Chamber Orchestra of New York
Salvatore Di Vittorio, direction
Naxos 8.572332
D’entrée de jeu, le ton est donné : nous sommes en présence d’un Respighi fasciné par la musique ancienne, ses modes harmoniques, ses couleurs, sa résonance émotive. L’Aria for Strings est une émouvante pièce élégiaque composée par un jeune homme de 22 ans. Dans cet exercice de style, Respighi rend un hommage senti à la musique baroque, avec cette courte pièce construite dans le style d’un adagio poignant qui aurait pu être écrit par Corelli ou même Bach. L’orchestration (réalisée par Di Vittorio) utilise à bon escient l’ampleur et la somptuosité des cordes. Magnifique.
Le Concerto pour violon en la majeur, qui date de 1903, a été laissé inachevé par le compositeur, dans une partition comprenant les deux premiers mouvements puis le troisième en réduction pour piano. Le chef et musicologue Salvatore Di Vittorio s’est attelé à la tâche de retranscrire le mouvement final de façon à obtenir ici le premier des concertos de Respighi pour cet instrument (bien avant le Concerto dall’antica et le Concerto gregoriano). La facture de l’œuvre est éminemment romantique, mais on perçoit l’évidente présence de la sensibilité du compositeur envers les musiques anciennes. Le premier mouvement s’amorce sur un thème affirmatif, un brin pompeux, déclamé par le soliste de façon assurée. Le mouvement se développe en une section ample toute romantique avant de voir l’orchestre prendre sa place et colorer l’ensemble de manière pastorale, accompagné par le soliste, un brin chamailleur. Le mouvement central est superbement évocateur. Les bois et le violon se partagent la part belle dans une sérénade suggestive qui m’a foncièrement séduite. Le troisième mouvement, un allegro rondo vif et dynamique, introduit une musculature bienvenue dans l’œuvre, et un sens du drame que Respighi exploitera encore mieux quelques années plus tard dans ses œuvres scéniques et ses poèmes symphoniques. Le Concerto ne ressemble pas à quoi que ce soit que l’on retrouve dans sa Trilogie romaine. Il s’agit d’une pièce résolument ancrée dans le romantisme lyrique du 19e siècle. Mais qu’à cela ne tienne, il est très beau ce Concerto, et je vous en recommande fortement l’écoute.
La Suite for Strings date de 1902 et est certainement une sorte de prélude à ce que Respighi fera plus tard (avec énormément de succès) avec la musique baroque (ses Airs et Danses Anciens ou sa suite Les Oiseaux). La Suite est en six mouvements représentés par une danse baroque (Chaconne, Sicilienne, Gigue, Sarabande, Burlesque et Rigaudon). Bien que les mélodies ne soient pas aussi accrocheuses que celles de ce genre qui suivront plus tard, l’ensemble est plutôt agréable à écouter.
Le disque se termine avec la Suite Rossiniana, peut-être la mieux connue des partitions présentes sur cet enregistrement, en raison de sa composition plus tardive dans la carrière de Respighi, donc plus « mature ». Basée sur Les Riens de Rossini, un petit ensemble de pièces pour piano, cette suite pour orchestre se sert de ces petits « riens » pour construire un édifice dramatiquement accompli et agréablement expressif qui se termine avec une Tarentelle énergique et ensoleillée.
L’orchestre de chambre de New York possède une sonorité ample et riche, et son directeur musical en exploite toutes les nuances avec succès. Un très beau disque qui permet des découvertes on ne peut plus attrayantes.
Frédéric Cardin
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