samedi 2 mars 2013

Brahms, ce révolutionnaire tranquille!



Brahms, ce révolutionnaire tranquille!

Chamber Orchestra of Europe
Paavo Berglund, dir.
Enregistrement: mai 2000 à Baden-Baden.
Ondine: ODE 1229-2T

Je me suis souvent demandé en quoi résidait la complexité de la musique de Brahms. Surtout dans ces symphonies. Au nombre de quatre, elles sont considérées comme une prolongation du testament symphonique de Beethoven. Mais est-ce vrai? À part la première, et plutôt son dernier mouvement, je ne serais pas si sûr de l'affirmer pour les trois autres.
La révolution de Brahms réside dans la base de la musique, le discours. Cette révolution est avant tout sémiotique. L'endroit où Brahms a pu innover est, dans l'essentiel et le fondamental de tout discours musical, la structuration des phrases. C'est à ce niveau qu'il a transgressé le plus, en créant des déséquilibres en opposition à la traditionnelle phrase de 4 + 4 + 4 +4 mesures héritée de la tradition classique. Évidemment, pour accomplir un tel exploit, il faut aussi innover dans le domaine harmonique, qui pour Brahms est une fonction organique de l'oeuvre, héritage beethovénien.

Doit-on jouer les symphonies de Brahms avec un orchestre de chambre?
À première vue, tous les instruments sont là: 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones + tuba, les bois par deux + les cordes, mais avec seulement 6 violoncelles et 4 contrebasses pour équilibrer la masse sonore. Évidement c'est l'orchestre dont Brahms a disposé à Meningen au moment de la création de sa quatrième symphonie.
Je pense que la réponse à cette question est tout à fait subjective et complexe.Car la prise de son et le mixage sont différents, plus "rapprochés" que dans l'orchestre normal. Les versions dites "de chambre" sont plus exposées à ce type d'enregistrement. Naturellement si la densité de l’émission sonore diminue, soit on augmente le volume, soit on se rapproche, pour équilibrer l'écoute.

Mais ce sont des choix qui ne nient pas les interprétations. De toute façon la musique il faut la faire quand même. Et les réponses aux défis de toute version intégrale, il faut les avoir.
Le regretté Paavo Berglund (1929-2012) les a eu, avec cette Chamber Orchestre of Europe, les musiciens sont excellents, et cette version de chambre leur rend justice, en laissant en premier plan toute la musicalité, précision et dynamique.Sans doutes on n'arrivera jamais à équilibrer toute une dynamique sonore manquante avec la prise de son ou le mixage, mais au moins l’illusion est créée.

Alors pour revenir au titre de cette chronique,cette belle intégrale est aussi bien une révolution sonore.

Ondine: ODE 1229-2T

Philippe Adelfang.



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