Dimitri Kabalevsky: l'oeuvre complète pour piano et orchestre.
Michael Korstick, piano
NDR Radiophilharmonie, Alun Francis dir.
L'école russe au XXè siècle nous a donné de grands compositeurs dans tous les domaines de la musique classique. Mais je pense que dans la musique pour piano, cette école a trouvé, parfois consciemment, mais parfois sans le chercher, les compositeurs pianistes parfaits pour former une grande pléiade d'interprètes de haut niveau technique et artistique. Des cycles complets de sonates et concertos pour piano ont été composés par de grands créateurs, comme Scriabin, Rachmaninov, Prokofiev ou Dimitri Kabalevsky (1904-1987), le compositeur qui nous occupe dans cette chronique.
Artiste du XX siècle, Kabalevsky, a su s’accommoder du régime soviétique qui domina la vie politique de la Russie pendant plus de 70 ans. Il fut l'alter ego de Shostakovich, sans doutes le plus grand compositeur soviétique, et forma partie d'une élite artistique avec Prokofiev et Katchaturian.
Le concerto en la mineur op.9 s'inscrit dans une ligne romantique, très traditionnelle de la musique russe, mais où on aperçoit déjà tout le savoir faire et la génialité du compositeur. L'écriture pianistique est accomplie, pleine d'effets et d'une grande difficulté technique. Il a été joué pour la première fois en 1931, avec Kabalevsky au piano.
Le concerto en sol mineur op.23 est plus sombre. Complété en 1935, ce fut pour longtemps la pièce la plus populaire du compositeur, qui la révisa en 1973 pour modifier quelques passages orchestraux. Il s'inscrit dans la grande tradition des concertos de Prokofiev, avec quelques trouvailles intéressantes au niveau de la forme.
Le concerto en ré majeur op.50 est le plus brillant et léger du cycle. Il se rapproche un peu des concertos de Shostakovich, où la recherche des mélodies "faciles" se fait sentir tout au long de ses 20 minutes. Son esthétique pourrait être apparentée au style néoclassique, très apprécié par beaucoup de compositeurs de cette période, puisque ça leur permettait de continuer à composer de belles mélodies, sans se préoccuper d'appartenir à un courant disons "plus d'avant-garde".
Fantaisie en fa mineur de Schubert D940. Kabalevsky écrit cette transcription-arrangement sous forme de concerto pour piano et orchestre pour le grand pianiste Emil Gilels, qui en assura la création en 1961 sous la direction de Kiril Kondrashin.
Rhapsodie pour piano et orchestre op.75, écrite en1964,Il s'agit d'une pièce de circonstance un peu propagandiste: «Personne ne doit jamais oublier ses années scolaires».
Le concerto numéro 4 pour piano et cordes op.99 est le dernier de la série. Créé en 1979 c'est.un bel exemple de l'économie de moyen que le compositeur pouvait déployer à la fin de sa carrière créatrice.
Le piano de Michael Korstick est époustouflant. Avec ses nuances, toujours précises, sa technique hors pair, et une musicalité élégante et raffinée, on pourrait dire sans risque de ce tromper que, si cette musique réussit à s’échapper d'un injuste oubli, cela sera sûrement grâce à ce grand artiste.
Bravo pour CPO!
CPO777658-2.
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