dimanche 24 avril 2011

Ritual obsessions. Le duo d'Accord et le duo de percussion Eardrum.


Igor Stravinski: La Sacre du printemps
Bela Bartók: Sonate pour deux pianos et percussion.
Duo d'Accord et duo de percussion Eardrum.
Genuin 11195

«J'entrevis un jour de façon absolument inattendue, car mon esprit était occupé par des choses tout à fait différentes, j'entrevis dans mon imagination le spectacle d'un grand rite sacral païens: les vieux sages, assis en cercle, et observant la danse de la mort d'une jeune fille, qu'ils sacrifient pour leur rendre propice le dieu du printemps. Je dois dire que cette vision m'avait fortement impressionné et j'en parlai immédiatement à mon ami le peintre Nicolas Roerich, spécialiste de l'évocation du paganisme.»
Stravinski nota aussi dans ses chroniques concernant la première représentation du Sacre du Printemps le 29 mai 1913 au nouveau Théâtre des Champs-Elysées à Paris: «Je m'abstiendrai de décrire le scandale qu'il produisit. On en a trop parlé. La complexité de ma partition avait exigé un grand nombre de répétitions que Monteux conduisit avec le soin et l'attention qui lui sont coutumiers. Quant à ce que fut l'exécution au spectacle, j'était dans l'impossibilité d'en juger, ayant quitté la salle dès les premières mesures du prélude, qui tout de suite soulevèrent des rires et des moqueries. J'en fut révolté. Ces manifestations, d'abord isolées, devinent bientôt générales et, provoquant d'autre part des contre-manifestation, qui se transformèrent très vite en un vacarme épouvantable. Pendant toute la représentation je restai en coulisses à côté de Nijinsky. Celui-ci était debout sur une chaise, criant éperdument aux danseurs:" seize, dix-sept, dix-huit..." (ils avaient leur compte à eux pour battre la mesure). Naturellement les pauvres danseurs n'entendaient rien à cause du tumulte dans la salle et leur propres trépignement. Je devais tenir Nijinsky par son vêtement, car il rageait prêt à tout moment à bondir sur la scène pour faire un esclandre. Diaghilev, dans l'intention de faire cesser ce tapage, donnait aux électriciens l'ordre tantôt d'allumer, tantôt d'éteindre la lumière dans la salle. C'est tout ce que j'ai retenu de cette première. Chose bizarre, à la répétition générale à laquelle assistaient, comme toujours, de nombreux artistes, peintres, musiciens, homme de lettres et les représentants les plus cultivés de la société, tout se passa dans le calme et j'était à dix lieues de prévoir que le spectacle pût provoquer un tel déchaînement.» Igor Stravinski Chroniques (1882-1971).

La sonate pour deux pianos et percussion est la plus célèbres des sonates composées par Bela Bartók (1881-1945). elle a été composée durant les mois de juillet et août 1937 à Budapest suite à une commande de la «Société Internationale pour la nouvelle musique» de Bâle pour son dixième anniversaire.
Les instruments de percussion requis sont: timbales, grosse caisse et caisse claire; cymbales (dont deux suspendus), tam-tam, triangle et un xylophone.
Cette oeuvre reflète la recherche de Bartók d'un compromis entre le système tonal et une harmonie personnelle, tout à fait riche basée en théorie sur un «système d'axes» qui consiste à établir des degrés équivalents aux "vieux" toniques, sous-dominante et dominante du système tonal.

Le duo d'Accord est formé par: Lucia Huang et Sebastian Euler, pianos.
Le duo de percussion Eardrum est formé par: Johannes Fischer et Domenico Melchiorre.

Genuin 11195.

Philippe Adelfang.

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