samedi 29 décembre 2012

Sonates pour pianos de Beethoven, par Michael Korstick chez Oehms


Beethoven: complete piano sonatas

Michel Korstick, piano.
Enregistré entre 1997 et 2008.
Comme bonus aussi: six variations op.34 et les quinze variations Eroica op.35


Dire de Beethoven qu'il a été l'un des plus grands compositeurs de la musique occidentale, n'ajoute rien de nouveau à ce qui est dit et écrit habituellement sur le maître de Bonn. Mais en quoi réside vraiment sa force créatrice? À mon avis, sur la façon dont il s'est approprié des formes de la période classique, dont il faisait partie, pour les mener au seuil d'une nouvelle esthétique,celle de  l'époque romantique.
Dans cette évolution musicale, les sonates pour piano ont joué un rôle fondamental. Elles ont été un espèce de laboratoire d'exploration musicale où Beethoven s'est donné à toutes les recherches possibles. Evidemment pour renouveler une forme il faut d'abord la connaître sous tous ses aspects. Beethoven les a appris de Haydn lui même. En sorte de thèse de doctorat, il lui dédie ses premières trois sonates, qui, comparées à celles de Haydn, indiquent son intention d'amplification de la forme. La suite n'est qu'une évolution méthodique et continuelle pour arriver aux dernières sonates, où la frontière de l’inconnu sonore est traversée et où l'on ne peut plus revenir en arrière. Brahms, un jour, répondit à un critique trouvant sa sonate pour piano un peu "semblable" à la Hamerklavier de Beethoven:« n’importe quel imbécile peut se rendre compte de cela». En effet, cela prouvait les difficultés que trouvèrent les compositeurs de l'après Beethoven à devenir originaux dans ce domaine. Exception faite de la sonate de Liszt, il n'y eut pas beaucoup de grands changements depuis l'opus 111 de Beethoven. Il faudra attendre l'école pianistique russe, avec Scriabin, Prokofiev, Medtner et bien d'autres pour écouter du nouveau, dans un contexte encore tonal.

Michael Korstick est un des grands pianistes de l'actualité, et cette intégrale enregistrée chez Oehms, restera l'une des plus belles, claires et lucides que l'on puisse écouter. Son jeu, toujours raffiné, précis, sans aucune stridence, nous prouve que l'on est en présence d'un artiste en pleine possession de ses moyens techniques.

Oehms: OC125 (10CD)

Philippe Adelfang.

vendredi 28 décembre 2012

Pièces pour piano de Stenhammar chez Capriccio.


Wilhelm Stenhammar (1871-1927) : Pièces pour piano
Trois Fantaisies, op. 11 (1895)
Nuits de fin d’été (Sensommarnätter), op.33 (vers 1900)
Sonate, op. 12 (1895)

Cassandra Wyss, piano
Label : Capriccio C 5117
Année d’enregistrement : 2011
Durée: 61 min. 53

Pianiste virtuose, compositeur, chef d’orchestre, chambriste et accompagnateur, Stenhammar a une telle feuille de route qu’il n’est pas étonnant qu’il fut de son vivant une figure dominante de la vie musicale dans son pays natal, la Suède. D’abord chef (à 26 ans !) de la Société Philharmonique de Stockholm, du Théâtre royal et de la Nouvelles Société Philharmonique, il dirigea ensuite pendant 15 ans l’Orchestre Symphonique de Göthenburg pour générer une très sérieuse rivalité avec celui de la capitale nationale et défendre les compositeurs scandinaves contemporains. Il fut nommé directeur du département de l’université d’Uppsala et finalement directeur musical de l’Opéra de Stockholm jusqu’à deux ans avant sa mort.

Sa carrière de pianiste n’est pas en reste cependant. À neuf ans, il compose la première de ses trois sonates pour piano (1880 - publiée très tardivement, soit en 2008 !). À 20 ans, il est soliste pour la création suédoise du premier concerto pour piano de Brahms. L’année suivante, il donne son premier concerto pour piano dont il est lui-même le soliste. Le succès de cet op.1 lui assure des reprises aussitôt après à Copenhague, Berlin, Munich, Manchester et les États-Unis. On s’étonnera alors que la partition de ce concerto ne fut découverte qu’en 1990 … aux États-Unis.

Depuis quelques temps, le label Capriccio a l’audace de nous présenter de jeunes et talentueuses recrues dont les carrières débutent dans un environnement très compétitif. Toutefois, ces choix sont tout autant assurés qu’assumés car il y a fort à parier qu’on les entendra régulièrement dans les prochaines années. Le cas de Cassandra Wyss en est un bel exemple.

Pour son tout premier enregistrement à l’âge de 18 ans seulement, Cassandra Wyss a choisi les trois meilleures oeuvres pour piano solo du compositeur. C’est un programme exigeant sur le plan technique où la tentation de verser strictement dans le spectaculaire pourrait ruiner une réputation. Dans l’ensemble, Wyss donne une interprétation convaincante qui concurrence d’autres versions déjà existantes. À sa faveur, la prise de son généralement agréable rend justice à la sonorité riche et chaude du piano, particulièrement dans le grave qui est plus accentué que les autres registres.

C’est surtout dans le cycle des Nuits de fin d’été que l’interprétation de Wyss m’a le plus ravi, les atmosphères variées de ces cinq jolis tableaux scandinaves étant rendues avec un sens exquis des nuances. Tant pour le sentiment de sérénité du premier morceau, l’impression d’une chevauchée plus enjouée qu’endiablée dans le deuxième, les teintes impressionnistes du Piano Non troppo lento, le sens épique du mouvement suivant, le caractère amusé d’une marche dans le final, elle me semble, à ce premier stade d’une carrière professionnelle, plus à l’aise, plus détendue, dans les miniatures où sa perspicacité imaginative prend des teintes beaucoup plus variées que dans un genre plus sérieux comme la sonate par exemple.

Il lui reste encore des aspects techniques à maîtriser car bien que son jeu dans la première des trois fantaisies de l’opus 11 soit spectaculaire, fougueux, le tempo est inégal par moments et les arpèges de la main gauche parfois noyés par la pédale. C’est comme si on lui avait recommandé d’ouvrir ce programme avec éclat. Pour bien des mélomanes, le pari semble réussi mais je ne suis pas convaincu qu’elle possède encore la maturité technique et une vision approfondie pour faire son entrée de la façon la plus imposante sur ses pairs. Écoutez attentivement, par exemple, l’extraordinaire intégrale pour piano solo de Debussy par Jean-Efflam Bavouzet (Chandos) et vous comprendrez ce que j’entends par maturité technique que Wyss doit encore développer.

Mais ne jugeons pas que sur cette seule pièce et voyons l’ensemble où se révèlent les promesses d’un très beau talent qu’on espère voir mûrir avec une sincère sympathie et, souhaitons-le ardemment pour elle, grâce à un travail guidé avec soin et prudence. À 18 ans, c’est déjà un exploit remarquable qu’elle ait été sélectionnée pour un enregistrement et que j’ai eu grand plaisir (vraiment) à ré-écouter plus d’une dizaine de fois avant d’écrire ces lignes.

Guy Sauvé
Décembre 2012

jeudi 27 décembre 2012

La Salustia de Pergolesi chez Arthaus.



Voici le premier opéra de Pergolèse, parmi les quelques productions déjà existantes, celle-ci mise en scène par Juliette Deschamps, est rempli d'émotion et de drame.

Arthaus: Dvd 101651 et Blu-ray 108065, à partir de février au Canada

Lien intéressant pour le livret et plus d'information en français:

http://licida.over-blog.com/article-22924742.html




Arthaus: 101651 2DVD ou 108065 Blu-ray, à partir du 29 janvier 2013 au Canada.

Turlutte et Reel chez Atma avec Les Charbonniers de l'enfert, Suzie LeBlanc et bien d'autres.

Pour les réjouissances du temps des fêtes, ATMA propose une virée dans l’univers de la musique traditionnelle québécoise et acadienne. Des turluttes, des reels, des valses et des chansons folkloriques, enregistrés par ATMA au cours des dernières années, forment le programme de cette compilation festive réunissant des interprètes de choix comme Les Charbonniers de l’Enfer, La Nef et la soprano Suzie LeBlanc.


C’est dans le souffle de leurs voix que tout prend forme.Comme une machine à voyager dans le temps, une rafale nous transporte dans un passé riche de culture. Les Charbonniers de l’Enfer s’enflamment depuis plus de 10 ans, calcinant les planches des salles de spectacles du Québec. C’est la seule formation québécoise a capella spécialisée dans la recherche et l’interprétation du répertoire de tradition orale. Au rythme des voix s’ajoute le tapement de pieds. Le groupe est formé de cinq chanteurs d’expérience qui ont développé une complicité harmonique bien de chez nous. L’originalité de leur démarche est marquée par leur sens de l’actualisation du répertoire qui assure, parallèlement, la continuité d’un patrimoine chanté.


Dans le monde de la musique ancienne, Suzie LeBlanc est l’une des sopranos les plus recherchés de sa génération. Elle est également une interprète appréciée de la mélodie française, du lied, du répertoire traditionnel de son Acadie natale et de la musique contemporaine. Elle a travaillé avec plusieurs des meilleurs ensembles de musique ancienne en concert et sur disque, elle a également chanté sous la direction de chefs comme Paul Goodwin, Stephen Stubbs, Bernard Labadie, Kent Nagano, Yannick Nézet-Séguin et Alexander Weimann. À l’opéra, on l’a entendue au Netherlands Opera, à l’Opéra de Montréal, au Boston Early Music Festival et au Early Music Vancouver. Elle a obtenu deux doctorats Honoris Causa de King’s College et de la Mount Allison Universities pour ses recherches et son rayonnement artistique. Suzie LeBlanc a aussi récemment joué le premier rôle du film Lost Song (Prix du Meilleur film canadien au Toronto Inernational Film Festival en 2008). Avec Alexander Weimann elle a fondé Le Nouvel Opéra, un ensemble en résidence au Conservatoire de musique de Montréal.

Atma Classique: ACD2 3011

mardi 25 décembre 2012

Günter Wand Edition, coffret de 5 disques chez Profil, impérial!

Notre coffret de la semaine:
Günter Wand Edition.
Profil: PH12043


Le label Profil ré-édite en coffret les CD que le chef d'orchestre Günter Wand avait fait avec l'orchestre hambourgeois de la NDR allemande. 

Si vous n'avez jamais écouté des versions dirigées par cet illustre chef,  je vous les recommande de vive voix. Sans être une "star" du podium, Wand a toujours eut un profil médiatique très bas. Chose rare dans notre XXè siècle, il pensait que la musique devait parler, et non les artistes. Wand était le dernier directeur d'une illustre lignée allemande. Le coffret qui nous occupe, concerne en grande partie des prises de concerts "live" où l'on peut apprécier tout le génie d'un musicien en pleine possessions de ses moyens. L'essentiel dans les versions de Wand, à mon avis, c'est sa capacité à toujours maintenir l'intérêt et l'action à travers la pulsion rythmique et la dynamique des oeuvres. En effet ses versions sont, peut-on dire, des versions qui vont ver l'avant, qui cherchent toujours le point culminant pour y aboutir d'une façon équilibrée. Quand on a ça, on a tout. C'est ce que les musiciens attendent toujours d'un chef d'orchestre.

Si vous pouvez vous procurer un de ces coffrets, croyez moi, vous ne serez pas déçu. Attendez d'écouter ses Bruckner et ses Brahms, Vous ne pourrez vous passer de ces versions, avec plus de musique et de sentiments que bien d'autres, plus récentes dans le marché! Petit bijou le concerto de Tchaikovsky avec le grand Jorge Bolet, évidement une rencontre sublime de deux grands esprits.

Profil: PH12043

Philippe Adelfang

samedi 8 décembre 2012

Quintette et Sextuor de Paul Juon chez CPO.

Paul Juon (1872-1940) né à Moscou fut un élève d'Arensky et de Taneïev, au célèbre conservatoire, mais continua,  à partir de 1894, ses études à Berlin, où il se marie, pour se déplacer ensuite à Baku et prendre un poste d'enseignant au Conservatoire de cette ville du Caucase. Hélas cette ville de province au bord de la mer Caspienne ne fut pas très encourageante pour le compositeur. C'est alors qu'il décida de tenter sa chance de nouveau  à Berlin.On commença à lui publier des oeuvres, et il réalisa aussi des traductions d'ouvrages théoriques du Russe à l'Allemand. Malheureusement il passa toute la première guerre mondiale dans un camp de prisonniers de guerre de la Prusse de l'est. Mais ensuite les reconnaissances commencèrent: membre de l'Académie prussienne des arts en 1919, et gagnant du prix Beethoven en 1929, sa première Rhapsodie Symphonique fut jouée à Düsseldorf en 1938 remportant un très grand succès. Il mourra en 1940 à Vevey en Suisse, endroit qu'il avait choisi pour passer sa retraite, et surement pour échapper au terrible conflit qui commença à ravager l'Europe tout juste l'année précédente.

La musique de Juon, s'inscrit dans le post-romantisme allemand. Dans le disque qui nous occupe, il s'agit de deux oeuvres de musique de chambre un peu sur le modèle brahmsien et schumannien de l'époque.

Le sextuor op.22 pour piano et cordes est très bien composé, j'attire l'attention sur son premier mouvement avec l' introduction du piano solo, suivi par les cordes en pizzicatos.

Le quintette op.44, aussi pour piano et cordes, reflète une période plus mature où des influences d'autres styles commencent à se faire écouter.

Bravo pour Oliver Triendl, très beau jeu au piano, ainsi qu'au Quatuor Carmina et Thomas Grossenbacher au violoncelle (pour le sextuor). Â noter quìl s'agit du deuxieme disque de Triendl consacré à la musique de chambre de Juon. Aussi chez CPO, disponible ses quatuor avec piano Cpo: 777278-2

Très beau disque à découvrir, sur un compositeur hélas très méconnu.

CPO:777507-2

Philippe Adelfang.

vendredi 7 décembre 2012

L'histoire du Graal, avec la Capilla Antigua de Chinchilla et José Ferrero chex Naxos


Capilla Antigua de Chinchilla.
José Ferrero, ténor et direction.

L’histoire du Graal, cette coupe qui aurait servi à recueillir le sang du Christ sur la croix,  a été une importante source d’inspiration pour les poètes et les musiciens au point que des liens particuliers se sont tissés entre eux au cours des siècles. 

C’est ce que cet album permet de découvrir en quatorze pièces provenant de sources très réputées telles que la religieuse mystique Hildegard de Bingen, l’auteur Chrétien de Troyes ou encore le chevalier poète Wolfram von Eschenbach… Même si ce dernier n’avait que dédain pour la version inachevée de Chrétien de Troyes, leur travail sur Perceval recèle de nombreuses connotations mystiques merveilleusement mises en évidence par cette musique où la flute et le tambourin à cordes rivalisent de virtuosité avec les voix.

Dirigé par son fondateur, le ténor José Ferrero, l’ensemble Capilla Antigua de Chinchilla a su rendre, tout en finesse et en délicatesse, l’émotion contenue dans ces œuvres sans pour autant négliger de faire ressentir la force profonde qu’elles sous-tendent. Bref, un remarquable cd pour qui voudrait découvrir un des aspects du moyen-âge qui est bien loin d’être la période sombre que certains auteurs ont tenté de nous faire croire.

Naxos: 8572800

Le profane amateur, décembre 2012.

mardi 4 décembre 2012

Le Blu-ray de la semaine Les symphonies de Schumann au Pier2





Robert Schumann:Symphony No. 1 in B flat major, Op. 38, “Spring”
Symphony No. 2 in C major, Op. 61
Symphony No. 3 in E flat major, Op. 97, “Rhenish”
Symphony No. 4 in D minor, Op. 120
Deutsche Kammerphilharmonie Bremen
Paavo Järvi
conductor
Recorded live at Pier2, Bremen, 2011

Schumann at Pier2
A concert film by Christian Berger
Bonus:
- The making of Schumann at Pier2


«Je ne donnerai bientôt plus à publier et à entendre que des symphonies. Je voudrais souvent faire éclater le piano, instrument dont les limites m'empêchent de m'exprimer pleinement» Robert Schumann 1839.

Sans aucun doute le Blu-ray de la semaine! Tout le savoir faire de Paavo Järvi, au service d'une musique exceptionnelle. Il comprend tous les facettes cachées de cet musique romantique et révolutionnaire. C'est ici que Mahler commence, et c'est ici que le mouvement symphonique allemand reprend ses forces pour la dernière partie de XIX siècle.

Merci CMajor et la Deutsche Welle pour ces concerts. 

CMajor: Dvd 711908 et Blu-ray 712004.

Philippe Adelfang.

SCHUMANN, R.: Symphonies Nos. 1-4 / SCHUMANN AT PIER2 (Documentary) (German Chamber Philharmonic, P. Jarvi) (Blu-ray, HD)