Orchestre
Philharmonique Slovène
Emmanuel
Villaume, direction
Timpani
1C1189
La
maison Timpani mérite les plus beaux éloges pour le dévouement
dont elle fait preuve pour nous faire découvrir des territoires
méconnus mais ô combien enchanteurs.
Ce
disque se consacre aux partitions peu fréquentées de Maurice
Emmanuel, compositeur français né en 1862 et mort en 1938. Emmanuel
possédait une réelle affinité pour la palette orchestrale. Son
talent se manifestait à travers la combinaison d’un tempérament
joueur et bon enfant, une culture érudite riche et étoffée ainsi
qu’un modernisme musical informé mais non dogmatique.
Emmanuel
était à la fois un coloriste et un créateur attaché à la forme
classique. Le résultat est une musique hybride et personnelle,
teintée de dissonances, mais constamment équilibrée par le besoin
de dessiner des panoramas suggestifs et communicatifs.
Emmanuel
étudia avec Léo Delibes, entre autres, mais s’éloigna du maître
par ses recherches harmoniques, ce qui incita ce dernier à écarter
son élève du Prix de Rome. Il n’y a pas de quoi nous rendre fier
du vieux Léo! Emmanuel devint lui-même professeur émérite au
Conservatoire, où il enseigna à Robert Casadesus, Yvonne Lefébure,
Olivier Messiaen et Henri Dutilleux.
La
rareté de l’œuvre d’Emmanuel n’a d’égale que sa grande
qualité. Le programme s’amorce avec l’Ouverture
pour un conte gai, une
pièce de jeunesse de 1890 qui marque déjà le coup par une
modernité précoce. C’est ici que Delibes, le vieux professeur,
fut dérouté et choqué jusqu’à punir son élève. Tout cela
semble bien superficiel à nos oreilles d’hommes du 21e
siècle, car la pièce est vivante, colorée et attrayante.
La
Symphonie no.1
suit en rendant bien compte de toute la luxuriance lumineuse de la
plume « emmanuellienne ». Si la Guerre 14-18 en est le
décor obligé car elle fut composée pendant cette période, l’œuvre
n’en est pas mortifère pour autant. Emmanuel traduit des
sentiments variés et tourbillonnants dans un canevas orchestral
organique au déroulement fluide et ondoyant de couleurs et de
timbres.
La Suite
française en six
mouvements procède d’une tendance tout à fait à la mode à
l’époque, soit celle d’une réactualisation de la musique
ancienne et baroque à travers une orchestration moderne. Tel le
Tombeau de Couperin
de Ravel, Emmanuel s’inspire d’un grand compositeur baroque
français, en l’occurrence Rameau. Les légères dissonances
rapprochent l’œuvre de Stravinsky plutôt que de Ravel.
La
Symphonie no.2 « bretonne »
rappelle d’autres
exercices enracinés dans le folklore et les brumes mystiques des
légendes régionales comme certaines œuvres de Ropartz ou encore
l’opéra Le Roi d’Ys
de Lalo, dont l’inspiration principale, cette mythique cité d’Ys,
constitue l’un des piliers fabuleux de l’histoire légendaire
bretonne.
Elle est
divisée en quatre mouvements fort concis qui synthétisent
habilement toute une panoplie d’émotions et d’images suggestives
telles des danses paysannes, la mer brumeuse ou des forêts
enchantées.
L’Orchestre
Philharmonique Slovène est superbe, scintillant de reflets irisés
et miroitant de luminosité constellée.
Grand
merci aux amis de chez Timpani!
Frédéric
Cardin
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