Delius: Piano Concerto; Paris; Idylle de printemps; Brigg Fair
Howard Shelley, piano
Royal Scottish National Orchestra
Sir Andrew Davis, dir.
Chandos: CHAN 10742
La musique de Frederick Delius a souvent été qualifiée d’impressionniste, faisant de son auteur une sorte de Debussy britannique. Bien que la palette expressive de Delius se pare souvent de couleurs subtilement agencées en gestes délicats et savamment dépouillée du plus séduisant effet, son parcours musical est plus enraciné dans le romantisme que celui du Français.
Delius n’a pas occasionnée le même type de rupture que Debussy. La preuve est manifeste dans ce disque où se côtoient des œuvres résolument romantiques et d’autres plus modernes pour leur époque.
Le Concerto pour piano est constitué d’une gestuelle ample et vigoureusement expressive, dans l’esprit de Grieg ou même un peu Liszt. Si vous aimez Delius pour ses scintillements en demi-teintes, vous serez passablement surpris par cet opus particulièrement tributaire de la grande tradition romantique du 19e siècle, Surpris, certes, mais également séduit, je pense. La partition, bien que dénuée de mélodie forte et accrocheuse, possède néanmoins une force d’expression certaine, et surtout la marque du compositeur, ce chatoiement particulier de l’écriture symphonique. Rarement jouée, nous avons ici la version en 3 mouvements du Concerto que Delius arrangea après avoir écrit la version que nous connaissons (un peu) mieux, celle en un seul mouvement.
Paris – A Nocturne est un poème symphonique qui rend hommage à la ville qui a abrité le compositeur pendant plusieurs années. On reconnaît ici le Delius des ondoiements d’ombre et de lumière. Magnifique portrait d’une ville qui sait séduire, mais qui sait également induire le sens de la séduction chez les artistes qui la goûtent!
Idylle de printemps, luxuriant morceau symphonique, rappelant un peu le Faune de Debussy, mais avec une rondeur romantique que l’autre avait délaissée.
Brigg Fair est le plat de résistance, si je peux me permettre. Sous-titré An English Rhapsody, il s’agit d’une fabuleuse promenade dans l’âme pastorale anglaise. C’est le Delius de la maturité qu’on y entend, celui qui manie les entrelacs de mélodies et les coloris délicats avec une rare finesse.
Le Royal Scottish National Orchestra est un véhicule exceptionnel pour ce genre de musique, Sir Andrew Davis, un chef inspiré par son sujet et Howard Shelley, un interprète convaincant dans le Concerto.
Frédéric Cardin
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