Oscar Straus : Die Lustigen Nibelungen
Martin Gantner (Roi de Bourgogne); Daphne Evangelatos (Sa mère); Gerd
Grochowski (Son père); Hein Heidbüchel (Un héro); Gabriele Henkel (Un
guerrier); Lisa Griffith (Une jeune femme romantique); Josef Otten (Son oncle);
Michael Nowak (Siegfried des Pays-Bas, un tueur de dragons), Gudrun Volkert
(Brunhilde, reine d’Isenland); Christine Mann (Un oiseau)
WDR Rundfunkchor Köln
WDR Rundfunkorchester Köln
Siegfried Köhler, dir.
Capriccio C5088
Les Joyeux
Nibelungs (c’est bien la traduction) est une opérette-burlesque d’Oscar Straus,
un compositeur autrichien qui n’a pas de lien de parenté avec la famille
Strauss du 19e siècle. C’est un petit trésor rempli de bijoux
musicaux tout à fait irrésistibles.
Dès les premières notes de l’Ouverture
vous risquez d’être séduit par la qualité des mélodies et l’esprit allègre qui
teinte toute l’œuvre. Comme le titre l’indique, il s’agit d’une satire qui
s’inspire des chants de Nibelung si ostentatoirement mis en musique par Wagner.
La parenté des deux univers musicaux s’arrête là cependant. La musique de
Straus est extrêmement délicate et chantante dans la plus simple expression du
terme. On pense à Gilbert & Sullivan, ou même à Offenbach, par l’attrait de
mélodies habilement construites et la caractérisation précise et incisive des
personnages, ainsi que leur illustration musicale, fortement appuyée sur l’immédiateté
des thèmes.
Dans cette histoire où le Roi de Bourgogne (Gunther) fait appel à un
tueur de dragon (Siegfried) pour l’aider à obtenir la main de la reine d’un
royaume voisin (Brunhilde - celle-ci n’épousera que celui qui pourra la battre au
combat! Une femme guerrière, quelle hérésie), Straus se moque avec talent et
finesse du militarisme allemand, ainsi que du capitalisme mercantiliste ambiant.
Un exemple : à un certain moment, Siegfried révèle que plutôt qu’avoir
caché le trésor des Nibelung près du Rhin, il l’a « placé » à la
banque du Rhin à 6% d’intérêt!
Présenté en 1904 avec initialement assez de succès, la pièce disparut peu
de temps après, critiquée, justement, pour son « manque de
patriotisme ». Le clan Wagner en ajouta en vilipendant cette moquerie
« sacrilège » de l’univers mythique si cher au patriarche. Ah, l’arrogance
imbue……
Heureusement, de l’eau a coulé sous les ponts et il est maintenant
possible de goûter les multiples délices que recèle cette partition éminemment
joyeuse, brillante, ludique et inspirée.
Les voix en présence ne sont pas spectaculaires, mais elles sont toutes
plus qu’adéquates. Remarquez en particulier un moment de bonheur dans la Romance du 1er Acte, où Lisa
Griffith rayonne littéralement de son soprano bucolique et aérien. Gantner
campe un Gunther comiquement potiche et Siegfried un héro qui se veut
grandiloquent comme dans les meilleurs opéras du bel canto, mais avec ce petit
je-ne-sais-quoi qui nous rappelle que nous sommes dans une comédie, et non pas
dans le grand drame vériste.
La remarquable qualité de la prononciation est un atout majeur. Mais
surtout, j’y reviens, la principale raison de se procurer ce très beau disque
(bellement capté par les ingénieurs-son de Capriccio) est la musique absolument
dé-li-cieuse d’Oscar Straus. Les mélodies vous colleront à la mémoire.
Il était plus que temps de remettre un peu de lumière sur l’œuvre de cet
Autrichien exilé un temps aux USA (à Hollywood), et surtout sur cette géniale
petite opérette sans prétention, mais ô combien intelligente dans son sarcasme
toujours d’actualité!
Et puis, comment résister à une fin heureuse où les personnages avouent
que le héro ne peut mourir car il est dans une…. opérette! Irrésistible, vous
dis-je.
Frédéric
Cardin
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