Ben-Haim:
Symphonie no.1; Fanfare to Israel; Symphonic Metamorphoses on Bach
Chorale
NDR
Radiophilharmonie Hannover
Israel
Yinon, dir.
CPO
777 417-2
J’ai
toujours été très très curieux de découvrir plus avant la
musique de Paul Ben-Haim (1897-1984), né Paul Frankenburger à
Munich, émigré en Israel (alors la Palestine) à l’arrivée des
Nazis au pouvoir en 1933. Je connaissais déjà le 2e
mouvement de la Symphonie
no.1, et c’est celui-ci
qui avait éveillé ma conscience à la musique magnifiquement
construite de ce compositeur encore presque totalement anonyme.
Le 1er
mouvement de la Symphonie
est constitué d’un thème robuste et de thèmes secondaires
contrastés. L’ensemble rappelle une sorte de mariage entre Mahler
et Hindemith. L’utilisation de rythmes vigoureux propulsés par les
cordes graves est l’un des aspects résolument mahlérien. Les jeux
chromatiques et pointés des bois font office de caractère
hindemithien. Le 2e
mouvement est une merveille de romantisme tardif. Un lent crescendo
amorcé aux cordes et au hautbois (remarquable solo!) mène à un
summum expressif renforcé par les cuivres, avant de s’éteindre
tout doucement dans un crépuscule de teintes pastorales
délicieusement mélancoliques. Le 3e
mouvement, marqué presto
con fuoco, revient à des
sentiments plus expansifs et musculaires. Mahler et Hindemith, encore
une fois, mais avec un « polissage » des angles
harmoniques qui rend l’expérience « Ben-Haim » plus
cinématique que purement intellectuelle ou même émotive. Voilà
une addition majeure au corpus symphonique de tout passionné de
musique du 20e
siècle!
Fanfare
to Israel est une oeuvre de
circonstance, d’abord écrite pour des fonctions protocolaires,
puis arrangée pour orchestre symphonique. On ne fait pas de
découverte majeure ici, mais notons au passage le thème élégiaque
central qui rappelle quelque peu la célèbre et inoubliable mélodie
de l’hymne national israélien.
Les
Symphonic Metamorphoses on
Bach Chorale (« Wer nun den lieben Gott last walten”)
s’amorcent sur une transposition du thème au hautbois (pour lequel
Ben-Haim réservait certaines de ses plus belles lignes
instrumentales!). Les métamorphoses qui suivent sont très
contrastées entre sommets de puissance et économie orchestrale,
tout cela dans un langage plus moderne que dans les autres pièces
sur le disque. Le tout ne manque certainement pas d’effets et de
savoir-faire.
Je ne
saurais trop vous enjoindre à jeter une oreille attentive sur la
musique de ce compositeur habile et sensible, en particulier sa
Symphonie,
une œuvre qui mérite sa place dans n’importe quelle bonne
discothèque.
Frédéric
Cardin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire