lundi 22 août 2016

Friedrich Gernsheim, le chaînon manquant du romantisme!

Friedrich Gernsheim (1839-1916)
Symphonies n°2 en mi bémol majeur op.46 et n°4 en si bémol majeur op.62
Orchestre Philharmonique de Mainz, Hermann Bäumer, direction.
CPO : 777848-2, enregistrement juillet 2013.

Si parfois, on cherche un troisième nom pour associer à ceux de Brahms et Bruckner comme les grands symphonistes de la deuxième moitié du XIX siècle après Mendelssohn, celui de Gernsheim devrait y être inscrit sans aucun doute. Injustement oublié Gernsheim appartient à un groupe  de talentueux musiciens et compositeurs, que pour diverses raisons, ils ont tombé dans un malheureux oubli de la part des acteurs de la musique classique d'une grande partie du XX siècle. Ce n'est qu'avec le travail des musicologues des deux dernières décennies, que tout un matériel de partitions d'une grande qualité, a fait surface. Évidement, notre nouveau XXI siècle est en train de venir à la rescousse d'une pléiade de musiciens méconnus, agrandissant le répertoire symphonique d'une manière exponentielle. Des éditeurs comme CPO, ce sont vite rendu compte qu'il y avait un vide à combler. Pour des pays comme l'Allemagne, cette tache est une obligation, et quelqu'un doit relever ce défit, et bien sur, il est appuyé en conséquence.
Gernsheim s'inscrit naturellement dans le courant symphonique du romantisme allemand tardif, où aux références plus haut mentionnées, on y devrait ajouter Liszt et les début de Mahler et de Richard Strauss, les deux poids lourd du post-romantisme du début du XX siècle. Mais pour y arriver, les compositeurs comme Gernsheim devaient, prendre comme modèles soit Brahms, ou soit Wagner. Plus que des choix formels, la grande différence était de valeur esthétique. Une grande partie de la littérature musicale de l'époque, a pris soin d'éloigner ces deux compositeurs, étant donné que, comme Schoenberg l'a prouvé dans son génial bouquin Le Style et L'idée, ces différences étaient plutôt artificielles que structurelles du discours harmonique de leur langages. La véritable différence entre ces deux courants réside dans la façon que les compositeurs vont se servir des formes et structures de la musique. Si les choix de Wagner sont toujours en fonction d'un texte, ceux de Brahms vont être en fonction de la musique pure.
Pour les amants de cette période particulière de l'histoire de la musique, Gernsheim représentera ce chaînon manquant entre Brahms et Wagner au XIX siècle ou Strauss et Schoenberg au début du XX siècle, et que grace au XXI siècle et aux aventures éditoriales comme celles de CPO, on est en mesure de mieux comprendre.


Philippe Adelfang, août 2016.

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