPO (999798-2 avec les solistes Ulf et Gunhild Hoelscher). Alors que ces derniers jouent tellement de prudence que le tempo s’en ressent au point d’en être appesanti dans les deux œuvres, ils n’évitent pas pour autant les fréquents problèmes d’intonation; l’intention est honnête mais ne parvient pas à convaincre. Avec les solistes choisis chez Naxos, on admirera la fraîcheur, voire même le goût du risque, qui laissent le mélomane admiratif devant tant d’audace. À part le premier mouvement de la Concertante no. 1 qui, dans les deux versions, met en évidence les écueils périlleux (bien avant que soient publiés les caprices et concertos de Pagnini), les solistes norvégiens se tirent nettement mieux d’affaire et nous parviennent dans tous les autres mouvements à une réussite qui mérite d’être soulignée.
Le Duo, composé en 1803 et d’une durée de près de dix minutes, comporte sept sections brèves qui démontrent la variété d’idées motiviques dont était capable le compositeur –pédagogue. Les étudiants auront intérêt à pratiquer cette étude, un beau complément de programme qui ne sombre pas, loin de là, à la sécheresse académique.
Guy Sauvé
Mai 2010
Concertante pour 2 violons et orchestre no. 1, op. 48
Concertante pour 2 violons et orchestre, no.2, op. 88
Duo pour 2 violons, op. 3, no. 3
Henning Kraggerud, violon
Oyvond Bjora, violon
Oslo Camerata et Orchestre de chambre Barratt-Due
Stephan Baratt-Due, chef
Naxos 8570840
Dans sa biographie consacrée à Spohr (Eds. Papillon, coll. Mélophiles, Genève 2006), la musicologue Hélène Cao écrit : « La musique de Spohr reflète ce passage du classicisme au romantisme, tout en résistant aux classifications expéditives : si l’influence de Haydn et de Mozart restera longtemps perceptible, son langage s’émancipe rapidement de celui de ces deux modèles; en même temps, il ne correspond pas à l’idée « progressiste » qu’on se fait du romantisme. De là vient en partie l’oubli dans lequel Spohr est tombé car la postérité aime à ranger les artistes dans des cases soigneusement étiquetées et ne garde la mémoire de quelques figures emblématiques. »
Depuis l’année où ce livre a été publié, on peut dire que l’édition discographique a largement contribué à réhabiliter un des musiciens les plus actifs de la première moitié du dix-neuvième siècle. À ce jour, des quelque 300 œuvres que l’on a répertoriées, on a maintenant enregistré ses 18 concertos pour violon et orchestre, ses 10 symphonies, ses 4 concertos pour clarinette, ses 5 trios avec piano, ses 7 quintettes à cordes, ses 4 double quatuors à cordes, de la musique de chambre pour grand ensemble (septuor, octuor et nonette) et presque toutes ses ouvertures.
Bien qu’il reste encore bon nombre d’opus à enregistrer, notamment ceux qui comportent des combinaisons instrumentales plutôt originales pour l’époque, on peut supposer que plusieurs autres albums viendront sous peu ajouter leurs pierres à l’édifice d’une œuvre monumentale. Il était grand temps que l’ombre du grand Beethoven sur ses contemporains se dissipe peu à peu.
Devant un choix déjà assez vaste, les deux concertantes (ou concertos) pour deux violons offertes ici s’avèrent un bon choix pour le mélomane qui souhaite s’initier à ce compositeur qui exprimait sans gêne, notamment dans son autobiographie, sa déception envers la superficialité des amateurs et la complaisance de certains compositeurs. Bien sûr, pour l’apprécier à sa juste valeur, il faut accorder notre écoute dans la perspective du répertoire de la première moitié du XIXème siècle et non pas avec les Brahms, Liszt, Wagner et leur suite mais plutôt dans la lignée des Weber, Mendelssohn, Rossini, Paganini par exemple.
Des deux Concertantes, je préfère la deuxième. Dans les deux cas, Spohr fait preuve d’une verve mélodique indéniable, d’une originalité technique (« qui devait rapidement lui valoir une réputation d’égal de Beethoven », selon Hartmut Becker) et d’une virtuosité éblouissante. Mais il concède l’écriture brillante de la première mouture au profit d’une maturité d’expression et d’un équilibre formel plus satisfaisant dans la seconde. Je pense notamment au troisième mouvement où l’atmosphère chaleureuse de l’accompagnement orchestral se conjugue fort bien avec le caractère décidé du thème.
J’ai eu l’occasion de comparer cette interprétation avec celle enregistrée sept ans plus tôt, en 2001 chez CPO (999798-2 avec les solistes Ulf et Gunhild Hoelscher). Alors que ces derniers jouent tellement de prudence que le tempo s’en ressent au point d’en être appesanti dans les deux œuvres, ils n’évitent pas pour autant les fréquents problèmes d’intonation; l’intention est honnête mais ne parvient pas à convaincre. Avec les solistes choisis chez Naxos, on admirera la fraîcheur, voire même le goût du risque, qui laissent le mélomane admiratif devant tant d’audace. À part le premier mouvement de la Concertante no. 1 qui, dans les deux versions, met en évidence les écueils périlleux (bien avant que soient publiés les caprices et concertos de Pagnini), les solistes norvégiens se tirent nettement mieux d’affaire et nous parviennent dans tous les autres mouvements à une réussite qui mérite d’être soulignée.
Le Duo, composé en 1803 et d’une durée de près de dix minutes, comporte sept sections brèves qui démontrent la variété d’idées motiviques dont était capable le compositeur –pédagogue. Les étudiants auront intérêt à pratiquer cette étude, un beau complément de programme qui ne sombre pas, loin de là, à la sécheresse académique.
Guy Sauvé
Mai 2010
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