Weinberg:
Children’s Notebooks; Sonata no.1
Elisaveta
Blumina, piano
CPO
777 517-2
Mieczyslaw
Weinberg (1919-1996) est le compositeur à écouter si vous vous
ennuyez de Chostakovitch et avez toujours souhaité que le grand
Dmitri ait pu écrire plus de chefs-d’œuvre.
Weinberg
peint ses partitions avec le même type de lyrisme teinté d’ironie,
de nostalgie mélancolique, parfois accompagnée de sautes d’humeur
intenses. Des nuances harmoniques « juives » colorent sa
musique de la même façon que celle de Chostakovitch, quand celui-ci
les invoquait, à la seule différence que Weinberg, lui, était
véritablement juif.
J’ai
découvert ce compositeur quand j’étais beaucoup plus jeune, alors
que j’écoutais une collection de musique « soviétique »,
et que je croyais avoir trouvé là une pièce de Chostakovitch dont
j’ignorais l’existence. Erreur. Il s’agissait d’un extrait
d’une symphonie de Weinberg. J’ai longtemps dû me résigner à
me contenter du peu d’enregistrements disponibles de sa musique, ou
encore me rabattre sur des prises de son affreuses de vieux disques
Olympia ou Russian Disc. La grisaille soviétique n’a pas seulement
ravagé l’architecture, croyez-moi!
Heureusement,
depuis quelques années, certaines maisons audacieuses telles CPO (si
j’étais pratiquant, je les bénirait!) ont amorcé une renaissance
de son œuvre foisonnante.
Je ne
saurais trop vous recommander l’écoute des Quatuors à cordes,
dignes cousins de ceux du grand Dmitri, ou encore ses symphonies,
habiles constructions qui témoignent avec force de l’esprit de
leur temps.
Ce
disque propose deux pièces pour piano seul. D’abord, les
Children’s Notebooks,
recueil de pièces pour enfants (avec talent!) que l’on pourrait
décrire comme les Kinderszenen
version 20e
siècle soviétique. Ce corpus opulent (il fait 45 minutes!) est
digne de se placer aux côtés d’autres œuvres majeures du genre.
La
Sonate no.1 est une œuvre de jeunesse, mais déjà, Weinberg y
démontre une impressionnante vision.
Un autre
jalon dans le rétablissement public de la musique de Weinberg est
ici posé.
Frédéric Cardin.
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