Cornelia Samuelis, soprano
Jan Kobow, tenor
Immo Schröder, tenor
Ekkehard Abele, ténor
Gregor Finke, basse
Rheinische Kantorei
Das Kleine Konzert
Hermann Max, direction
CPO 777 386-2 (2CD)
La fabuleuse particularité de cette musique, c’est qu’elle fut commandée par les capitaines de la garde hambourgeoise. En effet, Hambourg, ville fortifiée, comptait quelques milliers de soldats mercenaires et miliciens locaux afin de monter la garde sur les murailles entourant la ville (protection qui avait bien servi Hambourg puisque celle-ci fut largement épargnée par les horreurs de la Guerre de Trente Ans). Chaque année, les capitaines, au nombre d’une soixantaine, se réunissaient en banquet et, pour l’occasion, commandaient une œuvre noble et éloquente ainsi qu’une autre plus festive. Imaginez un peu si le syndicat des policiers de Montréal commandait une œuvre à un compositeur pour son assemblée annuelle! Telemann composa 36 de ces « Kapitänsmusik », mais une poignée seulement nous est parvenue.
Celle-ci date de l’année 1738, et elle fut donnée le 28 août. L’ensemble comprend un Oratorio (pour la partie « édifiante ») et une Serenata (pour la partie « festive »). Pour cette création de 1738, les capitaines n’hésitèrent pas à délier les cordons de leur bourse : un chœur nombreux, un effectif orchestral imposant et, surtout, une partition de soprano écrite spécialement pour la prima donna la plus en vue à Hambourg à cette époque. Le résultat est une œuvre charmante, comprenant des parties solistes (en particulier pour soprano) particulièrement élégantes. L’aria Heiliges Wesen pour soprano et chœur, est l’un des plus marquants, mais on retiendra également le très beau Licht des Lebens. Les chœurs de l’Oratorio, de caractère probe et spirituel, ont dû faire le plus bel effet sur les hommes d’armes présents.
La Serenata s’amorce sur les chapeaux de roue avec une rythmique martiale dirigée par des tambours et des fifres gaillards et enjoués. Le ton est donné pour cette portion ravie de la Kapitänsmusik, qui mêle tout de même plusieurs épisodes choraux et solistes empreint de tendresse et de douceur du plus bel effet. On remarquera dans l’aria Ein heller Strahl, ihr unerschrocknen Söhne la basse de Gregor Finke, d’une belle sonorité certes, mais qu’on aurait souhaité un brin plus agile.
Mis à part quelques détails aussi mineurs, la Kapitänsmusik de Telemann est pour moi, comme pour vous aussi j’espère chers amis, une heureuse découverte à ajouter à l’indispensable discographie telemannienne, toujours en expansion dirait-on.
Frédéric Cardin
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