Edicson Ruiz, contrebasse
Orquesta Sinfonica Simon Bolivar
Christian Vazquez, direction
Phil.Harmonie PHIL. 06008
Les concertos pour contrebasse sont déjà une rareté, alors imaginez trois sur un seul disque! Précisons cependant que dans le cas de deux des trois concertos en question, il s’agit en réalité de concertos pour « violone », ou basse viole, instrument précurseur du violoncelle et de la contrebasse, mais éclipsé par ceux-ci lorsque les compositeurs et les orchestres ont eu besoin d’instruments de basse pouvant projeter le son avec plus de force et d’ampleur.
Quoiqu’il en soit, tous les concertos présents sur cette production de l’excellente maison allemande Phil.harmonie sont interprétés par le contrebassiste vénézuélien Edicson Ruiz. Le Concerto pour violone no.1 en mi bémol majeur de Carl Ditters von Dittersdorf (1739-1799) se développe sur une structure tripartite toute classique Allegro-Adagio-Presto teintée d’élégance et où la contrebasse de M. Ruiz s’exprime avec une très agréable légèreté. Les mélodies de Dittersdorf appuient cette impression grâce à leur caractère pastoral bon enfant et dansant.
Le Concerto pour violone no.1 en mi bémol majeur de Franz Anton Hoffmeister (1754-1812) est structuré Allegro-Adagio-Finale Allegro et s’affirme d’une manière plus vigoureuse. Le violone de l’époque devait être utilisé au maximum de ses capacités car la contrebasse d’Edicson Ruiz résonne avec plus de force que dans le concerto de Dittersdorf. Le premier mouvement, avec son caractère allègre donne le ton des les premières mesures et annonce de fort jolis moments. L’Adagio central est italianisant et teinte sa mélodie principale d’un accent de sérénade vénitienne. Le Finale Allegro élégamment affirmatif, complète bien une œuvre qui ne bouleverse aucun standard contemporain, mais constitue néanmoins une addition plus que bienvenue dans le répertoire encore trop mince de ce gros instrument.
Le Concerto pour contrebasse et orchestre en mi bémol majeur de Johann Baptist Vanhal (1739-1813) est construit Allegro Moderato-Adagio-Adagio Allegro. Depuis une décennie ou deux environ la musique de Vanhal refait surface sur disque et ramène à l’avant-plan l’œuvre d’un compositeur talentueux qui eut le grand malheur de vivre sa maturité artistique au moment où un tsunami créatif nommé Mozart balayait le monde musical. Le temps a fait son œuvre et l’a relégué au second rang de la renommée, même si sa musique, acclamée à l’époque, mérite toujours une attention sérieuse pour ses évidentes qualités. Ce concerto est un peu plus dramatique que les précédents, surtout l’Adagio central, grâce à une orchestration plus ample. L’Allegro final est excitant et rappelle avec beaucoup de satisfaction les concertos (pour violoncelle) de Haydn.
Edicson Ruiz est un interprète d’une grande virtuosité et, surtout, d’une impeccable justesse, ce qui n’est guère donné d’avance avec cet instrument. Le mélomane attentif appréciera particulièrement sa musicalité très sensible et attentionnée. L’Orquesta Sinfonica Simon Bolivar dirigé par Christian Vasquez est le meilleur orchestre latino-américain, et ce dans tous les répertoires. C’est la première fois que je l’entends dans le format réduit des orchestres du 18e siècle, et j’aurais pu facilement le confondre avec n’importe quel ensemble de renom européen. Certains des plus grands jeunes talents d’aujourd’hui et de demain passent par lui et se servent de ce fantastique tremplin pour conquérir la planète musique.
Vous aurez compris que j’aime énormément ce disque, et vous engage à y jeter une oreille le plus tôt possible.
Frédéric Cardin
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