jeudi 14 mars 2013

Petrassi: Magnificat; Salmo IX ches Chandos

Petrassi: Magnificat; Salmo IX
Sabina Cvilak, soprano
Coro Teatro Regio Torino
Orchestra Teatro Regio Torino
Gianandrea Noseda, dir.
Chandos: CHAN 10750

La musique de Goffredo Petrassi (1904-2003) est assez peu connue malgré la longue et fructueuse carrière de l’Italien né tout près de Rome. Destiné à une carrière de vendeur par son père, il eut la chance de travailler dans un magasin de partitions musicales! 
Ses talents de chanteur aussi bien que de pianiste attirèrent l’attention du professeur Alessandro Bustini, qui enseigna également à Bruno Maderna. Ceci dit, la comparaison entre les deux élèves (Petrassi et Maderna) s’arrête ici.

Le langage de Petrassi est enraciné dans la musique sacrée ancienne qu’il chanta comme choriste et une certaine rigueur de la forme et de l’harmonie qui l’éloignent du modernisme plus radical de l’autre.
Les deux œuvres présentées sur ce très beau disque sont excellentes. Le Magnificat est expansif et jubilatoire. Petrassi dessine une partition équilibrée entre la puissance sonore de la masse chorale et les coloris que lui permet un savoir orchestral évident. Le sujet du texte lui offre l’occasion de faire chatoyer les sections et même les solistes instrumentaux. Cette œuvre est tout simplement magnifique, éminemment accessible sans faire appel aux stéréotypes et à la facilité.

Le Psaume no.9 (Salmo IX) a été composé quelques années avant le Magnificat. Il porte la marque d’une influence majeure des débuts de Petrassi : Stravinsky (et surtout son Oedipus Rex). Le traitement des forces en présence est plus granitique, organisé généralement, mais pas exclusivement, en masses chorales soutenues par le bloc de l’orchestre. L’écriture est aussi plus chromatique. Mais ce qu’il y a de fascinant, c’est une sorte de sublimation, comme chez Stravinsky, du classicisme et du sacré d’origine baroque. Le modernisme de l’harmonie est tout entier dévoué à une expression dramatique et communicative du texte (Petrassi est, en cela, indéniablement italien!). Des moments de lumière éblouissants côtoient une tension continuelle qui n’a cependant rien d’oppressant.

Une superbe découverte pour tous ceux qui s’intéressent à la musique sacrée du XXe siècle.

Frédéric Cardin

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