mardi 12 février 2013

Mozart, concertos 13 et 14 version de chambre avec Janina Fialkowska chez Atma Classique.



« Accompagnée par le Chamber Players of Canada, la pianiste Janina Fialkowska subjugue par une délicatesse de toucher et des phrasés à la fois poétiques et lumineux. […] Tout simplement incontournable. » Prix Opus d'Or Jean-Jacques Millo - Opus HD Magazine [à propos du Vol. 1 ATMA ACD2 2518]
Lauréate en 2012 du Prix du Gouverneur général du Canada pour les arts du spectacle pour l’ensemble de sa carrière, Janina Fialkowska présente chez ATMA son deuxième disque Mozart consacré à des concertos pour piano en version de chambre. Deux des œuvres les plus connues de Mozart, soit Eine kleine Nachtmusic dans une version pour quintette à cordes et les Variations sur Ah vous dirais-je maman pour piano solo font aussi partie du programme de ce disque.
Les Chambristes du Canada réunit certains des meilleurs musiciens du pays dans un effectif de chambre à géométrie variable, selon les besoins des ses concerts, enregistrements et tournées. L’ensemble compte à son répertoire les chefs-d'œuvre des XVIIIe et XIXe siècles, auxquels s'ajoutent des pièces modernes et contemporaines d’envergure.
Atma: ACD22532.

Le Chant du Départ de Méhul avec Mathieu Lussier et Les Jacobins chez Atma Classique






Méhul: Chant du départ regroupe des arrangements de six ouvertures d’opéras à succès de Méhul. La pratique était courante à la fin du XVIIIe siècle d’arranger pour petite harmonie, souvent un octuor à vent, les pages d’opéras à la mode, soit pour en assurer la diffusion ou simplement pour en permettre une exécution accessible dans différents contextes. À ces ouvertures, s’ajoutent quelques pièces révolutionnaires comme Le Chant du Départ, véritable chant de guerre des armées révolutionnaires françaises.
L’ensemble Les Jacobins est né du désir d’explorer le riche mais peu connu répertoire de musique centré autour de la Révolution française. Dirigé par le bassoniste Mathieu Lussier et composé de musiciens à vent venus d’ici et d’ailleurs, le groupe poursuit l’exploration de cette période historique avec ce nouveau CD consacré à Étienne-Nicolas Méhul.
Atma: ACD22659.

Alfred Schnitke, musique de chambre vol.2 chez Atma Classique


La musique de chambre d’Alfred Schnittke comprend une dizaine de titres dont quatre quatuors à cordes (parus en 2011 chez ATMA [ACD2 2634] avec le Quatuor Molinari), ainsi que les trois œuvres qui figurent sur ce disque.
Schnittke était un grand admirateur de Mahler. En 1988, il a écrit son Quatuor avec piano en s’inspirant d’esquisses de la musique de chambre de Mahler. Schnittke a dédié son quatuor au violoniste ukrainien Oleh (Oleg) Krysa, l’un des musiciens qui avait créé son trio. Le trio de Schnittke est une commande de la Société Alban Berg de Vienne destinée à commémorer en 1985 le centenaire de la naissance du compositeur autrichien. Son quintette est en quelque sorte l’héritier de celui que Chostakovitch avait composé en 1940. Ses cinq mouvements, dont plusieurs sont enchaînés, créent une sorte de Requiem instrumental dominé par un thème cyclique de cinq notes et par l’imitation caractéristique des cloches d’églises russes.
Acclamé par le public et par la critique musicale internationale depuis sa fondation en 1997, le Quatuor Molinari se consacre au riche répertoire pour quatuor à cordes des XXe et XXIe siècles. Récipiendaire de quatorze prix Opus décernés par le Conseil québécois de la musique pour souligner l’excellence de la musique de concert, le Quatuor Molinari est qualifié par la critique canadienne d'ensemble «essentiel» et «prodigieux», voire de «pendant canadien aux quatuors Kronos et Arditti».

Atma: ACD22669

samedi 2 février 2013

Concertos pour violon et orchestre de Benda chez Supraphon.


Je me demande souvent comment pourrait-on exprimer en mots les sensations qu'on ressent lorsqu'on est en présence d'une merveilleuse interprétation?

Quels sont exactement les barèmes dont on devrait  tenir compte?  Musicalité?  Justesse et précision de la part des musiciens?  Sagesse et intelligence dans l'élection des tempi et autres variables aussi importantes du discours musical?
L'émotion ressentie?
Évidement tout cela donnera ce qu'on appelle une "version de référence"
Nous voici donc en présence de tous ces barèmes avec ce CD de la maison tchèque Supraphon.

Il s'agit des concertos pour violon et orchestre du violoniste et compositeur tchèque Frantisek Benda (1709-1786), qui fit une carrière spectaculaire au cours du XVIIIe siècle, où il fut considéré comme un des plus grands instrumentistes de son époque.
La structure formelle de ses oeuvres n'est pas très éloignée des modèles de Vivaldi ou Tartini. L’originalité réside dans la recherche d'une mélodie très personnelle, avec des effets qui dénotent un soucis d'invention de la part du compositeur-instrumentiste, visant à créer surement une sorte de carte de visite musicale très appréciées à l'époque.

Mais ce disque serait sans aucun intérêt si l'interprétation réalisée par ces musiciens aurait été banale. Tout au contraire, elle est au delà de la musique en jeu!. Elle donne une fraîcheur, une perfection et une musicalité à ces oeuvres en les rendant indispensables dans la littérature baroque. Voilà la sagesse, le talent et l'expérience des artistes au service des compositeurs un peu moins connus disons que leurs frères "chef de file".

Le violon Guarneri del Gesu de 1740 du soliste Ivan Zenaty sonne radieux, lumineux, parfait, comme s'il avait gardé dans sa mémoire les échos de cette musique  jouée à cette époque.

Merci aussi au Prague Philharmonia, qui accompagne le soliste de façon équilibrée, et si musicale, nous donnant une des meilleures surprises discographiques de cet hiver.

Supraphon: SU4064-2.

Philippe Adelfang.

Chronique de cd : Coup de cœur : Georg Schumann



Georg Schumann (1866-1952)
Symphonie en si mineur (1887)
Sérénade pour grand orchestre, op. 34 (1902)

Müncher Rundfunkorchester
Christoph Gedschold, chef

CPO 777464-2
Durée : 73 min.32
Année d’enregistrement : 2009
Distribué au Canada par Naxos

En déposant le cd dans mon lecteur, mon intention originale était juste d’en dégager une première impression globale, sans analyse, seulement pour faire connaissance sommairement avec un compositeur inconnu. Mais dès qu’une trentaine de secondes du mouvement initial de la symphonie ont été entamées, mon attitude a résolument changé et mon attention a été captée jusqu’à la fin du quatrième mouvement sans que j’éprouve entre-temps le besoin d’interrompre l’écoute.

Mon étonnement a été d’autant plus grand quand j’apprenais que cette symphonie sans numéro d’opus a été composée à 18 ans (!) et qu’elle a valu à son très jeune auteur le premier prix parmi les 57 soumissions auprès du jury.  

Né d’une famille de musiciens, le grand-père étant maître de chœur et organiste, le père directeur musical de la ville de Königsten (Saxonie), le jeune Georg  s’est familiarisé très tôt aux rudiments de l’orchestre. À 16 ans, il entreprend des études au Conservatoire de musique de Leipzig, fondé par Félix Mendelssohn. C’est donc dans cet esprit de fraîcheur et de vivacité mélodique, typique de Mendelssohn, qu’a été conçue cette symphonie. On est presqu’aux antipodes de la massivité post-wagnérienne quoiqu’elle est demeure tout de même riche de l’héritage culturel allemand. On ne parle pas assez de musique « post-mendelsohnienne » comme si certains ne voulaient évoquer son héritage que du bout des lèvres. Je crois pourtant que les héritiers de cette approche esthétique, faite d’élégance, de tempérance et de mesure (apollinienne comme le dirait Nietszche), sont beaucoup plus nombreux en cette fin de 19ème siècle qu’on pourrait le croire. En attendant d’en découvrir davantage, Georg Schumann est certes déjà un des plus beaux fleurons de cet héritage que le monde du disque a porté à notre connaissance.

Pendant les quatre mouvements qui totalisent 43 minutes, on ne peut qu’admirer cette maturité précoce puisque la musique est totalement personnelle (elle n’emprunte aucune citation d’autres compositeurs, ni thème issu du folklore), d’une construction solide (aucun temps mort, une verve soutenue, aucune mièvrerie), une maîtrise orchestrale remarquable témoignant d’un savoir-faire étonnant pour cet âge.

Bien que les commentaires sur cette symphonie mériteraient un plus long développement, la sérénade qui suit, écrite à 36 ans, est encore plus remarquable.
Constituée de cinq mouvements totalisant près d’une demi-heure, nous entrons dans un univers plus intime puisque l’œuvre est basée sur un programme, donc une sorte de poème symphonique, imaginé par le compositeur qui raconte l’histoire de concurrences amoureuses et d’un amant rejeté. Mais attention, on ne se noie pas dans le tragique à la Tchaikovsky. Cette sérénade représente plutôt une série d’humeurs dont le dénouement fait sourire l’observateur.

Les cinq mouvements sont nettement caractérisés et démontrent bien comment l’inspiration venait facilement au compositeur. Dans le premier tableau, on savourera des moments somptueux mais où l’espièglerie se manifeste dans une orchestration tout aussi colorée que chez Richard Strauss. Si vous aimez le Till l’espiègle de celui-ci (1895), vous aimerez certainement ce premier mouvement. Le deuxième mouvement est léger, vivace, coquin, avec des échanges rapides entre les pupitres mais où les bois ont surtout la part belle. Le troisième est la sérénade  proprement dit : la harpe accompagne la clarinette étalant une longue mélodie dans un épanchement amoureux lors d’un nuit d’été en plein air, une scène qui me rappelle un tableau du même genre par le peintre Carl Spitzweg. Dans le quatrième mouvement, les bois dominent encore cette fois sur une valse gracieuse. En premier lieu, le hautbois énonce le thème dans une orchestration suave qui évoque Dvorak. Ensuite, la clarinette met son grain de sel dans un élan tout aussi gracieux mais enrobée d’une coloration brahmsienne. Finalement, c’est l’ensemble des vents qui s’approprie le thème en le fragmentant d’un pupitre à l’autre mais avec une habileté confondante. Le dernier mouvement est une tarentelle d’une allure très décidée, presque combative car appuyée par les percussions, alors muettes dans les sections précédentes.

Comme dans la symphonie, tout cela nous repose de certaines extravagances de la musique d’avant-garde de l’époque. C’est une musique d’un goût sûr, d’une écriture experte, d’un humour intelligent, qui n’a nul besoin d’excès pour nous séduire et qui n’est en aucun temps ennuyante surtout qu’elle est interprétée de manière tout à fait convaincante et enregistrée avec un équilibre plus que satisfaisant.

Un site web étant exclusivement consacré à la vie et l’œuvre de Georg Schumann (uniquement en allemand), je décidai de parcourir la liste des œuvres (http://www.georgschumanngesellschaft.de/de_werkverzeichnis.html). Je souhaite donc que CPO nous propose sur un prochain album sa seule symphonique avec numéro d’opus (op. 42 -1905) couplée de son poème symphonique (Im Ringen um ein Ideal – Le Combat pour un idéal) ou peut-être de l’une de ses trois séries de variations symphoniques. J’ai bon espoir que ce projet se réalisera bientôt.

Guy Sauvé
Février 2013